Chat noir où chapardeur (Pv Aaron)

Décidément, l’endroit semblait particulièrement animer, il y avait un peu de monde et Samuel put donc se détendre tout en arpentant déjà les quelques petites maisonnettes typiques des marchés de Noël. Sur le moment, il aurait volontiers proposé à Isabella, mais depuis quelque temps, la situation devenait un peu bizarre et il ne voulait pas rendre les choses plus complexes pour le moment.

Tant pis, une sortie seul ne lui ferait pas de mal à vrai dire et c’est lorsque le soleil commençait à se coucher qu’il s’habilla pour se rendre au centre-ville. Décidément, l’endroit semblait particulièrement animer, il y avait un peu de monde et Samuel put donc se détendre tout en arpentant déjà les quelques petites maisonnettes typiques des marchés de Noël.

Sam adorait quand il y avait du monde, c’était souvent le mieux pour être incognito en général et c’était dans ce genre d’environnement qu’il avait le plus souvent l’habitude d’évoluer. Zigzagant avec aisance entre les personnes, il passait d’un stand à l’autre sans aucun mal pour se faufiler, frôlant, effleurant à peine les personnes présentes.

Il aurait été tellement simple pour lui de subtilisé des effets personnels, personne ne se montrait plus méfiant que ça. On ressentait clairement que Banchisa ne souffrait pas vraiment d’un taux de criminalité élevé. Ce n’était pas désagréable, même si un jour, Sam devrait sûrement se trouver un travail autrement plus légal s’il voulait éviter de trop taper dans ses économies.

Son coude heurta quelque chose et en se retourna, il constata que sans le faire exprès, il avait fait tomber le chocolat chaud de quelqu’un. Oups, lâcha-t-il avant de reconnaître l’homme. Un sourire plus amusé passa sur son visage et il lâcha d’une voix détendue.

- On ne peut vraiment pas dire que la chance soit avec vous, je suis vraiment désolé.

Sam se baissa pour ramasser le gobelet alors qu’une femme se plaignait d'en avoir reçu sur le bas de son pantalon. Sauf qu’avant que le voleur comprenne de quoi il en retournait, la femme prit clairement en grippe Aaron, le traitant d’empoter… Mais bon sang, elle n’a pas compris que c’était un accident ou quoi. Samuel soupira et intervint.

- Euh, dite, miss monde ? C’est bon, ce n'est qu’un peu de chocolat, 30 degrés en délicat et on en parle plus. Pas de quoi en faire une affaire d’état. Vous n’allez pas taper un scandale pour un accident non ?

Ça n’avait pas eu l’effet escompté et c’est contre Sam que la femme se retourna, mais tout ce qu’elle put dire, que ce soit insulte ou mot mauvais glissa comme un pet sur de la glace avec le voleur qui finit par sourire.

- Eh ben, il fallait que ça sorte visiblement. Heureusement que je ne suis pas psy sinon je vous aurez fait payer la séance.

Le copain de la femme intervint, calmant cette dernière tout en s’excusant auprès des deux autres. Sam lâcha à Aaron une fois le couple éloigné.

- Tu veux mon opinion, il était beaucoup trop gentil pour elle… Ou alors c’est l’inverse. Enfin bref, ça va toi ? Ne pas trop secouer ?

Il éclata de rire avant d’admettre.

- Là d’où je viens, les personnes qui s’excite pour un rien c’est habituel. Comme quoi du sang européen coule encore bien dans nos veines.

Aaaaah la période de Noël ! C’était vraiment le moment de l’année qu’Aaron préférait ! Les illuminations, les décorations, la musique, la bonne humeur ambiante, les cadeaux, les marchés… Tant de choses agréables qui réchauffaient le cœur du chaton, pourtant tremblant alors qu’il avançait dans les allées bondées du marché de Noël de la ville. C’était que ses maigres économies ne lui avaient pas tellement permis de s’acheter des vêtements chauds, l’Anglais étant donc sorti avec plusieurs pulls et deux jeans superposés, s’enroulant tout de même dans l’écharpe que sa collègue Giulia lui avait offerte avant de partir accoucher, en remerciement pour ce que le chaton avait fait pour elle en plaidant sa cause auprès de leur patron. Bon, bien évidemment, la jeune maman n’était plus qu’une ex-collègue à présent, mais Aaron était heureux de voir que tout s’était finalement passé pour le mieux.

