Super Noah à la rescousse ! |PV Isabella|

Un appel, puis l’alarme qui retentit dans toute la caserne. Noah s’empressa de laisser tomber son entraînement pour filer se changer et passer sa tenue de feu. On venait de les contacter pour une fumée noire épaisse s’échappant d’un logement au rez-de-chaussée d’un immeuble. L’homme, un voisin, ne savait pas vraiment si l’occupante des lieux était sur place ou non, alors il fallait faire vite ! L’Américain, fin prêt, sauta avec ses collègues dans le camion rouge caractéristique, puis ils filèrent en direction du quartier Pietra. La sirène résonnant dans les rues pour que les voitures s’écartent, les pompiers arrivèrent rapidement sur place, découvrant effectivement une épaisse fumée noire s’échappant d’une fenêtre au rez-de-chaussée. Pendant qu’un de ses collègues récoltait des témoignages et essayait de rassurer les voisins qui s’étaient réunis devant la bâtisse, Noah et d’autres s’approchèrent de la porte du logement concerné. Casque vissé sur la tête, Noah commença à frapper assez lourdement sur la porte d’entrée, ne sachant toujours pas si l’occupante était à l’intérieur.

« Mademoiselle Cavalletti ? Vous m’entendez ? C’est les pompiers, vos voisins nous ont appelés ! Vous êtes là ? »

Pas de réponse malgré un Noah qui tambourinait toujours à la porte, alors l’Américain se recula, avança son épaule, inspira profondément et… fit bélier avec son corps pour ouvrir la porte du logement qui était visiblement fermée à clé. Il lui fallut plusieurs tentatives pour qu’enfin le panneau cède et le laisse entrer en titubant à cause de son élan. Il se rattrapa bien vite et repéra rapidement la source de la fumée : apparemment, la locataire avait laissé quelque chose brûler sur ses plaques de cuisson, le tout formant cette épaisse fumée noire qui s’échappait par la fenêtre entrouverte non loin. Les collègues de Noah se chargèrent de cette partie de l’intervention, pendant que le regard azur de Noah scrutait chaque recoin de l’appartement. Il n’y avait plus vraiment d’urgence, les quelques flammes qui léchaient les murs de l’appartement serait vite contenues et étouffées et il n’y aurait sans doute pas énormément de dégâts. Mais il fallait quand même s’assurer que l’appartement était vide et… La réponse était non !

Noah remarqua bien vite une jeune femme, allongée sur son lit toute habillée, et qui semblait tout doucement émerger, sans doute réveillée par le boucan qu’ils avaient fait en pénétrant dans l’appartement. Il constata également que, près d'elle, se trouvait un chien qui semblait évanoui, sans doute à cause de la fumée qui avait pas mal envahi les lieux. Et puisque le danger était écarté, Noah s’empressa de retirer son casque pour que ce soit moins effrayant pour la jeune femme. Chose faite, il leva ses mains et s’approcha un peu, essayant de rester le plus calme possible pour ne pas risquer de la faire paniquer.

« Vous êtes Mademoiselle Cavalletti ? Noah Evans, je suis pompier. Un de vos voisins nous a appelé à cause d’une épaisse fumée noire qui s’échappait de votre appartement. Ne vous inquiétez pas, tout est sous contrôle, vous ne risquez rien. »

Noah afficha un petit sourire rassurant, laissant toutefois une oreille traîner en arrière pour écouter l’avancée de ses collègues.

« Vous avez visiblement laissé quelque chose brûler sur vos plaques et des flammes ont commencé à s’attaquer aux murs et à ce qu’il y avait à proximité. Ce n’est plus dangereux maintenant, mais si vous voulez bien me suivre, nous seront mieux à l’extérieur, surtout que la fumée s’est faufilée un peu partout. Est-ce que ça va ? Vous pouvez vous lever ? »

Noah se rapprocha encore un peu et remit son casque. Maintenant qu’elle avait vu son visage, il fallait qu’il reste professionnel, même si tout danger était écarté. Il tendit ensuite sa main vers la jeune femme, prête à l’aider si elle avait besoin. Il pourrait même la porter pour l’escorter à l’extérieur s’il le fallait ! Et bien évidemment, si elle tenait correctement sur ses jambes, l'Américain n'allait pas laisser ce pauvre chien évanoui sur le sol et le transporterait à l'extérieur lui aussi.

En tout cas, à bien y regarder… Ce visage ne lui semblait pas si inconnu que ça…

Depuis deux jours, Isabella ne parvenait pas à fermer l’œil. Rongée par les insomnies, elle avait passé sa journée brumeuse au café à luter pour ne pas piquer du nez au milieu de son service. De retour chez elle, elle avait emmené Talys en promenade avant de revenir se faire à manger. Une casserole de riz et une poêle de légumes sur le feu, elle se laissa choir dans son canapé en soupirant. Elle ne sentit pas ses paupières tomber lourdement et le sommeil la gagner.

Ni la fumée qui envahissait l'appartement ni les aboiements frénétiques de Talys pour l'alerter du danger ne la tirèrent des bras de Morphée. Un affreux vacarme tout près d'elle cependant la fit émerger. Elle ouvrit difficilement les yeux, se sentant nauséeuse. Un visage d'homme apparut au-dessus d'elle. Où était-elle ? Qui était cet homme ? Chez elle ? Dans son appartement ? L'inconnu ne tarda pas à se présenter. Isabella se sentait de plus en plus nauséeuse en l'écoutant. Un incendie ? « Tout son contrôle... ne pas s'inquiéter... » Aussitôt saisie de panique, Isabella se redressa avec peine en position assise sur son canapé pour observer l'étendu des dégâts tout en écoutant à moitié ce que le pompier continuait de lui expliquer. Voyant la fumée noire qui s'élevait de la cuisine, elle n'entendait déjà plus ce que lui disait son sauveteur. Elle cherchait inquiète toutes ses boules de poils. Elle ignora la main qui se tendait vers elle, en grommelant :

- Oui, oui, c'est bon je peux me lever ! … Talys ?!

Elle tenta de se lever, mais chancela, la pièce tournoyant autour d'elle. Elle retomba aussitôt assise sur le canapé. Un affreux mal de crâne lui rendait difficile toute action, toute pensée constructive. Essayant de reprendre ses esprits, elle bégaya pour s'expliquer. Peu lui importait son état personnel, elle n'avait qu'une obsession qui la taraudait : ses quatre animaux, où étaient-ils ? Étaient-ils sains et saufs ?

- Je... j'ai... mon chien... mes deux chats... mon rat... il faut... il faut les sortir de là...

S'armant de toutes ses forces, elle se releva. Elle tint bon cette fois sur ses jambes, mais la pièce continuait de tourner autour d'elle, menaçant de la refaire chanceler. Elle aperçut Talys inerte au pied du canapé.

- Talys ? Talys ?! Pourquoi est-ce qu'elle ne bouge plus ?! Talys !!

Dans sa tête tourbillonnait tout ce qu'elle devait faire : se pencher pour voir comment Talys allait, courir vers la cage de Calypso pour la sortir de là, fouiller l'appartement pour trouver les chats... Mais la confusion prenait le dessus, l'empêchant d'agir. Elle retomba à genoux à côté du canapé, secouant sa chienne pour la réveiller, incapable de trouver la force pour la soulever...

Inutile de dire que Noah avait été grandement surpris d’entendre la jeune femme lui répondre en grommelant qu’elle pouvait se lever seule quand il lui avait tendu sa main afin de l’aider. L’Américain se redressa pour la laisser faire, avant de soupirer doucement en voyant qu’elle chancelait et retombait finalement sur son canapé. Ah… Sans doute une de ces personnes qui ne supportaient pas de paraître faible ou qui ne voulaient pas qu’on les aide alors qu’elles en avaient besoin… Ca lui faisait un peu penser à sa rencontre avec Amelia, quand celle-ci l’avait limite agressé pour qu’il la laisse seule alors qu’elle était visiblement très mal en point à cause de l’utilisation abusive de son pouvoir. Mais Noah n’était pas en train de faire un footing dans les bois à ce moment précis, il travaillait ! Et son travail c’était de s’assurer que tout le monde sortirait sain et sauf de cet appartement !

« Ne vous inquiétez pas ! J’ai fait le tour de votre studio, et j’ai aperçu deux chats à l’extérieur, un roux et un noir et blanc. Ce sont les vôtres ? »

Noah la laissa se redresser une nouvelle fois, se rapprochant d’elle en tendant une main pour s’assurer de la rattraper si jamais elle vacillait encore une fois. L’Américain jeta ensuite un regard à ses collègues qui maîtrisaient toujours parfaitement la situation, mais avant qu’il ait eu le temps de réagir, la jeune femme tomba à genoux à côté du canapé, secouant son chien qui semblait évanoui. Noah s’empressa de s’accroupir près d’elle et il s’assura que l’animal respirait.

« Okay, il doit simplement être évanoui à cause des vapeurs, il respire ! Je vais le porter pour le faire sortir, histoire qu’il puisse respirer de l’air bien frais et j’appellerai le vétérinaire le plus proche dès que tout le monde sera sorti, d’accord ? Grimpez sur mon dos, vous ne tenez pas sur vos jambes… Je vais vous transporter à l’extérieur avec votre chien. Je peux vous laisser attraper votre rat ? »

Parce que là, avec la jeune femme sur le dos et le chien dans les bras, Noah ne pourrait certainement pas transporter tout le monde en une seule fois. L’Américain s’éloigna donc pour aller chercher la cage et il la ramena près de la demoiselle pour la laisser prendre son petit protégé. Chose faite, il s’accroupit près d’elle pour qu’elle grimpe sur son dos, puis il glissa ses mains sous le chien pour le prendre dans ses bras.

« Tout va bien se passer, je vous le promets ! Allez grimpez ! »

Isabella, dans sa désorientation, fut grandement soulagée d’entendre que ses deux chats étaient à l’extérieur, sains et saufs. C’était déjà un problème en moins. Ne restaient que Talys et Calypso à sauver. Elle répondit d’une voix affaiblie :

- Oui, c’est bien eux !

Alors qu’elle tentait de réanimer sa chienne inconsciente, la voix rassurante du pompier la ramena doucement à la réalité. Elle intégra une à une les informations : sortir respirer l’air frais, appeler le vétérinaire, emmener Calypso… Elle soupira de soulagement et se répéta mentalement pour sortir de sa torpeur. Ok. Talys respire. Le pompier va nous aider à sortir. Tout va bien se passer. Pas de panique Isa… Tout va bien. Ça ne l’enchantait guère de ne plus tenir seule sur ses jambes, mais elle n’avait d’autre choix que d’accepter l’aide qui lui était proposée. Elle fit une croix sur son égo et répondit simplement :

- Ok.

Elle fut prise d’une quinte de toux incontrôlable. Il était effectivement temps de se dépêcher pour tout le monde d’aller respirer l’air frais. Elle s’agrippa au cou du jeune homme qui l’aida à grimper sur son dos avant de se saisir de Talys, et elle se laissa porter jusqu’à la cage de Calypso. Elle l’ouvrit tant bien que mal en équilibre instable. Elle dut farfouiller quelques secondes dans le chaos de la demeure de la rongeuse. Heureusement, elle connaissait bien son animale et ne mit pas longtemps à la trouver enterrée en boule sous son petit abri de bois. Elle attrapa délicatement sa rate qu’elle posa sur son épaule où Calypso se mit à s’agiter pour tenter de glisser sous son pull.

Perchés à trois sur le pompier qui tenait bon malgré tout ce poids sur lui, ils sortirent de la fumée de l’appartement pour aller devant l’immeuble. Il y avait là une foule de curieux attroupés près du camion de pompier, qui contemplèrent la sortie triomphale du pompier. Certains se mirent à clamer et à applaudir bruyamment. Isabella, honteuse de la situation, avait envie de leur hurler de tous décamper. Elle n’avait aucune envie d’être l’animation du quartier pour avoir fait brûler son appartement… Mais elle ne pouvait rien faire. Elle était déjà bien rassurée de savoir tous ses animaux sains et saufs, elle songerait plus tard à l’état de sa cuisine et ne pouvait pour le moment qu’ignorer de son mieux tous ces passants qu’elle maudissait intérieurement.

Talys et elle furent déposées près du camion pompier. Isabella, à bout de force, s’assit sur le bord du camion dont la porte arrière était grande ouverte. Pour la première fois, elle prit le temps de contempler le visage du pompier qui venait de la sauver. Quel ne fut pas sa stupeur… Elle connaissait ce visage. Elle fit un effort immense pour fouiller sa mémoire embrumée. Lui revint une soirée chez des amis, quelques semaines ou peut-être quelques mois auparavant où elle l’avait croisé. Elle ne parvenait plus à se souvenir de son prénom, sûrement trop déboussolée pour ça, mais elle se souvenait plutôt bien de la soirée et du petit manège qu’elle avait mené avec lui. Elle l’avait tout de suite trouvé charmant et avait beaucoup discuté avec lui ce soir-là. Ils s’étaient très bien entendus et Isabella n’avait cessé les sous-entendus et le rentre-dedans pour lui montrer qu’il lui plaisait. Elle se souvenait maintenant qu’il lui avait dit qu’il était pompier, mais elle était loin d’imaginer une seconde rencontre de la sorte. Elle aurait préféré que ce soit dans son lit… Elle avait honte d’offrir une image aussi vulnérable de sa personne devant quelqu’un qu’elle avait abordé et dragué avec toute son assurance habituelle. Elle priait fort pour qu’il ne se souvienne pas d’elle. Se gardant bien de lui rappeler qu’ils se connaissaient, elle tenta malgré sa gêne de reprendre toute sa contenance pour remercier l’homme de son plus beau sourire :

- Merci. Vraiment merci… Mes animaux, vous savez c’est tout pour moi.

Machinalement, elle passait sa main dans le pelage de Talys à ses côtés, apaisée de sentir la respiration tranquille de sa chienne. Entre son débardeur et son pull, elle sentait Calypso qui s’était lovée en boule contre son ventre. Tout le monde allait bien. Pour ne pas laisser trop de temps au pompier pour remettre son visage, elle fit diversion :

- Vous pensez que ça va aller pour ma chienne, ou vaut mieux que j’appelle le vétérinaire ?

Noah fut grandement soulagé de voir que la jeune femme ne rechignait pas à grimper sur son dos. Malgré son égo visiblement bien développé, elle avait préféré capituler et penser avant tout à sa santé et celle de ses animaux. L’Américain aurait d’ailleurs mis sa main à couper qu’elle aurait fait passer ses animaux avant elle si la situation l’avait exigé. Cette constatation le fit doucement sourire sous son casque alors qu’il se saisissait de la chienne et tâchait de rester suffisamment penché en avant pour que la jeune femme ne glisse pas. Elle n’était pas au meilleur de sa forme et devait déjà se maintenir presque par sa seule force sur le dos de Noah, vu que ses mains étaient déjà occupées, alors autant ne pas lui rajouter encore plus de difficultés en se tenant bien droit !

Quoi qu’il en soit, après quelques minutes, toute la troupe se retrouva à l’extérieur, l’Américain déposant tout ce beau monde à l’arrière du camion qui était grand ouvert. Il avait bien évidemment entendu le brouhaha s’élever à sa sortie triomphante, mais n’y avait accordé aucune attention. Le principal pour lui, à cet instant, c’était de s’assurer que la personne et les animaux qu’il avait sortis de cet appartement enfumé allaient bien. Retirant son casque pour de bon cette fois-ci, le déposant à l’arrière du camion, Noah resta devant la jeune femme pour l’observer. Elle semblait reprendre doucement son souffle et avait même réussi à lui offrir un sourire. Voilà quelque chose qui faisait plaisir à voir ! L’Américain lui en rendit un soulagé, ne pouvant s’empêcher de se dire que ce sourire ne lui était vraiment pas inconnu.

« J’ai cru comprendre que vous teniez énormément à vos boules de poils oui ! Mais n’oubliez pas aussi qu’il est important de prendre soin de vous ! Qui d’autre pourrait donner autant d’amour et d’attention à vos animaux sinon ? »

Noah lui offrit un sourire plus doux et risqua une main vers le chien après avoir retiré ses gants pour caresser doucement son pelage.

« Je ne suis malheureusement pas médecin ni vétérinaire, donc je ne voudrais pas m’avancer et vous donner de faux espoirs, mais je pense que nous sommes intervenus suffisamment vite pour que ni vous ni vos animaux n’ayez de soucis de santé ! De toute façon, par précaution, on va faire venir leur vétérinaire sur place, ainsi qu’un médecin. Comme je le disais, il est important de s’assurer que vous êtes vous aussi en pleine forme. »

L’Américain la trouvait vraiment adorable à réagir de la sorte, telle une mère protégeant ses enfants. C’était attendrissant, mais il ressentait toujours cette sensation étrange de la connaître… L’avait-il déjà vue dans un autre contexte ? Au complexe sportif ? En soirée ?

« Ah ! Je savais bien que votre visage me disait quelque chose ! Enfin, je me trompe peut-être, ça commence à dater mais… Vous n’étiez pas à une soirée organisée par Milo et Giulia ? »

Noah prit place à côté de la jeune femme sur le rebord à l’arrière du camion, fouillant dans les poches de sa combinaison de feu pour en sortir un téléphone.

« Je ne sais pas si vous avez le vôtre sur vous, mais vous pouvez prendre celui-là pour contacter votre vétérinaire habituel. Mieux vaut que ce soit lui qui vienne s’assurer que vos animaux se portent bien ! »

De son côté, Noah avait déjà contacté un médecin qui n’allait plus tarder à arriver sur les lieux. Il n’y avait plus qu’à attendre ! Mais alors qu’il ouvrait la bouche en tournant son visage vers sa voisine pour lui poser davantage de questions, quelques voix s’élevèrent près d’eux, faisant se froncer aussitôt les sourcils du pompier. L’air sérieux et presque froid, expression qu’on ne lui connaissait que peu quand on le côtoyait, Noah se leva et toisa de toute sa hauteur les petits curieux qui s’étaient approchés.

« Y’a rien à voir, circulez. »

Son ton avait été incisif et les curieux ne demandèrent pas leurs restes, s’éloignant en marmonnant et en jetant des regards indignés au pompier. Noah soupira doucement et revint s’assoir près de la jeune femme.

« Ces curieux irrespectueux me surprendront toujours… Désolé pour ça… Alors, vous avez pu joindre le vétérinaire ? En tout cas, s’il ne peut pas se déplacer, je peux toujours vous y déposer ! »

Isabella contemplait ravie le sourire du charmant pompier, digne de fantasmes inavoués. Finalement, cette situation embarrassante ne manquait pas totalement d'attrait. Elle eut la sensation qu'il lui faisait la morale en lui disant qu'elle devait aussi penser à elle pour s'occuper de ses animaux. Elle n'aimait pas trop qu'on lui dise ce qu'elle devait faire, surtout quand il s'agissait de ses animaux. Elle afficha une petite mine boudeuse, mais ne répondit pas, car effectivement, elle imaginait mal tous les animaux qu'elle avait recueillis entre les mains de quelqu'un d'autre. Elle fut attendrie en voyant le jeune homme passer sa main sur le pelage de Talys et son visage s'adoucit. Il avait probablement raison. Quand bien même Isabella ne roulait pas sur l'or, il n'était pas question de prendre de risque. Appeler le vétérinaire était ce qu'il y avait de mieux à faire. L'arrivée du médecin pour elle-même l'enchantait moins, mais de toute évidence, elle n'avait pas vraiment le choix.

Et puis ce qui devait arriver arriva. Le pompier reconnut le visage de l'italienne. Embarrassée, elle chercha un instant dans son esprit une porte de sortie, mais elle aurait passé pour une bien piètre personne si elle disait ne pas se souvenir de lui alors qu'ils avaient tous deux bien discuté. Elle préféra donc opter pour la vérité.

- Oh mais oui ! Bien sûr ! Désolée, avec tout ça je t'avais pas reconnu ! C'est ça, on s'est vus chez Giulia et Milo ! Heu... Avec toutes ces émotions, je me souviens plus ton prénom, j'ai honte... J'aurais préféré qu'on se revoit dans d'autres circonstances... Au moins je t'aurais vu en action, haha. Visiblement ceux-là ont adoré.

Elle fit un geste en direction de la foule qui l'avait acclamé. Elle adora la suite des événements et se délecta de voir le jeune homme prendre un air froid pour faire gentiment décamper les curieux. Ils ne demandèrent pas leur reste et prirent leurs jambes à leur cou. Le pompier était tout aussi séduisant quand il demandait aux passants de circuler que quand il affichait son sourire ravageur. Elle en oublia presque qu'il lui avait laissé son téléphone pour contacter le vétérinaire. Elle se pencha vers Talys à ses pieds et en passant sa main dans son pelage, elle entendit un petit couinement. Le genre de son que la chienne lâchait de satisfaction quand on la papouillait.

- Oh ! Talys ? Talys ! T'es réveillée ma belle ?

La chienne entrouvrit un œil qu'elle referma aussitôt avant de se rouler sur le dos, en levant la patte pour quémander plus de câlins. Folle de joie, Isabella se jeta sur elle pour la câliner amoureusement. Le pompier revint à ce moment-là. La jeune femme, leva son visage illuminé vers lui :

- J'ai pas eu le temps d'appeler le véto, non ! Regarde, on dirait que ma Talys est en pleine forme, haha ! Merci pour le téléphone, je pense que ça va pas être nécessaire du coup.

Elle rendit le téléphone à son propriétaire. Elle riait en voyant l'animal les quatre fers en l'air savourer les caresses. Elle ne cesserait jamais de s'attendrir devant ses boules de poils.

- Au fait, merci d'avoir fait partir les curieux... On respire mieux maintenant ! Ça te va bien aussi le rôle du pompier ténébreux qui fait fuir la foule, haha.

Elle lui fit un petit clin d’œil enjôleur. Malgré un léger mal de tête qui persistait, elle se sentait remise d’aplomb et retombait dans ses vieilles habitudes charmeuses.

Noah ne put s’empêcher de lâcher un soupir de soulagement quand la jeune femme lui confirma qu’ils s’étaient effectivement déjà vus à cette soirée organisée par des connaissances en commun. Ouf ! Il aurait eu l’air fin s’il s’était trompé !