Et comme il grelotait malgré la chaleur qui se dégageait de la foule l’entourant, le chaton décida de s’arrêter à un stand qui proposait des boissons chaudes. Du vin chaud ? Hors de question, l’alcool, il ne devait surtout pas y retoucher, sous peine de possiblement retomber dans ses pires travers. Un café ? Non, le goût était beaucoup trop fort pour lui. Du thé ? Pour le coup, le goût était bien moins fort, mais pas vraiment agréable. Boire de l’eau chaude, même aromatisée, ce n’était vraiment pas son dada. Non, lui, ce qu’il aimait, c’était le chocolat chaud ! Aaron eut des étoiles dans les yeux rien qu’en passant sa commande, imaginant déjà le bien fou qu’allait lui procurer l’ingestion de cette boisson. Ça lui réchauffait le cœur d’avance ! Et puis, même si ses économies avaient très largement été amoindries à cause de sa participation à l’initiative du Secret Santa organisée par la ville, Aaron pouvait bien se permettre ce dernier petit écart avant la fin de l’année ! Ce serait son cadeau de Noël, de lui-même à lui-même !

Une fois servi, le chaton profita de sa boisson chaude pour se réchauffer, serrant précieusement son gobelet entre ses mains froides et nues. Il continua à avancer parmi la foule, chantonnant une petite chanson de Noël pour témoigner sa bonne humeur. Mais son sourire qui s’étirait jusqu’à ses oreilles finit par laisser soudainement place à une grimace en sentant une vive chaleur toucher ses mains suite à un choc.

« Aïe ! »

Le chaton en lâcha vivement son gobelet, le chocolat chaud se répandant alors sur le sol devant la mine décomposée de son propriétaire. Quelqu’un lui avait malencontreusement donné un coup de coude, le choc ayant fait tanguer la boisson suffisamment fort pour qu’un peu de celle-ci se répande sur les mains d’Aaron, la chaleur douloureuse et soudaine lui ayant donc fait lâcher prise. L’Anglais avait envie de pleurer… Il avait été si heureux… Pourquoi avait-il fallu que son karma s’en mêle ?

Le chaton tourna donc son regard larmoyant vers la personne qui s’excusait et…

« Ah ! Samuel ! Je suis content de vous revoir ! Comment allez-vous ? L’hôtel vous a plu ? Vous avez pu trouver un autre endroit où vous installer ? Est-ce que vous avez pu visiter un peu la ville depuis votre arrivée ? »

Aaron était tellement heureux de revoir Samuel qu’il en oublia presque le décès de son chocolat chaud et cette douleur un peu vive qui lui lancinait la main. Puis, quand son interlocuteur se baissa pour ramasser son gobelet à présent vide, le chaton le regarda avec un air un peu surpris. Ah oui, mince, son chocolat… Mais avant qu’il n’ait eu le temps d’aider le jeune homme, le pauvre Aaron se fit alpaguer par une parfaite inconnue qui lui reprochait d’avoir sali son pantalon avec sa boisson, tout en le traitant d’empoté. Profondément confus, le visage du chaton commença à se décomposer devant cette accusation qui frôlait presque l’agression.

« J-Je suis désolé ! J-Je n’ai vraiment pas fait exprès ! E-Est-ce que tout va bien ? I-Il doit me rester un peu d’argent, j-je vais tout vous donner, c-comme ça, v-vous pourrez payer la lessive et la machine pour votre pantalon ! »

Aaron paniquait tellement qu’il s’était mis à bégayer, ses mains allant fouiller nerveusement dans les poches de son jean pour en sortir son portefeuille, mais Samuel le coupa dans son élan en intervenant en sa faveur, afin de faire comprendre à cette diva que ce n’était pas si grave. Le chaton le fixa avec de grands yeux ronds, la surprise se mêlant à la reconnaissance éternelle et à l’admiration, même si son visage continuait à blêmir en se rendant compte que le pauvre Samuel en prenait pour son grade à cause de lui. Et plus on haussait la voix, plus Aaron avait tendance à se ratatiner, ce qui valut donc au chaton de se retrouver tout crispé derrière son défenseur quand la harpie et son ami décidèrent de laisser tomber. Aux mots de Samuel, le chaton sentit son menton trembler. Il continua à fixer son sauveur avec son regard larmoyant, avant de lui sauter au cou, sans aucun préavis.

« Merci ! Vous êtes mon héros, vous m’avez sauvé ! Jamais je n’aurais réussi à m’en sortir sans vous ! Surtout que j’ai dépensé mes dernières économies pour m’acheter ce chocolat, je n’aurais même pas pu dédommager cette pauvre femme ! »

Aaron lâcha Samuel et se recula en reniflant, passant brièvement son avant-bras sur ses yeux et sous son nez.

« J-Je… Je crois que ça va. E-Et vous ? Vous n’avez pas reçu de chocolat sur vous, hein ? »

Le chaton n’attendit même pas la réponse de son interlocuteur, commençant à lui tourner autour en l’inspectant sous toutes les coutures pour s’assurer que ce n’était pas le cas, avant de lâcher un profond soupir de soulagement en constatant qu’il n’avait pas été touché.

« Ouf ! Tout va bien ! Je m’en serais voulu de vous avoir sali alors que vous êtes si vaillamment venu à mon secours ! Au fait, est-ce que- Aïe ! »

Aaron avait malencontreusement frotté sa main un peu brûlée contre son jean, ce qui avait ravivé la douleur. Il fixa sa peau rougie avec une moue triste, posant son autre main par-dessus comme s’il essayait de conjurer un sort. C’était vain, bien évidemment, mais le chaton ne voulait rien laisser transparaître, retrouvant donc son sourire.

« En tout cas, je le redis, mais je suis sincèrement ravi de vous revoir ! Vous faites vos achats de Noël ? »

La situation avait pris une tournure complètement inattendue et Sam se vit contraint de réagir avec tact. Enfin le tact qui lui était propre plutôt, car Sam n’était pas doué pour ça. Au contraire, vu la réaction de la femme qui malgré les excuses d’Aaron et l’action de Sam n’eut pas de meilleurs effets, si ce n’est de débarrasser Aaron de cette femme.

La suite, le jeune voleur ne l’avait pas anticipé. Bon à vrai dire, il n’avait pas plus loin que les dix secondes ou il l’avait remis en place. Il se contenta d’afficher un sourire confiant de façade comme il savait si bien le faire et observa le jeune homme qui lui adressa ses remerciements avant de lui demander comment il allait.

Visiblement, plus de peur que de mal pour lui. C’était une bonne chose, un chocolat n’avait jamais tué personne, mais ce n’était pas agréable de se bruler avec pour autant. Donc, il fut rassuré de constater que le barman avait échappé à … Ah ben non en fait, il s’était bel et bien un peu brûler. Samuel soupira doucement puis répondit d’une voix détendue.

- Il n’y a pas de soucis, vraiment ! J’en ai vu d’autres et les princesses dans ce style ne me font pas vraiment peur, tu sais. Mais faut vraiment que tu apprenne à t’affirmer tu sais, sinon tu te feras marcher dessus tout le temps.

Samuel avait dit cela d’un ton léger, mais il n’était pas vraiment dur de deviner que c’était un peu plus sérieux. Quoi que le sort du Barman, il s’en moquait un peu au fond, dans quelque temps, Samuel ne serait même plus là. Mais en attendant. Il hocha la tête quand Aaron lui réaffirma qu’il était content de le voir pour ensuite lui poser une question. Question à laquelle répondit sobrement.

- Des cadeaux, c’est bien quand on a quelqu’un à qui en offrir. Non, je prenais simplement l’air.

Il invita ensuite Aaron à le suivre, il avait vu un peu de neige par là, une tombée récente qui n’avait pas tenu un ou deux jours. Mais quelques petits tas subsistaient ici et là. Samuel avait l’habitude de voir de la neige et il était bizarre de se retrouver dans un pays ou c’était beaucoup plus rare. Quoi qu’il en soit, le jeune homme prit un pâté de neige et saisit la main d’Aaron pour l’étaler dessus sans lui laisser le temps de réagir.

- Voilà, un petit coup de froide histoire de refroidir ton coup de chaud ! Puis ça devrait te soulager un peu au moins.