« J’suis soulagé de voir que je me suis pas planté ! Je serais vraiment passé pour le pire des gros lourds qui essaie de draguer la pauvre demoiselle en détresse qu’il vient de sauver sinon ! Hum… Isabella, c’est ça ? Désolé, c’est un peu flou pour moi aussi tout ça et c’est clair que j’aurais préféré qu’on se retrouve dans des circonstances beaucoup plus agréables… Surtout que si c’était simplement pour me voir en action, j’aurais pu te faire une démo en privé sans qu’un vrai feu ne se déclenche chez toi ! Mais bon, l’univers en a visiblement décidé autrement. Noah Evans ! »

L’Américain lui offrit son plus beau sourire et lui tendit la main avec un air amusé. C’était amusant de se présenter une nouvelle fois alors qu’ils avaient passé beaucoup de temps à discuter et à flirter lors de cette fameuse soirée ! D’un côté, c’était quand même un peu vexant de savoir que, malgré tout ça, Isabella ne se souvenait pas de son prénom ! Mais Noah préféra ne pas s’en formaliser et tourner même les talons pour chasser froidement les petits curieux qui avaient essayé de s’approcher. Il avait horreur de ça… Se délecter du malheur des gens pour satisfaire sa curiosité… On aurait vraiment dit des vautours assoiffés de potins ! Ce fut donc non sans un léger agacement se lisant sur son visage qu’il revint auprès d’Isabella en soupirant doucement et se frottant la nuque. Mais son expression changea du tout au tout quand il vit la scène se déroulant sous ses yeux. Un grand sourire soulagé et sincère étira ses lèvres, avant qu’il ne pouffe en voyant comment l’animal gigotait sur le dos pour réclamer encore plus de câlins.

« Super, c’est une excellente nouvelle ! Et pour le rat que tu as sorti de sa cage, tout va bien pour lui aussi ? En tout cas, ça fait plaisir de vous voir toutes les deux en aussi bonne forme malgré ce qu’il s’est passé ! »

Noah aurait quand même bien appelé le vétérinaire, mais puisque la propriétaire semblait ne pas vouloir passer par cette étape, il n’insista pas. Il récupéra donc son téléphone et le fourra dans la poche de sa tenue de feu, avant d’afficher un air légèrement surpris et presque un peu gêné aux mots d’Isabella.

« Bah… Pas la peine de me remercier, j’ai horreur de tous ces vautours qui accourent dès qu’ils entendent les sirènes du camion… Et… Ténébreux, vraiment ? »

Noah se mit à rire franchement, ne se voyant pas du tout dans un tel rôle. Il était beaucoup trop solaire pour qu’on puisse le qualifier de ténébreux, comme pouvaient l’être son père ou son frère aîné, mais il était vrai que dès qu’on le titillait un peu, lui aussi pouvait se révéler effrayant.

« Eh bien si ça fait son petit effet, je prends note de jouer plus souvent les pompiers ténébreux ! Même si je pense que jouer cette carte ne serait pas toujours très utile puisque, le plus souvent, je me retrouve quand même face à des petites vieilles qui adorent me tirer les joues ou qui essaient sans aucune délicatesse de me faire du rentre-dedans ! Je peux la caresser ? »

Ça ne posait pas de soucis quand elle était encore évanouie, mais Noah ne voulait pas risquer de faire paniquer la pauvre bête en s’approchant si jamais elle était du genre craintive.

« Est-ce que ça va aller sinon ? J’veux dire, j’pense qu’il y aura aucun souci pour que tu rentres chez toi une fois que mes collègues auront terminé mais… J’me disais que t’aurais peut-être pas trop envie de rester seule après ce qu’il s’est passé. Ça te dirait que je vienne te tenir compagnie ? Je pourrais prétexter que c’est pour raison professionnelle, tu sais, pour faire le suivi de notre intervention, mais ça serait une excuse bidon. On avait passé un chouette moment ensemble pendant la soirée de Giulia et Milo donc j’pourrais ramener de quoi boire et manger pour te changer un peu les idées ? Sauf si tu préfères te reposer bien évidemment. Dans ce cas, et si tu veux éviter qu’on se recroise dans des circonstances similaires, j’peux te laisser mon numéro. »

Noah se souvenait que le feeling était vraiment bien passé entre eux et que la soirée s’était même terminée un peu trop rapidement à son goût. Il aurait bien voulu continuer à échanger avec Isabella ce soir-là, et comme ils venaient de se retrouver, même si le contexte n’était pas le meilleur, c’était l’occasion idéale de lui proposer de reprendre là où ils s’étaient arrêtés !

Noah... Oui, bien sûr, le charmant pompier. Cette fois-ci, Isabella grava bien le nom dans son esprit. Elle n'était plus prête de l'oublier. Les paroles du jeune homme la firent d'abord sourire, puis elle se mit à rire plus franchement :

- J'aurais adoré la démo privé, haha !

Le petit jeu de séduction venait de reprendre comme s'ils s'étaient quittés la veille. L'italienne se délectait de voir que même en situation de travail, Noah conservait son humour et son rentre-dedans. Elle lui rendit son charmant sourire et lui serra la main pour cette deuxième présentation.

Lorsqu'il revint vers elle après avoir fait fuir la foule, il avait l'air ravi de voir Talys réveillée. Il prit également des nouvelles de sa rate, ce qu'elle trouva tout à fait attendrissant.

- Calypso est planquée sous mon pull, ça a l'air de bien aller pour elle ! Toute façon, vu comme elle s'était enterrée dans sa cage, elle a pas dû respirer beaucoup de fumée, haha.

Elle désigna la petite bosse sous son pull contre son ventre pour indiquer à Noah où se nichait l'animal. Elle fut amusée de le voir tout embarrassé face à sa remarque qu'elle confirma en riant :

- Oui, oui, ténébreux ! Je viens de te découvrir un deuxième visage que je te connaissais pas !

Elle rit encore en imaginant les petites vieilles tirer sur les joues du pompier. C'est vrai que ce métier n'était pas toujours aussi épique qu'on pouvait l'imaginer et que souvent ça se résumait à récupérer le chat de la petite vieille coincé dans un arbre.

- Quel séducteur ! Mêmes les petites vieilles tombent sous le charme ! T'en as de la chance, haha ! Ah oui, tu peux essayer de la caresser. Elle est un peu trouillarde, mais j'suis sûre qu'elle va bien t'aimer. Laisse-lui peut-être le temps de te renifler la main avant de la toucher, histoire qu'elle sache à qui elle a à faire. Mais là, dans cet état, elle est plutôt en confiance, ça devrait passer crème !

Talys pouvait se montrait craintive face aux inconnus, mais quand elle était déjà les quatre fers en l'air, avec Isabella à ses côtés, elle acceptait généralement sans mal toutes les mains supplémentaires pour la papouiller.

L'ambulance arriva et deux secouristes vinrent à la rencontre d'Isabella pour l'examiner. À plaisanter avec Noah, elle avait presque oublié ce détail dont elle se serait volontiers passé. Par chance, Talys trop occupée à se faire câliner par Noah et sa maîtresse, ne fit même pas attention aux nouveaux arrivants. Un des médecins posa quelques questions à Isabella pour savoir comment elle se sentait, il prit son pouls et lui mit sa lampe en plein dans les rétines, avant de lui dire que tout allait pour le mieux. Elle n'avait pas inhalé suffisamment de gaz toxique pour que ce soit nocif pour elle. Elle s'en sortait juste avec un léger mal de tête qui durerait peut-être jusqu'au lendemain. Il l'avertit tout de même que si elle avait des symptômes inhabituels, elle devrait tout de suite consulter un médecin pour s'assurer que tout allait bien. La jeune femme se réjouit secrètement pour sa chienne : si tout allait bien pour elle, elle était sûre que tout irait bien pour Talys qui avait passé autant de temps qu'elle dans l'appartement. Elle savait que sa chienne était plutôt résistante et elle faisait confiance à son instinct qui lui disait que Talys était en parfaite santé.

Pendant qu'elle se faisait examiner, Isabella observait les collègues de Noah qui étaient allés dans son appartement pour éteindre l'incendie dans sa cuisine. Lorsque les médecins prirent congé, l'incendie était éteint, tout le monde sain et sauf, les passants dissipés. Elle se retrouvait à nouveau en tête à tête avec Noah, enfin presque, puisque ses collègues l'attendaient encore pour repartir. Dans le fond, elle était un peu déçue à l'idée qu'il allait repartir alors qu'ils venaient à peine de se retrouver. Mais elle était loin de se douter de la suite. Son sourire s'élargit à mesure qu'elle écoutait les mots du pompier. Bien évidemment, elle n'aurait pas de soucis à rentrer seule chez elle, mais la proposition était bien trop alléchante pour la décliner. Elle aurait probablement bien fait de reprendre la nuit qu'elle venait tout juste d'entamer, mais après les événements, elle se voyait mal retourner tranquillement au sommeil. Finalement, c'est comme si elle venait de faire une petite sieste pour retrouver des forces avant l'arrivée inattendue d'un invité de marque chez elle. Noah lui proposait même de venir avec à boire et à manger. De coutume, Isabella aurait immédiatement protesté en disant qu'elle l'invitait, mais à vrai dire... Elle ne savait pas jusqu'où s'était répandu l'incendie dans sa cuisine. Une chose était sûre : le repas qu'elle venait de préparer était foutu. Elle espérait de toutes ses forces pour que son frigo au moins soit intact. Elle fut ravie d'entendre Noah dire qu'il avait passé une soirée tout aussi agréable qu'elle chez leurs amis communs.

- Avec plaisir, mais j'te préviens, c'est un peu le bordel dans ma cuisine... ! Tes collègues vont te charrier nan si tu t'invites après un incendie chez la propriétaire de l'appart ? Tu veux peut-être repartir avec eux et me rejoindre après ? Je t'attends sagement, sans me rendormir promis. J'tinviterais bien à manger, mais je crois que mon repas est légèrement carbonisé, haha... Du coup, je t'avoue que si tu as quelque chose à se mettre sous la dent, et même à boire, je suis preneuse ! Ou si tu veux, je peux commander un truc en t'attendant ? C'est comme tu le sens. En tout cas, tu es le bienvenu !

Noah regarda la petite bosse sous le pull d’Isabella d’un œil curieux, avant de pouffer doucement en imaginant l’animal lové contre sa propriétaire.

« Tant mieux ! En tout cas, elle a trouvé la bonne planque, elle a bien de la chance ! »

L’Américain fronça le nez malicieusement, feintant une certaine jalousie à l’égard de la rate qui avait la chance de pouvoir profiter d’autant de proximité avec la jeune femme.

L’air taquin de Noah quitta toutefois son visage l’espace de quelques instants pour être remplacé par de la gêne aux mots d’Isabella. Lui ? Ténébreux ? C’était nouveau ça… On attribuait plutôt ce qualificatif à son père et son frère aîné, mais peut-être qu’il avait quand même réussi à hériter de ce trait lui aussi ! Il n’enchérit toutefois pas, se mettant à rire aux mots de la jeune femme concernant son potentiel de séduction.