Samuel demanda ensuite d’une voix calme.

- Et toi ? Tu fais des achats de Noel ? Ou tu t’amuses juste à balancer du chocolat sur les passantes pour les draguer ? … Oh, pardon, c’est vrai, ce n’est pas ton truc, désolé !

D’une certaine manière, il avait quand même retenu ce que le barman lui avait dit. Mais le sortir comme ça en pleine rue avec des passants autour… On pouvait faire mieux quand même.

Décidément… Samuel était comme un héros aux yeux du petit chaton ! Lors de leur première rencontre, il l’avait déjà aidé à comprendre qu’une de ses collègues avait piqué dans la caisse du bar où il travaillait, à cause de sa condition de future maman dans le besoin. Le chaton avait alors pu agir en conséquence pour lui venir en aide et éviter tout problème sur son lieu de travail. Et aujourd’hui, bien plus tard, Samuel l’avait à nouveau aidé à se débarrasser d’une jeune femme visiblement très virulente dans ses propos. S’il n’avait pas été là… Nul doute qu’Aaron se serait retrouvé à s’aplatir si bas qu’il aurait vite été embrasser la neige qui recouvrait le trottoir où il se trouvait ! Le chaton remercia donc chaleureusement son sauveur, avant de grogner doucement en affichant une petite moue faussement contrariée à ses mots. Apprendre à s’affirmer hein…

« J-Je sais bien qu’il faudrait que je prenne un peu plus exemple sur vous, m-mais je n’y arrive pas, c’est vraiment plus fort que moi… Je n’ai pas envie de froisser les gens, alors je me dis que, si ça peut les soulager de me crier dessus ou m’insulter, c’est un maigre prix à payer pour les aider à passer à autre chose. »

Non, vraiment, Aaron était beaucoup trop gentil pour son propre bien-être et même pour sa sécurité. Imaginez… Il serait même capable de jouer sans broncher les punching-balls, simplement s’il savait que ça vous soulagerait de lui taper dessus !

Alors, après un sourire à la fois triste et gêné, Aaron préféra passer à un tout autre sujet : la raison de la présence de Samuel à ce marché de Noël ! Sauf que voilà, la réponse ne fut pas du tout celle escomptée par le chaton, qui se retrouva à fixer son interlocuteur avec une moue sincèrement désolée et même des petites larmes dans les yeux.

« Oh non… Vous n’avez vraiment personne à qui offrir des cadeaux ? Je… Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la ville a organisé un Secret Santa ! Alors même si vous ne connaissez personne à qui faire plaisir, vous pourriez peut-être participer ? Comme ça, vous pourrez vous aussi profiter un peu de la magie de Noël en ayant le droit à un petit cadeau ! Peut-être même que vous choisirez le mien sans le vouloir ! »

Aaron retrouva aussitôt son grand sourire. Bon sang, s’il n’avait pas dépensé ses dernières économies pour participer à cet événement, nul doute qu’il se serait empressé d’aller acheter un cadeau à Samuel pour le lui offrir ! Pas parce qu’il s’attendait à avoir quelque chose en retour, mais bien parce qu’il se doutait que, s’il n’avait personne à qui offrir de cadeaux, Samuel n’en recevrait donc pas non plus…

Quoi qu’il en soit, cette perspective d’apporter un peu de joie à Samuel fit complètement oublier à Aaron qu’il avait affreusement mal à la main, main sur laquelle une belle tâche rouge vif était apparue à cause du contact avec le chocolat chaud qu’il avait renversé un peu plus tôt. Puis, sans se poser plus de questions, le chaton suivit son interlocuteur, le regardant curieusement se baisser pour ramasser de la neige. Ah ? Qu’est-ce qu’il allait faire avec-

« Hiiiii ! C’est froid ! C’est froiiiiiid ! »

Aaron trépigna sur place en fermant fort les yeux, ne retirant pas pour autant sa main pendant que Samuel prenait soin de passer de la neige sur sa brûlure, en lui assurant que ça ne pourrait que lui faire du bien. Frottant ses genoux l’un contre l’autre et après avoir récupéré sa main qu’il fixait avec une petite moue, Aaron retrouva son sourire quand Samuel lui demanda s’il était là pour ses achats de Noël, sourire qui disparut aussitôt quand son interlocuteur évoqua son orientation sexuelle tout à fait naturellement, sans même prendre la peine de parler un peu moins fort. Les yeux et la bouche grand ouverts, Aaron le fixa, ses joues rougies par le froid passant soudainement au blanc, alors qu’il se mettait à regarder autour d’eux en mode suricate à l’affût. Non ! Non, non, non ! Personne ne devait savoir ! Le chaton sentit son cœur avoir tout un tas de loupés, avant que son corps ne s’élance vers Samuel, sa main s’approchant de la bouche de celui-ci pour l’inviter à se taire.

« N-N-N-N-N-Ne dites pas des choses comme ça ! »

Sauf qu’au moment où sa main allait toucher la bouche de Samuel, Aaron couina et grimaça à cause d’une douleur vive au niveau de sa tête. La surprise de cette souffrance soudaine le déstabilisa et, au lieu de se retrouver à hauteur de son interlocuteur pour le faire taire, le chaton se retrouva à genoux, dans la neige. Ses mains s’étaient agrippées malgré lui au niveau de la ceinture de Samuel, tandis que son visage se retrouvait… Pile devant son entrejambe ! Il ne fallut pas longtemps pour que toute l’attention des passants se braque sur eux, des regards les jugeant aussitôt alors que de nombreuses messes basses outrées s’élevaient.

« N-Non ! C-Ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! »

Aaron s’était empressé de se tourner pour agiter ses mains, les larmes aux yeux. Quelle poisse… Voilà que tous les passants allaient s’imaginer des choses !

« S-Samuel ! D-Désolé ! C-Ce n’est pas du tout ce que je voulais faire ! J-Je n’oserais jamais vous faire ça ! »

Mon Dieu… Aaron avait présentement envie de disparaître dans un trou pour y mourir. Combien de fois l’avait-on déjà rejeté à cause de ses préférences amoureuses ? Il savait que Samuel n’avait rien contre les homosexuels du moment qu’on ne lui faisait pas d’avances mais… Est-ce qu’il n’allait pas croire que le chaton avait fait tout ça justement pour lui en faire ? L’Anglais sentit aussitôt des larmes couler sur ses joues, avant qu’il ne se relève pour partir en courant. Il ne voulait pas entendre Samuel lui dire qu’il le dégoûtait… Sauf que voilà, sa course se termina à peine deux mètres plus loin, puisqu’Aaron se mangea de plein fouet l’extrémité d’un petit sapin qu’un passant venait d’acheter, celui-ci s’étant retourné avec son arbre sous le bras pile au mauvais moment. Le chaton se retrouva donc de nouveau les genoux dans la neige à frotter son nez douloureux, avant de jeter un petit regard triste en arrière, espérant voir que Samuel était toujours là. Quel idiot, vraiment…

Il y a les bons et les mauvais contextes pour ce qu’il venait d’arriver. Sauf que là, CE N’ETAIT PAS DU TOUT UN BON CONTEXTE !!! Comment on en était arrivé là ? Bon, il y avait bien eu cette situation bizarre avec la femme pas sympathique, ça OK ! Sam avait pu la rembarrer comme il aimait si bien le faire, ça OK ! Mais la … Que dire de plus ? Non, en fait, il n’y a pas de mots pour ça.

Sam avait juste voulu bien faire, mettre de la neige sur la brûlure après que son interlocuteur fut surpris de découvrir qu’il n’avait pas grand monde à qui faire des surprises. C’était un mode de vie que Sam avait choisi à vrai dire. Compter sur les autres, c’est prendre le risque de se faire trahir… la confiance, trop peu pour lui. En revanche, ce qui avait fait ses preuves, c’était l’intérêt commun. Peu importe que l’autre ne soit pas proche, du moment que les intérêts devenait convergeant, alors, aucune chance de se prendre un coup de couteau dans le dos.

Le jeune voleur devait son mode de vie à tout ce qu’il avait vécu jusque-là et ne comptait pas changer grand-chose au final. Ou du moins, sauf si quelqu’un se sentait assez courageux(se) pour essayer. Mais ce n’était pas le sujet, tout était parti d’une simple phrase ou Samuel rappelait l’attrait d’Aaron pour les hommes. Peut-être pas de la façon la plus discrète qui soit mais que vouliez vous, Sam ne pouvait pas être discret partout.