« Ouais, je crois que personne ne peut me résister, surtout pas les petites vieilles ! Mais je suis pas sûr de vouloir trop me vanter de ça… En tout cas, on va voir si mon sex appeal a des limites ! Vais-je réussir à charmer la jolie Talys ? »

Noah afficha un sourire amusé et suivit les conseils d’Isabella en tendant doucement sa main vers la truffe de l’animal pour qu’elle puisse d’abord renifler son odeur. Puis, une fois assuré qu’elle ne risquait pas de soudainement le mordre parce qu’il l’aurait effrayée, il profita de sa position pour lui donner une tonne de papouilles.

« Le test est plutôt concluant, on dirait qu’elle m’aime bien ! Comme quoi, je peux visiblement séduire aussi bien les humains que les animaux ! C’est bon à savoir ! »

L’Américain pouffa et s’apprêta à poser d’autres questions à la jeune femme, mais ils furent interrompus par des secouristes qui venaient s’assurer qu’Isabella allait bien. Il continua à papouiller la chienne tout du long, ne pouvant réprimer un petit soupir de soulagement quand il entendit le médecin déclarer que tout allait bien. Ouf ! Ils étaient vraiment arrivés à temps, c’était une sacrée bonne nouvelle d’apprendre que Noah avait réussi, cette fois encore, à venir en aide à quelqu’un !

Et puisque tout était réglé, il était maintenant temps pour Noah de retourner à la caserne. C’était dommage… Il venait tout juste de retrouver la jeune femme et il aurait bien voulu continuer à discuter avec elle, histoire de poursuivre la soirée de leur rencontre ! Malheureusement, le devoir l’appelait… Noah proposa alors soudainement à Isabella de passer à la fin de son service, avec de quoi boire et manger, afin qu’il puisse lui changer un peu les idées et ne pas la laisser seule dans son appartement. Après tout, elle aurait très bien pu avoir un petit choc psychologique après ce qu’il venait de se passer !

À la réponse de la jeune femme, Noah se mit à rire.

« T’inquiètes pas pour la cuisine, j’vais pas faire l’invité désagréable qui grogne parce que c’est un peu le bordel ! Surtout que j’me suis un peu incrusté et que bon… Habituellement, quand j’vais chez des gens, ils n’ont pas dû faire face à un incendie seulement quelques heures plus tôt ! J’serai pas regardant sur ça ! »

Noah jeta ensuite un coup d’œil à ses collègues montés dans le camion, qui semblaient visiblement l’attendre avec un sourire amusé.

« Bouaf… J’pense qu’ils m’ont déjà grillé de toute façon, j’vais avoir le droit de me faire chambrer sur tout le trajet du retour… Mais c’est pas grave, ils peuvent penser ce qu’ils veulent, ça m’empêchera pas de venir te tenir compagnie ! Donc bah, si ça te va, j’vais repartir pour finir ma journée de travail et dès que je sors, je passe rapidos au supermarché du coin avant de te rejoindre ! Y’a un truc en particulier qui te ferait plaisir pour notre petite soirée improvisée ? »

Noah ne put poursuivre, coupé dans son élan par un de ses collègues qui lui demandait d’arrêter de draguer et de les rejoindre. L’Américain grogna et s’éloigna d’Isabella un instant pour ouvrir la porte du camion, fouiller à l’intérieur et revenir vers elle avec un bout de papier.

« Tiens, j’te laisse quand même mon numéro. Les autres ont l’air de s’impatienter, j’vais pas les faire attendre davantage. J’te laisse me dire si t’as des préférences pour la nourriture et la boisson par texto et j’m’occupe de tout amener ! Profites-en pour te reposer un peu, histoire d’être en pleine forme pour quand je reviendrai. »

Noah lui lança un sourire malicieux et papouilla une dernière fois Talys avant de grimper dans le camion. Quand il démarra, l’Américain passa sa tête par la fenêtre et fit un petit signe de la main à Isabella.

« À tout à l’heure ! »

Le véhicule s’éloigna alors en direction de la caserne, les collègues de Noah ne perdant pas une seconde de plus pour le taquiner à propos de cette charmante jeune femme qu’il avait sauvée. Allez, il n’y avait plus que quelques heures à patienter et ils pourraient enfin reprendre là où ils s’étaient arrêtés lors de cette fameuse soirée !

Isabella fut ravie de voir que le courant passait bien entre Noah et Talys qui se laissa câliner allègrement pendant que sa maîtresse se faisait examiner. Elle fut amusée à la réflexion du pompier qui disait pouvoir séduire aussi bien les animaux que les humains… Ça passait avec tout le monde de toute évidence et Talys partageait les goûts d’Isabella.

Une fois tout terminé, Noah s’étant proposé de tenir compagnie à la jeune femme, elle plaisanta au sujet de l’état de sa cuisine. Il lui affirma qu’il ne serait pas regardant là-dessus, d’autant qu’il s’était légèrement incrusté. Isabella eut un petit sourire en coin. Peut-être bien que s’il ne lui avait pas proposé, c’est elle qui l’aurait invité… Mais il avait été plus rapide. Elle était bien contente dans tous les cas. L’américain poursuivit en disant qu’il se ferait probablement chambrer par ses collègues durant le trajet du retour. Isabella se dit que ce devait être quotidien dans un milieu masculin comme celui-ci. Ils n’eurent pas le temps d’échanger plus longtemps car Noah était attendu. Isabella eut juste le temps de lui répondre :

- Merci pour le numéro. Pour le repas, peu importe, je suis pas difficile… Faut juste que tu saches que je suis végétarienne ! Et pour la boisson… Du moment que c’est alcoolisé, ça me va, haha ! … À toute à l’heure ! Je t’attends !

Elle lui rendit son plus beau sourire avant de le regarder s’éloigner et le camion repartir. Talys sur ses talons, elle retourna à son appartement, appréhendant l’état dans lequel elle allait le retrouver. La porte-fenêtre de la terrasse avait été laissée intelligemment grande ouverte par les pompiers pour aérer. Il y avait encore une désagréable odeur de brûlé qui flottait dans l’air mais par chance la fumée s’était presque entièrement dissipée. La jeune femme contempla sa cuisine. La casserole entièrement brûlée et bonne pour la poubelle avait été déplacée dans l’évier. Le mur derrière la gazinière était couvert de traces noires là qui seraient probablement difficiles à faire partir. Isabella soupira de soulagement… Les dégâts étaient vraiment moindres. Il n’y aurait qu’à repasser un coup de peinture sur le pan de mur brûlé et racheter une casserole. Elle s’en tirait sacrément bien. Heureusement que Noah était arrivé à temps. En parlant de Noah… Isabella n’avait pas de temps à perdre, car il pouvait débarquer d’une minute à l’autre.

Elle reposa Calypso dans sa cage, jeta sans vergogne la casserole puis fouilla dans son studio à la recherche d’un bâton d’encens qu’elle alluma pour couvrir l’odeur de l’incendie. Elle goba un doliprane pour faire passer le léger mal de crâne qui durait toujours avant de se rendre à la salle de bain pour contempler son reflet dans la glace et se refaire une beauté. Elle commença par se doucher en vitesse. Elle enfila un débardeur noir, un pullover gris clair qui découvrait ses épaules et s’arrêtait juste au-dessus d’une jupe marron avec une ligne de boutons sur l’avant et qui lui montait un peu au-dessus des genoux. Petite touche finale : elle enfila des bas noirs dont le dessus en dentelle fine n’était visible qu’en cherchant à voir sous sa jupe. Elle mit ses lentilles, retraça un trait d’eyeliner noir sous ses yeux puis décrocha sa coiffure qui ne ressemblait plus à grand-chose, se recoiffa et laissa sa tignasse au naturel. Elle accrocha ses boucles d'oreilles tombantes à perles et plumes bleues. Dernier regard satisfait dans le miroir et elle se hâta de mettre un peu d’ordre dans la maison. Elle eut à peine le temps de finir que la sonnette l’alerta de l’arrivée de son invité. Elle s’empressa d’actionner le bouton qui ouvrait la porte du hall en lui disant qu’il pouvait entrait et ouvrit la porte avec un sourire jusqu’aux oreilles :

- Tu as fait vite ! Entre, fais comme chez toi.

Elle lui indiqua le canapé et referma la porte derrière eux.

- J’ai laissé la fenêtre ouverte pour aérer, mais j’ai l’impression que l’odeur de cramé est quasiment partie… Dis-moi si tu as froid, je referme ! Ça a été le retour avec tes collègues ?

Noah avait été assez impatient une fois de retour à la caserne. Après s’être fait chambrer de longues minutes par ses collègues, il quitta les lieux à toute vitesse à la fin de sa journée de travail pour filer en direction de la supérette la plus proche. Végétarien… Mince, c’était dommage ! Lui était un sacré carnivore ! Mais il était prêt à faire des efforts, surtout que, mine de rien, les plats végétariens étaient aussi bons que ceux qu’il avait l’habitude de manger ! L’Américain ressortit donc de la supérette avec un gros sac de courses tellement rempli qu’il était prêt à craquer, puis il attrapa son vélo pour le poser sur le guidon et retourner à pied jusque chez lui. Noah avait beau être casse-cou, il n’avait pas envie de risquer de rouler avec toutes ses courses, parce qu’il avait beaucoup trop peur que le sac ne finisse par lâcher avant qu’il n’arrive à destination. Ça serait quand même terrible s’il venait à casser toutes les bouteilles qu’il avait achetées pour sa soirée avec Isabella !

Quoi qu’il en soit, après sa marche rapide, Noah arriva chez lui et fila se doucher pour se préparer. Enfilant un jean et un t-shirt blanc avec un col en V, il attrapa ensuite un sac à dos où il fourra toute la nourriture et les boissons qu’il avait prévues, prenant un sac supplémentaire pour y glisser un petit cadeau et d’autres trucs à grignoter. Passant sa main dans ses cheveux encore humides, Noah soupira en se regardant dans le miroir, puis il décida de les laisser comme ça. Fin prêt, il enfila une veste pour affronter le frais de la nuit qui commençait à tomber, puis il enfourcha à nouveau son vélo pour filer en direction de l’appartement d’Isabella.

Installant l’antivol sur son bolide, Noah s’empressa de sonner, puis d’entrer dans le bâtiment. Ce fut finalement avec un grand sourire aux lèvres qu’il regarda la porte de l’appartement s’ouvrir sur la jeune femme qui était vraiment ravissante.

« Évidemment ! J’avais hâte de passer cette soirée avec toi ! Et t’inquiètes pas pour la fenêtre, je pense que j’arriverais bien à me réchauffer si vraiment j’ai trop froid. »

Noah lui lança un sourire taquin, tendant ensuite une main vers Talys pour qu’elle la renifle en espérant qu’elle se souvienne de lui.

« Ah bah… Je vois que t’as eu la même idée que moi… Je savais pas si t’en avais, alors je t’avais ramené de l’encens ! J’te le laisse du coup, j’en aurai pas besoin. Et le retour… Disons qu’ils en ont bien profité pour me chambrer sur tout le trajet et une fois à la caserne. Bah ouais, ça aurait été dommage que tous les autres collègues ne soient pas au courant que j’avais un ticket avec une fille que j’avais sauvée lors d’un début d’incendie… »

Noah roula des yeux et soupira d’un air faussement dépité, avant de pouffer.