La situation prit alors une tournure inattendue, pour ne pas dire indécente quand le brun sembla glisser pour se retrouver à genou dans la pire des positions possible. Le souci, c’est que là ou n’importe qui aurait pu être mal à l’aise dans une situation pareille, Sam ne perdit pas vraiment sa répartit et lâcha avec un sourire amusé.

- Non mais ne faut pas te gêner ! Va falloir me montrer ta reconnaissance d’une manière parce que je t’avouerais… je ne suis pas chaud du tout là !

Cependant, après moult excuse, Aaron choisit la fuite en lâchant que ce n’était pas ce qu’il pensait. Mais si Aaron n’avait rien à se reprocher, pourquoi prenait-il la fuite ? Ce n’était pas très logique non ? Sam s’apprêta à lui courir après… non mais quel couple bizarre devait se dire les passants. Cependant, il n’aura pas eu besoin d’aller vite, car le brun se mangea un arbre de plein fouet et tomba à genoux… encore.

- Aie, ça, ce n’est pas de chance.

Lâcha le jeune voleur en s’approchant de lui pour se pencher doucement vers Aaron avec un grand sourire amusé. C’est vrai quoi, la situation était trop drôle. Dans un film comique, c’était un coup à avoir un fou rire non ? Il demanda d’une voix tout ce qu’il y avait de plus naturel.

- Alors, tu l’as aimé la verdure du beau sapin ? Il ne t’a pas raté lui en tout cas.

Puis il s’excusa auprès de l’homme qui s’en voulait visiblement aussi avant de reporter son attention envers Aaron.

- Bon, maintenant, ça te dit qu’on tourne la page et qu’on oublie cette histoire ? Tous les deux ? Sinon, je ne suis pas sûr que tu trouves la sortie de ce marché en vie… c’est dire… il y a encore beaucoup de sapin sur ta route, tu sais !

Un petit rire et il tendit sa main pour s’assurer que le barman n’avait rien. … Une main amicale !!!

Comment c’était possible d’avoir un tel karma ?! Non, franchement, Aaron était en pleine réflexion sur le fait qu’il vaudrait mieux pour l’humanité tout entière qu’il ne mette plus jamais le nez dehors ! S’il était déjà une véritable catastrophe pour de pauvres inconnus, il semblait l’être encore plus avec les personnes qu’il appréciait. Pourquoi avait-il fallu qu’il se retrouve dans une telle position devant Samuel ? Alors que celui-ci lui avait déjà clairement fait comprendre lors de leur première rencontre que ce n’était pas du tout dans ses fantasmes de passer un moment plus intime avec un autre homme ? Le chaton en avait la nausée de se retrouver face à l’entrejambe de l’Américain. Pas que c’était quelque chose qui le répugnait, mais c’était surtout qu’il se sentait pire que mal à l’idée que son vis-à-vis lui dise qu’il le dégoûtait et qu’il était le pire déchet de l’univers à lui faire de telles avances, surtout en public. Mort de honte, de grosses larmes embuant déjà les yeux d’Aaron à l’idée de perdre quelqu’un qu’il appréciait (c’était limite s’il ne considérait pas déjà Samuel comme un ami, étant donné que c’était la deuxième fois qu’ils se croisaient), l’Anglais n’entendit même pas la réplique amusée de son interlocuteur, trop occupé à se confondre en excuses avant de carrément prendre la fuite afin de ne pas risquer d’entendre des mots qui lui déchireraient le cœur.

Sauf que voilà, un malheur n’arrivant jamais seul, surtout dans le cas d’Aaron, sa course fut stoppée nette par la pointe d’un sapin qui vint gaiement lui faire la bise. Le chaton tomba à genoux sur le sol en chouinant et en se tenant son nez douloureux entre les mains, avant de sursauter et de couiner en entendant la voix de Samuel s’élever près de lui. L’Anglais le fixa avec de grands yeux ronds, s’étant attendu à une tonne de mots méchants mais… Ce ne fut pas le cas. Et il lui tendait même la main en plus d’essayer de le rassurer en plaisantant ! Non… Cet homme était vraiment comme un ange tombé du ciel ! Aaron, le visage trempé par ses larmes, renifla bruyamment et osa à peine attraper le bout des doigts de Samuel, le visage rougi à cause de son rapprochement soudain avec ce foutu sapin.