« Enfin bon, ça les aura occupés de parler de ça ! Ça va durer une petite semaine et ils passeront à autre chose ! Ah et du coup, comme je savais pas trop ce que t’aimais… J’ai pris peut-être un peu trop de trucs… »

L’Américain fit glisser son sac à dos et prit place sur le canapé, comme Isabella l’avait invité à le faire. Il sortit ensuite tous ses achats, avec une tonne de nourriture végétarienne et un bon choix de boissons alcoolisées allant de petites bières à des trucs un peu plus forts.

« Rassure-moi… T’aimes au moins un des trucs que j’ai ramenés, hein ? Sinon tu me dis, je repars vite fait pour trouver une supérette encore ouverte et prendre autre chose ! Ah ! Et j’ai aussi un petit cadeau pour toi ! »

Noah afficha un grand sourire et se leva avec son paquet pour le tendre à Isabella. Ce n’était pas grand-chose, mais il avait tenu à lui offrir une nouvelle casserole pour remplacer celle qui avait été à l’origine de ce début d’incendie.

Isabella fut charmée d’entendre son invité lui dire qu’il avait hâte de passer la soirée avec elle. Il tendit sa main à Talys qui le renifla avant de revenir vers sa maîtresse, signe qu’elle acceptait la présence de l’hôte sans crainte. Il arrivait un sac à la main et un autre sur le dos visiblement pleins à craquer. Il n’avait pas fait dans la demi-mesure. Soit c’était un mangeur extrêmement vorace, soit il avait prévu de finir totalement ivre avec Isabella, ou les deux. De toute évidence, il se montrait très prévoyant, car il avait aussi pensé à prendre de l’encens qu’il lui offrit.

- Oh merci beaucoup ! Prévoyant, dit donc ! Et qu’est-ce que t’as dans tes sacs ? T’as amené à manger pour un régiment ?

Elle écouta en riant le récit du retour de Noah à la caserne avec ses collègues qui sans surprise n’avaient pas manqué de le chambrer. L’américain déballa ensuite le contenu de ses sacs sur la table basse. Elle contempla avec les yeux écarquillés tout ce qu’il sortit. Il avait effectivement pris de quoi manger et boire pour un régiment, mais apparemment plus pour être sûr qu’Isabella y trouve son compte.

- Wah, t’aurais pas dû prendre tout ça ! On va s’exploser la pense avec tout ça, merci beaucoup ! Je mets les bières au frais, je t’en laisse une dehors ou tu préfères boire autre chose ?

Tout en parlant, elle avait posé sa main sur les bouteilles pour voir si elles étaient suffisamment fraîches pour être consommées immédiatement, ce qui était le cas. Le jeune homme s’inquiéta de savoir si elle aimait ce qu’il avait apporté. Comme elle lui avait annoncé précédemment, outre le fait qu’elle était végétarienne, elle n’était pas difficile. C’était aussi une petite mangeuse, excepté après une séance de sport, mais elle se garda de lui donner cette précision, pour qu’il ne s’en veuille pas d’avoir tant apporté. Elle jeta un regard dédaignai en direction des mets exposés sur la table.

- Heu… Ben… Je t’avoue que y a pas grand-chose qui me fait envie dans tout ce que t’as pris...

Se retenant de rire avec son calme d’actrice, elle attendit amusée la réaction de Noah qui risquait de se fondre en excuse, prêt à retourner à la supérette. Elle finit par pouffer de rire :

- J’me moque de toi ! Tu vas quand même pas retourner au magasin, t’es fou ! Tout a l’air délicieux, je suis sûre que je vais me régaler, merci beaucoup !

Noah ne s’était pas arrêté là, car il lui avait également un cadeau de la plus grande utilité, une casserole pour remplacer celle qu’elle venait de perdre. Décidément, il avait le cœur sur la main et était aux petits soins avec l’italienne.

- Oh mais non, fallait pas, vraiment ! Merci… T’exagères quand même !

Gênée par l’attention, elle prit la casserole qui était parfaite pour remplacer l’ancienne. Elle attrapa également les boissons à mettre au frais sur la table avant se rendre au coin cuisine pour ranger son cadeau et mettre les boissons au frigidaire.

- J’attaquerais bien une bouteille de vin pour accompagner le repas, qu’est-ce que t’en dis ?

Elle saisit deux verres dans un placard et vint prendre place aux côtés de Noah sur le canapé, sa jambe effleurant celle du pompier. La soirée s’annonçait délicieuse en tout point. Elle afficha un sourire malicieux.

- Ça me fait vraiment plaisir de t'avoir à la maison. T'avais rien de prévu au moins ? Et tu travailles demain ? Moi j'ai d'la chance, je fais le service du soir, donc je commence seulement à 14h... Ce qui veut dire que j'ai toute la nuit devant moi ! Surtout que j'ai fait une belle sieste avant que tu viennes me réveiller... J'me serais peut-être jamais réveillée d'ailleurs si t'étais pas arrivé pour me sortir de là. Ça nous fait quelque chose à fêter !

Noah pouffa à la remarque d’Isabella, avant d’afficher une petite moue adorable.

« Bah… J’me suis quand même invité, j’aurais eu l’air fin si j’avais pas ramené un seul truc que t’aimais ! Et puis, ne t’inquiètes pas pour ça, tu n’as pas vraiment pu me voir à l’œuvre lors de la dernière soirée, mais j’ai très bon appétit ! Et puis, au pire, si on ne finit pas tout ce soir, tu pourras garder tout le reste ! J’ai pas franchement envie de refaire le chemin inverse jusque chez moi avec de la nourriture sur mon vélo ! Enfin… Je pourrai toujours ramener ce qui te fait pas envie évidemment, j’aime pas trop le gaspillage. »

L’Américain lui offrit un grand sourire. Isabella ne le savait pas, mais ils étaient tous de gros mangeurs dans sa famille, hormis sa mère qui avait toujours eu un appétit d’oiseau. Ils avaient beau être 6, la maîtresse de maison prévoyait toujours pour 10 personnes histoire que personne ne sorte de table avec un petit creux !

« Va pour du vin ! De toute façon, il vaut mieux ne pas commencer par un truc trop fort, sinon on boira jamais les bières parce qu’on les trouvera trop fades ! C’est mieux d’y aller crescendo ! »

Comment ça, on reconnaissait l’expérience dans ses mots ? Il fallait dire que Noah était un grand fêtard et qu’il n’avait aucun mal à tomber parfois dans des excès. Il connaissait ses limites, mais ça ne l’empêchait pas de toujours beaucoup s’amuser à chacune de ses sorties, avec ou sans alcool d’ailleurs !

Sauf que le sourire de l’Américain disparut bien vite quand Isabella lui confia que rien de ce qu’il avait apporté ne lui faisait envie. Autant dire que Noah avait marché à pieds joints dans sa taquinerie, s’étant relevé d’un bond, prêt à repartir à toute vitesse en direction de la supérette la plus proche.

« Quoi ? Sérieux ?! Noooon ! Désolé, j’étais pourtant sûr d’avoir pris des trucs suffisamment variés pour qu’au moins un truc te fasse envie ! Bon, dis-moi ce qui te ferait plaisir alors, et je file- »

Isabella le coupa dans son élan pour le rassurer en lui avouant qu’elle n’avait fait que le taquiner. Noah afficha alors une moue faussement boudeuse en grognant, plus contre lui-même que contre la jeune femme. Il se rassit sur le canapé et releva sa mine ronchon vers son hôte.

« Bien joué, j’ai pas marché, j’ai carrément couru ! T’es vraiment douée en tout cas, t’as fait du théâtre ou un truc du genre ? »

Noah retrouva bien vite le sourire et fronça son nez, histoire de bien faire comprendre à la jeune femme qu’il n’avait pas du tout mal pris sa plaisanterie et que, au contraire, ça l’avait amusé de se faire piéger aussi facilement. En tout cas, il lui fit part de son soulagement d’entendre qu’il n’aurait pas besoin de retourner à la supérette pour qu’elle puisse manger. Et puis, afin de lui montrer qu’il n’était pas vexé pour un sou, Noah tendit un petit paquet cadeau à Isabella avec un sourire amusé, guettant chaque expression qui passerait sur son visage. Ah… Elle semblait gênée, oops !

« Comment ça j’exagère ? C’est vraiment pas grand-chose et c’était pour te dépanner ! Bon, et aussi pour faire un petit clin d’œil à nos retrouvailles totalement imprévues ! Comme ça, à chaque fois que tu cuisineras avec cette casserole, tu penseras à ton vaillant sauveur qui t’a tirée des flammes ! »

Noah pouffa et attendit sagement qu’Isabella le rejoigne pour trinquer. Il préféra d’ailleurs ajouter un petit détail.

« Non, vraiment, t’as pas à me remercier ! J’me disais que c’était quand même plus pertinent de m’inviter chez toi avec une casserole en cadeau plutôt qu’une bouteille de vin que t’apprécieras peut-être même pas ! Au moins, là, j’étais sûr de pas me tromper ! À moins que tu ne m’aies jamais parlé de ta passion secrète de collectionneuse de casseroles… »

L’Américain lui lança un regard taquin et apprécia de sentir le contact de la jambe de la jeune femme contre la sienne. Il entreprit même de jouer les sommeliers en remplissant les deux verres qu’Isabella avait posés devant eux, avant de pouffer à ses mots.

« Je préfère quand même qu’on fête un truc un peu plus joyeux moi ! On trinque à nos retrouvailles plutôt ? Et à toute cette nuit qui nous tend les bras, puisque je n’ai rien de prévu ni ce soir ni demain matin ! J’ai simplement un entraînement dans l’après-midi, mais même si j’arrive un peu en retard, on ne m’en voudra pas trop. »

Noah afficha son plus beau sourire charmeur et se tourna légèrement pour faire face à Isabella, attendant qu’elle attrape son verre pour venir y taper doucement le sien, non sans avoir légèrement rapproché son corps de celui de la jeune femme.

« Santé ! »

Isabella écoutait le jeune homme d’une oreille amusée. Elle avait hâte de voir à l’œuvre ce grand mangeur. Elle était rassurée au moins sur le fait qu’il allait l’aider à manger cet immense festin et elle ne risquait pas de se retrouver avec trop de restes sur les bras. Et de toute évidence, ce n’était pas qu’un grand mangeur, car il semblait déterminé à se remplir le gosier avec tout ce qu’il avait amené. L’italienne se souvenait qu’ils avaient déjà fini tous deux un peu ronds à leur dernière soirée ensemble. Elle venait de trouver un bon compère festif, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

- Je valide complètement ! Je mets les bières au frais en attendant, mais je ne les oublie pas… À n’importe quelle heure, dans n’importe quel état, pour débuter ou finir une soirée, la bière c’est une valeur sûre !

Elle lâcha ensuite sa blague au sujet des mets qu’il avait apportés et éclata de rire à sa réaction qui était aussi drôle qu’elle l’avait imaginée. Il s’était levé d’un bond, prêt à repartir à la supérette sur le champ. Isabella le rassura bien vite pour qu’il puisse se rasseoir. Même si elle n’avait pas apprécié ce qu’il avait apporté, elle ne se serait jamais permis de l’avouer, vu le mal qu’il s’était donné. Et elle n’allait quand même pas le renvoyer dehors alors qu’il venait d’arriver. Elle fut touchée de sa remarque sur son jeu d’actrice, même s’il ne s’agissait que d’une petite blague. Un compliment de la sorte était toujours le bienvenu, car le théâtre était une activité qui lui tenait à cœur, et elle nourrissait secrètement l’espoir de devenir une grande actrice. Elle fut donc ravie de répondre, trop heureuse de pouvoir parler d’un de ses loisirs.

- Haha oui, bien vu ! Je prends des cours de théâtre depuis l’an dernier. Ça fait pas longtemps donc je suis pas une grande actrice, mais je m’entraîne pas mal pour m’améliorer. C’est vraiment un truc qui me plaît.

Tout en se dirigeant vers la cuisine, elle écouta Noah se justifier sur l’achat de la casserole. Vrai… Elle aurait sûrement une pensée pour lui chaque fois qu’elle utiliserait la casserole maintenant. Elle ne savait pas trop si c’était une bonne chose, aussi elle n’ajouta pas de commentaire. Elle se demandait quelle relation Noah espérait nouer avec elle. Un cadeau dès le premier rancard improvisé, c’était un peu trop pour la demoiselle. Elle laissa ces pensées de côté, se rassurant par le naturel grand cœur du pompier. Il était probablement comme ça avec tout le monde, pas la peine d’en faire toute une histoire. Quelles que fussent ses intentions, elle comptait bien profiter de la soirée en sa compagnie, sans se préoccuper du lendemain. Elle revint de la cuisine avec deux verres à pieds, parce que tout de même, le vin, ça se respecte, et prit place sur le canapé aux côtés de son invité qui se chargea de remplir leurs verres. La chance leur souriait puisque tout comme elle, Noah n’avait rien de prévu pour la soirée ni pour le lendemain matin. Aucune restriction pour les deux noctambules, parfait. Tout en rendant à son hôte un sourire enjôleur, Isabella fit tinter son verre contre l’autre.

- Santé ! À ma cuisine qui est encore en vie et à cette soirée qui s’annonce délicieuse ! Mmh… Très bon choix de vin

Elle reposa son verre pour attraper un paquet de cigarettes qui traînait sur la table :

- Tu en veux une peut-être ? Quoique je doute qu’un pompier et sportif comme toi fumes… Tu fais quoi comme sport au fait ?

Elle s’alluma une cigarette et soufflant sa fumée dans la direction opposée de l’américain, réalisa que celui-ci était sûrement sur le point d’attaquer son repas :

- Excuse… Sale manie… C’est pas top l’odeur de cigarette pour manger. Tu veux que j’aille à la fenêtre ?

« Ce sont les paroles d’un sage là ! J’suis tout à fait d’accord avec toi ! »

Noah pouffa, mais son amusement laissa bien vite place à une mine décrépie quand Isabella s’amusa à lui faire croire que rien de ce qu’il avait ramené ne lui plaisait. L’Américain s’était fait avoir, et en beauté ! Ce fut d’ailleurs à ce moment-là que la jeune femme lui confia prendre effectivement des cours de théâtre.

« Oh, c’est chouette ça ! T’as toujours voulu faire du théâtre ou c’est un truc qui t’est venu récemment ? Hum… Si j’me souviens bien… T’es serveuse, non ? T’aimerais bien bosser dans le domaine du théâtre dans l’avenir ou c’est juste un passe-temps ? »

Quel curieux vraiment ! Noah s’intéressait toujours énormément aux gens avec qui il discutait, n’ayant absolument aucun mal à les faire parler grâce à sa façon d’être qui mettait facilement à l’aise.

Quoi qu’il en soit, une fois leurs verres de vin servis et après avoir trinqués, Noah ne put s’empêcher de rire aux mots de sa voisine.

« Ouais ? Ça va ? Elle n’a pas trop morflé ? Tu pourras quand même continuer à te faire à manger où ça risque d’être compliqué ? En tout cas, j’suis vraiment content qu’on soit vite arrivé sur place, ça aurait pu vite dégénérer ! Ça t’arrive souvent de t’endormir pendant que tu prépares à manger ? »

Non parce que bon, mine de rien, ça inquiétait un peu Noah ! Si c’était quelque chose de récurrent, il allait falloir songer à trouver une solution pour ne pas que ses collègues et lui fassent une intervention toutes les semaines dans ce petit studio !

Puis, quand Isabella se saisit de son paquet de cigarettes, Noah refusa poliment avec un sourire et un signe de la main.

« Non merci ! Je traine avec beaucoup de fumeurs, mais je préfère ne pas m’y mettre, histoire de rester un minimum en forme pour le boulot et le sport ! Je fais du basket du coup, depuis que je suis capable de tenir un ballon entre les mains d’ailleurs… C’est un peu un truc de famille, mon père et mon frère en faisaient déjà quand j’suis né, donc c’est tout naturellement que j’me suis passionné pour ce sport moi aussi ! Et bon, je dois avouer que même si j’adore mon boulot, j’aurais quand même tout donné pour devenir basketteur professionnel. Mais le destin en a décidé autrement ! »

Noah était un éternel optimiste. Si la vie avait décidé qu’il ne devait pas devenir basketteur professionnel, alors soit ! Après tout, c’était sans doute tout aussi grisant de pouvoir aider autant de gens chaque jour en étant pompier ! Alors l’un dans l’autre, l’Américain ne perdait pas vraiment aux changes puisqu’il pouvait continuer à jouer avec son ballon orange pendant son temps libre.

« Et t’inquiètes pas, tu peux rester là ! Surtout que si tu t’en vas, j’vais vraiment finir par avoir froid avec ta fenêtre ouverte ! Ça serait encore pire pour un hôte de laisser son invité tomber malade que de simplement fumer à côté de lui, non ? »

Noah lui offrit un sourire malicieux et but encore un peu de vin, avant de faire comme chez lui en ouvrant quelques petits trucs à manger, les disposant devant eux pour qu’ils puissent se servir.

« Bon ! Si on veut vraiment passer une soirée digne de ce nom, il nous manque un truc important : de la musique ! On a déjà la nourriture et la boisson, c’est le dernier critère à remplir pour cocher toutes les cases d’une bonne fête ! En plus d’avoir de la bonne compagnie, mais cette case-là est déjà cochée depuis le début. »

Isabella fut ravie de voir que Noah l’interrogeait pour en savoir plus sur sa pratique du théâtre. Sans le savoir, il avait tapé dans le mille en lui demandant si elle souhaiterait un jour travailler dans ce milieu. Dans un recoin de sa tête, bien à l’abri des indiscrets, il y avait ce rêve, celui de devenir actrice de cinéma un jour, mais elle n’en avait jamais parlé à personne. Elle avait bien parlé petite de devenir chanteuse, alors qu’elle ne chantait pas, ou plus sérieusement de devenir danseuse professionnelle, mais en grandissant c’était des rêves d’enfant qu’elle avait laissés de côté. Cependant, elle nourrissait depuis quelques années celui de devenir actrice. Elle s’était finalement décidée à prendre des cours de théâtre malgré son emploi du temps chargé. Il fallait bien commencer par quelque part. Travailleuse acharnée et perfectionniste, Isabella ne se voyait pas débarquer à des castings sans avoir pratiqué assidument la discipline auparavant. Elle voulait tenter des castings, mais avant, elle voulait se sentir à la hauteur et irréprochable d’un point de vue technique. À l’aise avec Noah, elle osa révéla son petit secret.

- Je suis serveuse oui. Bonne mémoire ! Le théâtre c’est un truc qui me trottait dans la tête depuis un petit moment déjà. Mais avec toutes mes autres activités, j’ai eu du mal à m’aménager un temps pour ça. J’avoue que ça me ferait triper de bosser dans le domaine du cinéma… D’où l’étape théâtre pour commencer. Mais faut pas trop rêver… Je sais qu’on y accède pas comme ça. J’ai plus 18 ans… Et puis j’ai pas les connaissances pour me pistonner… Mais si déjà j’arrive à monter sur scène et à m’amuser comme ça, c’est pas mal !

Leurs verres de vin à la main, Noah rit à l’hommage d’Isabella à sa cuisine et s’inquiéta de savoir s’il n’y avait pas trop de dégâts et s’il lui arrivait souvent de s’endormir en faisant la cuisine.

- Ben, comme tu peux le voir, la cuisine ça va… À part le mur qui est tout noir au-dessus de la gazinière… Un petit coup de peinture et on y verra que du feu ! Enfin… Non, pas du feu justement… ! Après j’avoue que j’ai pas vérifié si les plaques fonctionnaient encore… J’espère ! Au pire, je ferais marcher mon assurance pour me rééquiper, c’est pas bien grave. Et non, ne t’inquiète pas, j’ai pas pour habitude de m’endormir avec une casserole sur le feu. C’était la première, et je l’espère, la dernière.

Le jeune homme refusa lorsqu’elle lui tendit son paquet de cigarettes, expliquant qu’il préférait éviter, notamment pour sa pratique du basket. Pompier et basketteur… Isabella eut un petit sourire en coin, songeant que sous son T-Shirt, il devrait être sacrément musclé… Information à vérifier se challengea-t-elle intérieurement. Réalisant son absence mentale momentanée, elle se reconcentra vite sur les paroles de l’américain qui lui avouait qu’il aurait tout donné pour devenir basketteur professionnel. Lui aussi avait ses rêves impossibles…

- Oh… Pourquoi t’as pas pu devenir basketteur professionnel ?

Noah ne sembla pas gênée que la demoiselle fume à ses côtés, ce qui la rassura. Mais il la taquina au sujet de la fenêtre ouverte. Elle saisit la perche au vent et se tourna vers lui avec un sourire aguicheur, pressant sa cuisse contre la sienne :

- Je te laisserais pas avoir froid longtemps…

Tandis qu’elle tirait sur sa cigarette et savourait son vin, le jeune homme ouvrit les différents plats pour qu’ils puissent se servir. Ça avait l’air délicieux. Ils allaient se régaler. Il lui fit remarquer qu’il manquait toutefois un élément pour une soirée parfaite : la musique. Son sourire s’agrandit en l’entendant dire que la case « Bonne compagnie » était déjà cochée depuis un moment. Quel charmeur celui-là… Elle s’empressa d’allumer son ordinateur portable dans un coin de la table basse.

- Oui, bonne idée ! Tu veux écouter quelque chose en particulier où je laisse tourner une de mes playlists habituelles ? Si tu veux me faire découvrir quelque chose, je suis preneuse aussi !

Noah afficha une petite moue aux mots d’Isabella. Il n’aimait pas trop mettre ça en avant, mais si ça pouvait venir en aide à quelqu’un qu’il aimait bien, alors il pouvait bien lui en parler !

« Hey ! Interdiction de ne pas y croire ! C’est pas parce que t’as pas 18 ans que t’auras jamais l’occasion de percer dans le milieu ! J’veux dire, y’a pas que des acteurs tout juste majeurs, il faut de tout ! Comme si t’étais vieille en plus… Je sais que l’âge d’une femme ne se demande pas, mais t’as encore toute la vie devant toi ! En tout cas, hum… »

L’Américain se frotta la nuque, hésitant.