« Samuel… Pourquoi vous êtes aussi gentil avec moi ? V-Vous savez, s-si vous restez avec moi… Il va forcément vous arriver des malheurs… C-Ce sapin par exemple… V-Vous auriez très bien pu vous le prendre à ma place ! J-Je crois que j’ai été maudit dans une autre vie, i-il m’arrive toujours des mésaventures… V-Vous êtes beaucoup trop gentil… Ca m’embêterait que je vous contamine avec mon karma… »

D’ailleurs, peut-être que la contamination pouvait se faire par simple contact ! Aaron retira donc bien vite sa main de celle de Samuel pour se relever par lui-même, non sans scruter les environs avec un air de bête traquée, simplement pour s’assurer qu’aucun sapin ne se trouvait dans les parages.

« J-Je vous l’ai déjà dit, v-vous n’avez rien à craindre de moi sur… ce sujet. J-J’ai bien compris que vous n’étiez pas comme moi et jamais je n’oserai vous faire quoi que ce soit ! Je vous le promets ! Ah e-et… Je peux vous assurer que les sapins n’ont pas bon goût… »

Aaron grimaça en tordant sa bouche dans tous les sens, essayant visiblement de retirer ce goût désagréable de verdure qu’il avait sur la langue. Puis, après quelques secondes de silence, le chaton releva un regard timide vers son vis-à-vis.

« Dites… Est-ce que vous me laisseriez vous offrir un cadeau pour Noël ? J-Je… Vous êtes si gentil avec moi et vous ne m’avez pas encore balancé dans une poubelle en disant que je vous dégoûtais alors je… Je voudrais vous remercier ! J-Je suis sûr que peu de personnes auraient accepté de tourner la page après ce qu’il vient de se passer… »

Aaron baissa les yeux et soupira profondément. Le pire, c’était que cette histoire de poubelle était du vécu ! Le chaton se frotta ensuite nerveusement l’épaule avec une petite moue, avant de réaliser ce qu’il venait de dire.

« Ah ! P-Par contre, je n’attends rien en retour ! J-Je fais vraiment ça pour vous remercier, pas pour que vous m’offriez quelque chose vous aussi ! Je n’oserais pas ! P-Par contre… Est-ce que quelque chose en particulier vous ferait plaisir ? »

Bah oui, gros malin ! C’était bien beau de vouloir offrir un cadeau à quelqu’un, mais sans le connaître, c’était tout de suite plus difficile de savoir ce qui pourrait lui plaire !

Samuel devait admettre que cette rencontre l’amuser beaucoup. Il ne rencontrait pas souvent des personnes comme Aaron et c’était plutôt rafraîchissant en réalité. Ce type avait une telle innocence que le jeune voleur ne savait même pas s’il devait le détester ou l’apprécier par moment. Quoi qu’il en soit, la situation actuelle était déjà riche en rebondissement et depuis un moment, Samuel allait de surprise en surprise.

Samuel tenta donc de l’aider à se détendre, après tout personne dans ce marché ne le ferait donc autant qu’il s’y colle. Aaron était typiquement le genre de personne dangereux pour lui-même. Une main tendue ne pouvait donc que lui faire du bien et le jeune homme ajouta même une petite plaisanterie pour rendre la situation plus légère… Il savait au moins faire ça.

Les mots du barman eurent le don de faire rire le voleur qui se disait que ce type était clairement loin de tout savoir sur lui. En même temps, Samuel ne parlait pas souvent de lui et quand il le faisait, c’était souvent beaucoup de mensonge avec très peu de vérité entre les lignes. Le jeune homme aurait pu faire du théâtre sur ce point, car l’improvisation était clairement un talent naturel. Il ne put donc s’empêcher de rire en lâchant.

- T’inquiètes pas pour ça, mon karma peut difficilement me faire du mal à l’heure actuelle et je ne risque pas grand-chose.

La suite eut encore plus le don de faire hausser un sourcil au voleur qui observa son interlocuteur avec un calme plus qu’apparent. Sam n’était clairement pas en position de se sentir en danger avec Aaron. Samuel lui mit une petite pichenette sur le front avant de dire d’une voix détendue.