« J’pense que ma mère a encore un paquet de contacts dans le domaine, donc si jamais un jour t’as envie de, je sais pas, faire un essai dans un film ou une série ou autre chose, j’peux peut-être lui en parler pour qu’elle t’organise ça. »

Noah aimait sa famille plus que tout, mais il avait toujours du mal à évoquer le fait que sa mère était une ancienne mannequin mondialement connue et que sa famille était plus qu’aisée. Après tout, ce n’était pas pour rien qu’il avait essayé de vivre rapidement sa vie seul, en se débrouillant sans la fortune familiale. Pendant que ses parents vivaient dans une maison démesurée et luxueuse, lui se contentait parfaitement de son petit appartement du quartier Fuoco !

Fort heureusement, la conversation passa à un autre sujet et Noah ne put s’empêcher de rire au jeu de mots d’Isabella concernant le feu. En tout cas, il fut grandement rassuré de l’entendre lui dire que c’était la première fois qu’elle s’endormait en cuisinant. Il n’y avait plus qu’à espérer que ce soit effectivement la dernière !

« Oh hum… Comme l’a si bien dit quelqu’un que je connais, je n’ai plus 18 ans ! »

Noah pouffa après sa réponse à la question d’Isabella. Il but ensuite un peu de vin et entreprit de lui répondre plus sérieusement.

« Disons que même si j’ai toujours rêvé de devenir basketteur professionnel, j’ai pas eu la chance de me faire repérer dans l’âge d’or du recrutement et, maintenant c’est un peu tard. Les sportifs n’ont pas des carrières très longues, ils sont vite mis à la retraite ! Alors, comme j’ai fini le lycée sans avoir aucune piste, même si mes parents auraient pu me pistonner, j’ai préféré suivre les pas de mon grand-frère en faisant un boulot dans lequel je pourrais moi aussi me rendre utile et aider les gens ! Et je ne regrette pas ! Ce n’est pas en étant devenu basketteur professionnel que j’aurais pu être pompier volontaire, alors que l’inverse est bien plus simple ! »

Noah répondit ensuite au sourire aguicheur d’Isabella par un autre tout aussi charmeur, avant de lui proposer de mettre un peu de musique. L’Américain se mit d’ailleurs à rire à la question qu’elle lui posa.

« Alors euh… Je pense qu’il vaut mieux qu’on écoute soit des trucs aléatoires, soit tes playlists habituelles ! J’suis pas persuadé que mon style musical soit particulièrement adapté à une soirée tranquille comme ça, surtout en dégustant un petit verre de vin ! Ça s’écoute plus avec une bonne bière bien fraîche ! J’écoute principalement du rock et du métal tu vois, des trucs qui réveillent bien quand je vais faire mes footings ! Sinon, si tu veux vraiment découvrir des trucs, j’ai bien les vieilles chansons espagnoles que ma mère adore écouter ! Enfin, vaut mieux des trucs sur lesquels on pourra éventuellement danser quand on aura fini de manger ! »

Noah pouffa et commença d’ailleurs à piquer dans les diverses petites choses qui se trouvaient sur la table, ne pouvant réprimer quelques petits bruits d’étonnement ou de satisfaction quand il découvrait de nouvelles saveurs.

« C’est super bon en fait ! J’ai pris des trucs un peu au pif, mais j’vais finir par devenir végétarien moi aussi ! D’ailleurs, tu l’as toujours été ? »

Noah avait laissé sa jambe appuyée contre celle d’Isabella, terminant son verre pour pouvoir poser sa main libre sur le dossier du canapé, juste derrière son hôte, histoire d’accroître encore un peu plus leur proximité.

« Ah ! Ça a l’air bon ce que t’as pris ! Tu me fais goûter ? »

L’Américain planta son regard azur dans celui de sa voisine, un sourire aguicheur aux lèvres.

Isabella écouta avec un petit sourire rêveur les protestations de Noah. Il était très encourageant quant à la possibilité pour elle de faire encore carrière dans le cinéma. C’était un rêve qui ne lui semblait pas accessible et d’entendre quelqu’un l’encourager sur cette voie lui donnait de l’espoir, l’alcool aidant peut-être. Et s’il avait raison ? Si c’était encore possible ? Elle ne s’attendait pas à la suite et des étoiles apparurent dans ses yeux lorsque Noah évoqua sa mère qui avait des contacts dans le domaine.

- Vraiment ? Oh ce serait génial si tu pouvais faire ça ! Tu as mon numéro, si jamais tu entends parler d’une opportunité… Je suis preneuse !

D’elle-même, l’italienne demandait rarement de l’aide, mais si on lui proposait une telle opportunité, elle savait qu’elle serait idiote de ne pas en profiter. De son côté, elle songeait qu’elle allait sûrement faire des recherches pour trouver des castings qui pourraient être un premier pas pour entrer dans le monde du cinéma. Mais pour dégager du temps dans son agenda, ça risquait d’être coton…

Ne voulant pas trop monopoliser la parole avec son histoire de cinéma qui risquait d'occuper tout son esprit, elle rebondit sur le rêve visiblement abandonné de Noah, tout comme pour elle. Elle sourit en l’entendant reprendre ses mots. Elle se doutait que dans le milieu du sport, l’âge importait d’autant plus que pour le cinéma. Il avait peut-être laissé passer sa chance… Mais avec son éternel optimisme, il ne s’en plaignait pas et semblait heureux de la vie qu’il menait. Elle nota qu’il évoquait régulièrement des membres de sa famille et se sentit un peu envieuse, car elle-même, si ce n’est pour cracher sur sa mère, avait peu d’occasion de parler de sa famille. Parce qu’elle avait le sentiment de ne pas vraiment en avoir…

- Si tu es heureux de tes choix aujourd’hui, c’est le plus important. Et rien t’empêche de faire des compétitions avec ton club de basket, même si c’est pas à un niveau professionnel. C’est bien aussi et ça te laisse plus de temps pour faire d’autres choses à côté… Ton frère fait quoi comme métier ?

Sa curiosité naturelle avait repris le dessus et elle avait envie d’entendre Noah lui parler plus de sa famille. Elle ne put s’empêcher de lâcher d’un air un peu ailleurs :

- J’aurais aimé aussi avoir un grand frère…

La conversation tourna ensuite sur la musique et tout en écoutant Noah, Isabella se releva pour allumer les deux petites enceintes qui encadrait sa télévision pour y connecter son ordinateur. Elle revint vite se coller à l’américain sur le canapé. Elle fut étonnée de l’entendre parler de son style musical qui était très éloigné du sien et espérait qu’il apprécierait tout de même ce qu’elle écoutait. Il la sauva de cet embarras en proposant des vieilles chansons espagnoles écoutées par sa mère. La perspective de danser ensemble après le repas l’enchantait.

- Carrément d’accord ! Ça nous fera digérer, haha. J’ai hâte de voir si tu es aussi bon danseur que pompier ! Le PC est juste là si tu veux me faire découvrir ces fameuses chansons espagnoles, je te laisse faire. Je me charge de la musique dansante quand on aura fini de manger.

Elle écrasa le mégot de sa cigarette dans le cendrier sur la table et regarda avec envie tous les mets étalés sur la table, sans savoir par quoi commencer. D’ailleurs Talys qui était couchée à côté du canapé depuis tout ce temps se redressa attirée par l’odeur de la nourriture. Elle s’assit à côté de la table et regarda avec envie en direction d’Isabella et de Noah, remuant la queue.

- Talys ! Arrête de mendier ! Couchée !

Sagement, Talys se coucha sous la table basse, avec un air de chien battu, probablement dans l’espoir que son bon comportement lui permettrait d’obtenir un petit quelque chose à se mettre sous la dent. Isabella avait beau aimer ses animaux plus que tout au monde, elle voulait profiter de sa soirée avec Noah sans se faire importuner par une de ses boules de poils. Alors que la musique espagnole enveloppait le salon et que Noah avait déjà bien attaqué le repas, la jeune femme put à son tour entamer la dégustation. Elle piocha au hasard dans les aliments qui étaient tous savoureux. Elle fut amusée de voir que Noah avait l’air de découvrir des plats végétariens et semblait agréablement surpris.

- Haha, oui c’est super bon ! Mmh… Ça doit faire bien 10 ans que j’ai arrêté de manger de la viande. Ça a commencé à m’écœurer déjà petite quand j’ai compris que j’avais des animaux morts dans l’assiette et adolescente j’ai complètement arrêté d’en manger. Je pouvais vraiment plus… Mais comme tu vois, je me fais toujours aussi plaisir en mangeant !

Elle aperçut le verre vide du jeune homme se poser sur la table et s’empressa de finir le sien quasiment vide avant de proposer, bouteille à la main :

- Je te ressers ?

Attendant à peine la réponse, elle remplit les deux verres de vin avant d’attraper un nouvel aliment. Se renfonçant dans le canapé, elle sentit un bras passer derrière elle. Elle se tourna vers Noah qui lui demandait s’il pouvait goûter et soutint son regard azur avec un air aguicheur en dirigeant sa fourchette vers lui pour lui faire goûter. Elle appréciait son apparente facilité à créer un rapprochement et y répondait avec autant de naturel. Elle songea que, tout comme elle, il ne devait pas en être à sa première conquête, charmeur comme il était.

Noah acquiesça d’un vif signe de tête et avec un grand sourire aux mots d’Isabella. Évidemment qu’il en toucherait deux mots à sa mère ! S’il pouvait venir en aide à quelqu’un, surtout si c’était une personne avec qui le courant passait bien, il n’allait pas se priver ! D’autant plus que là, on parlait quand même du rêve de la jeune femme ! C’était beaucoup trop important pour ne pas agir, même à son petit niveau !

Quoi qu’il en soit, la discussion dévia ensuite sur le rêve inaccessible de Noah, ainsi que sur sa famille. L’Américain ne put empêcher sa curiosité d’être un peu titillée par cette phrase qu’elle semblait avoir lâchée d’un air rêveur.

« T’es fille unique ? En tout cas, je comprends si c’est le cas… J’veux dire, ça ne s’est pas toujours bien passé, surtout avec mon grand-frère qui est médecin, mais même si on a longtemps été comme chien et chat, ça n’a pas empêché qu’on a passé d’autres bons moments ensemble. Sinon, à part lui, j’ai un petit frère qui est photographe, et j’ai encore une petite sœur après ça qui est étudiante ! Et le pire, c’est que j’aurais pu avoir encore une tonne d’autres frères si ma petite-sœur n’était pas née ! Ma mère voulait absolument une fille, donc elle et mon père s’étaient mis d’accord pour avoir des enfants jusqu’à réussir à en avoir une. T’imagines si elle n’était pas arrivée de suite ? On aurait pu former une équipe de foot avec tous mes frères ! »

Noah se mit à rire en imaginant son père dans le rôle de l’entraîneur tortionnaire et tous les petits Evans avec leur maillot de foot sur le dos. On le sentait clairement dans son timbre de voix : son affection pour sa famille était sans égale. L’Américain avait beau être adulte et vivre dans son propre appartement, il lui arrivait encore régulièrement d’aller chez ses parents pour profiter de moments en famille, mais aussi et surtout de la super cuisine de sa mamounette !

Quoi qu’il en soit, après avoir lancé la musique, Noah revint sur le canapé, tout près d’Isabella, pour commencer à attaquer le repas et continuer à discuter, ne pouvant toutefois pas s’empêcher d’afficher une petite moue triste en voyant le chien se coucher au sol sans avoir un petit morceau à grignoter. L’Américain était vraiment trop gentil, il était facile de l’amadouer et Talys y était parfaitement parvenu ! Le pompier se pencha alors vers Isabella avec sa petite moue, après qu’elle lui eut resservi du vin, son visage se rapprochant sans doute un peu trop de celui de la jeune femme à cause de l’alcool qui lui faisait moins bien apprécier les distances.

« Dis… Je peux lui donner un petit morceau ? Ça serait dommage qu’on soit les seuls à profiter d’aussi bons petits plats ! S’il-te-plaît Isabella, dis oui… »

Le regard de Noah s’était soudainement fait plus intense alors qu’il se plantait dans celui de son hôte en attendant sa réponse. Puis, après avoir eu l’accord ou non de donner un morceau à Talys, l’Américain se réinstalla un peu mieux dans le canapé, se rapprochant une nouvelle fois d’Isabella en passant un bras derrière elle pour lui demander s’il pouvait goûter au plat sur lequel elle avait jeté son dévolu. Son sourire charmeur s’étira alors qu’il attrapait délicatement la main de son hôte pour guider la fourchette jusqu’à sa bouche, le tout sans détacher son regard de celui d’Isabella. Une fois la bouchée avalée, il ne lâcha pourtant pas la main de sa voisine, une petite moue insatisfaite se dessinant alors sur ses lèvres.

« Hum… C’est pas mal, mais je crois que j’ai besoin d’y goûter encore une fois pour vraiment me faire un avis dessus… »

Son sourire revint étirer ses lèvres alors que sa main se faufilait entre le dossier du canapé et le dos d’Isabella pour se poser sur sa taille. Chose faite, il approcha son visage, leurs lèvres se frôlant. L’ambiance avait beau être propice à un rapprochement, Noah préférait être sûr que la jeune femme voulait bien la même chose que lui. Son souffle caressa les lèvres de son hôte, son regard restant planté dans le sien. Il lui avait clairement fait comprendre qu’il avait envie de l’embrasser et de goûter aux saveurs de ce fameux plat par ce biais, en faisant danser sa langue avec la sienne. Il ne tenait donc plus qu’à elle d’accepter de lui donner ce baiser ou, au contraire, de vite calmer ses ardeurs !

Isabella ne s’était pas trompée en songeant que Noah avait l’air proche de sa famille. L’affection qu’il avait envers eux transparaissait dans sa voix. En quelques mots, il lui présenta toute sa fratrie. L’italienne fit les gros yeux à mesure que la liste de frères et sœur s’allongeait. Noah venait clairement d’un autre monde. Tout comme lui, ses frères et sœurs semblaient avoir une bonne situation. Elle imaginait la famille parfaite, dans une grande maison à la campagne, animée par les rires des quatre enfants, choyés par des parents qui pouvaient leur payer de belles études. Pour elle qui avait grandi seule dans un HLM avec une mère qui avait toujours du mal à joindre les deux bouts et lui accordait peu d’attention, c’était un idéal impossible, celui qu’on voyait à la télé, mais qui n’existait pas dans la vraie vie. L’envie devait légèrement percer dans sa voix.

- Eh beh ! Ça en fait du beau monde ! J’imagine même pas si la petite sœur était pas arrivée à combien vous auriez fini, haha. En tout cas tes frères et sœurs, comme toi, ont l’air d’avoir tous trouvé leur voix, c’est super. Moi oui, je suis fille unique. C’est peut-être pas plus mal comme ça. J’ai grandi juste avec ma mère et on s’est déjà bien pris la tête toutes les deux. J’imagine qu’avec un frère ou une sœur en plus, ça aurait pas facilité le quotidien.

Tandis qu’ils piochaient dans les différents aliments sur la table sur fond musical, le jeune homme ne resta pas indifférent face aux yeux de biche de Talys et supplia Isabella de le laisser lui donner un petit bout. Attendrie par son air enfantin, elle avait presque envie de céder à sa demande. Mais elle ne devait pas déroger aux habitudes si elle ne voulait pas chambouler l’éducation de sa chienne pour laquelle elle s’était donné du mal.

- Pendant le repas, vaut mieux éviter, sinon elle va prendre la mauvaise manie de réclamer dès qu’on est à table. Mais je lui laisse souvent un petit quelque chose dans sa gamelle quand j’ai fini de manger. Promis, quand on a fini, tu peux lui donner un bout !

Noah se renfonça dans le canapé aux côtés d’Isabella, qui à sa demande, lui fit goûter ce qu’elle mangeait. L’américain semblait attendre un peu plus d’elle. De son sourire enjôleur, son visage à quelques centimètres du sien, il lui demanda s’il pouvait goûter une nouvelle fois. Il ne fallut pas longtemps à l’italienne pour comprendre ce qu’il attendait. Elle sentit une chaleur monter en elle au contact de la main qui l’enlaça pour venir se poser sur sa taille. Séduite, elle approcha ses lèvres à la rencontre de celles de Noah, d’abord du bout des lèvres, puis intensifiant progressivement le contact, avant de venir entremêler leurs langues. Elle passa sa main dans le dos de Noah pour le tenir contre elle. Ils restèrent ainsi quelques instants, Isabella jouant avec sa langue pour trouver le rythme qui était le leur, que la fusion opère. Elle finit par se dégager doucement de l’étreinte avant de se lever du canapé. Elle déclara d’une voix pleine de sous-entendus :

- Je pense que l’odeur de brûlé est bien passée maintenant… Je vais fermer la fenêtre. Je ne voudrais pas que tu attrapes froid.

Elle referma la porte-fenêtre de sa terrasse avant de s’approcher de Noah. Elle n’avait pas avalé grand-chose, mais il y avait maintenant bien plus intéressant que le repas à ses yeux. Son regard plein d’envie se replongea dans celui du pompier.

- Tu m’avais parlé de danser après manger… Ça te tente toujours ?

En quelques clics sur son ordinateur, elle changea la musique pour une mélodie latino dansante qui appelait au collé-serré. Elle augmenta un peu le son avant de tendre la main au jeune homme pour l’inviter à danser, d’un regard appuyé accompagné d’un sourire charmeur.

Noah ne put s’empêcher d’afficher une petite moue en entendant Isabella parler de sa situation familiale. Mince… Il n’aurait peut-être pas dû parler de la sienne avec autant de joie et d’amour, parce qu’il sentait qu’il y avait un fossé plus que conséquent entre leurs deux histoires. L’Américain ne pouvait pas faire grand-chose, il ne pouvait pas changer le passé. Par contre…

« C’est triste que ça ne se soit pas forcément bien passé avec ta mère, j’suis désolé pour ça… Mais bon, comme on dit si bien, il y a une autre famille qu’on peut se choisir et qui peut nous rendre heureux : les amis ! Donc même si ça a fait un flop avec ta mère, tu peux toujours te rattraper avec d’autres personnes avec qui tu te sens bien et qui t’aiment comme tu es ! »

Noah lui offrit un grand sourire, persuadé que cette solution pourrait permettre à Isabella d’oublier son passé pas forcément heureux avec sa mère. Peut-être même qu’elle avait déjà réussi à trouver les membres de sa deuxième famille ! En tout cas, l’Américain était prêt à faire partie de ce cercle si jamais Isabella voulait bien de lui. Il était sans doute trop naïf, mais le pompier voulait croire qu’il pourrait, à son niveau, réussir à rendre la jeune femme heureuse, même si ce n’était que par quelques brèves rencontres !

Quoi qu’il en soit, après avoir eut l’accord d’Isabella pour donner un peu à manger à Talys une fois qu’ils auraient fini leur grignotage, tout en sirotant du vin et en écoutant de la musique, Noah décida de rendre l’ambiance un peu plus enjôleuse en demandant à son hôte de lui faire goûter ce qu’elle était en train de manger. Sauf qu’après avoir saisi la bouchée sur la fourchette de la jeune femme, l’Américain approcha son visage du sien pour réclamer plus. Il ne voulait pas forcer Isabella à aller plus loin si elle ne le souhaitait pas, mais, fort heureusement pour lui, la demoiselle franchit les quelques centimètres qui séparaient encore leurs lèvres pour venir l’embrasser, d’abord chastement, puis de plus en plus intensément. La poigne de Noah se resserra un peu plus sur la taille d’Isabella, jusqu’à ce que celle-ci se lève pour aller fermer la fenêtre restée ouverte. L’Américain afficha une petite moue déçue et grogna intérieurement de perdre ce contact pourtant si agréable, mais il finit par pouffer en entendant la question de son hôte.

« Évidemment que ça me tente toujours ! Sache que quand je propose quelque chose, je vais toujours au bout ! »

Noah caressa donc la main d’Isabella avec la sienne avant de s’en saisir et de se lever. Il s’arrêta une fois debout pour terminer son verre de vin, puis, après l’avoir reposé sur la table basse, il invita Isabella à reculer un peu pour s’éloigner du coin canapé, afin de ne pas risquer de marcher sur la pauvre Talys ou se prendre un recoin de la table. Gardant la main de la jeune femme dans la sienne, Noah la porta jusqu’à ses lèvres pour y déposer un baiser tout en plongeant son regard dans celui de sa partenaire, avant d’exécuter une courbette beaucoup trop exagérée.

« Si Mademoiselle veut bien m’accorder cette danse… »

Noah se redressa et pouffa, venant placer son autre main libre là où elle s’était trouvée pendant leur baiser : sur la taille d’Isabella. La musique étant idéale pour ce genre de danse, l’Américain vint donc appuyer son bassin contre celui de la jeune femme, pour se lancer dans une chorégraphie collée-serrée qui n’eut pour effet que de faire grimper encore un peu plus son envie de capturer à nouveau les lèvres de son hôte. À la place, pendant qu’ils dansaient l’un contre l’autre, Noah invita Isabella à pencher la tête sur le côté pour venir déposer quelques baisers chauds sur la peau de son cou, sa main glissant progressivement de la taille de la jeune femme jusqu’au bas de son dos, histoire d’appuyer encore un peu plus leur contact. Les lèvres du pompier remontèrent ensuite jusqu’au lobe de l’oreille de la jeune femme pour le mordiller légèrement, avant qu’il ne recule son visage. Il n’avait pas envie d’en faire trop et voulait également savoir si Isabella souhaitait toujours la même chose que lui, alors il se contenta de plonger son regard dans le sien avec un sourire charmeur et taquin pendant qu’ils continuaient à danser.

« Moi qui pensais être rouillé niveau danse, on dirait que ça revient plutôt vite quand on a une partenaire aussi agréable. »

Malheureusement, la soirée fut rapidement écourtée par le bip de Noah qui se mit à sonner. L'Américain, surpris, avait complètement oublié qu'il était de garde aujourd'hui, s'étant un peu trop précipité quand il avait proposé à Isabella de se retrouver le soir-même. Résultat, après s'être excusé auprès de la jeune femme, il s'empressa de quitter son appartement en lui laissant tout ce qu'il avait acheté, aussi bien en nourriture qu'en boissons, pour filer en direction de la caserne. Le devoir n'attendait pas après tout !

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée

Super Noah à la rescousse ! |PV Isabella|

Partenaires