- Comme si tu me faisais peur ! T’en a d’autre des comme ça ? Bien sûr que je n’ai rien à craindre de toi, tu te doutes bien que je te ferais manger un sapin en entier si tu oses seulement me faire des avances !

De surprise en surprise, Samuel n’aurait pas pu s’attendre à la suite. Ce type, il était décidément trop mignon même pour son propre bien. Samuel devait à tout prix trouver une excuse pour éviter de se sentir redevable, car même si le barman lui disait que c’était à sens unique, Sam n’aimait pas cette façon de faire. On ne lui avait pour ainsi dire jamais réellement fait de cadeau dans toute sa vie. Ce qu’il avait toujours voulu, il le prenait purement et simplement. Ce mode de vie lui convenait, et même si c’était puéril, il ne voulait pas de cadeau, car il avait le sentiment qu’on avait juste pitié de lui. Finalement, le mettre dans une poubelle ne lui sembla pas être une idée aussi déplaisante sur le coup.

- Oh, tu sais…

Il observa les alentours, mais ce n’était qu’une astuce pour gagner un peu de temps. Vite un mensonge !

- Chez moi, Noel et les cadeaux, tout ça. Ce n’est pas trop notre truc. Je n’ai pas grandi dans un milieu où on s’épanchait en tendresse et affection de ce genre. Mais si tu tiens tant que ça à me faire un cadeau… J’ai une idée !

Samuel sourit, comment entourlouper une personne en deux leçons. Lui faire naître l’espoir que cette demande allait probablement être accepté. Pour ensuite lâcher la bombe qui sera d’office plus facilement accepter.

- Je voudrais que tu te fasses un cadeau à toi-même ! Le marché est grand, je suis sûr que tu peux te trouver un truc sympa.

Offrir un cadeau en se le faisant soi-même… Samuel pouvait être sadique parfois. Mais il observa le barman avec un sourire amusé.

Aaron était vraiment beaucoup trop bon pour cette planète… Lui qui détestait la solitude, il s’évertuait pourtant à repousser les gens qui s’approchaient trop de lui afin de les protéger contre son karma maudit. Manque de chance, Samuel ne semblait pas du tout effrayé et il n’avait pas l’air non plus de vouloir le laisser… Cet homme était vraiment trop gentil avec le chaton, alors qu’il n’avait pourtant fait que lui causer des ennuis depuis leur première rencontre… Était-ce parce qu’il avait un côté maso ? En tout cas, aux mots de l’Américain, Aaron ouvrit de grands yeux ronds et secoua vivement ses mains devant lui.

« J-Je vous l’ai promis ! J-Jamais je ne vous ferai d’avances ! A-Alors s’il-vous-plaît… L-Laissez les sapins là où ils sont… J’arrive déjà à en manger des morceaux tout seul et je peux vous assurer que le goût que ça laisse en bouche est plutôt désagréable… »

L’Anglais appuya ses dires avec une grimace, alors qu’il semblait frotter sa langue contre ses dents pour chasser ce vilain goût de verdure.

Puis, avant de se redresser, Aaron entreprit de trouver un moyen de remercier Samuel pour sa gentillesse et sa volonté de ne pas fuir malgré les nombreux avertissements que le chaton lui avait pourtant déjà faits. Ce fut donc tout naturellement, la période de l’année aidant, que l’Anglais décida d’offrir un cadeau à son ami. Et si l’Américain ne semblait pas vraiment partant au début, au moment où il avoua avoir une idée, le regard du chaton se mit à pétiller et un grand sourire illumina son visage encore un peu trempé par les larmes. Il était comme suspendu aux lèvres de Samuel, attendant qu’il lui dise ce qu’il souhaitait qu’Aaron lui offre, mais la réponse eut l’effet d’un ascenseur émotionnel pour l’Anglais qui prit un air choqué.

« M-Mais non ! Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Si je veux vous faire un cadeau, ce n’est pas pour m’en offrir un ! Ce… C’est contraire à la loi de Noël ! »

Venait-il d’inventer cette loi ? Absolument ! Aaron se releva et tapota ses vêtements pour en chasser les quelques aiguilles de sapin qui s’y étaient accrochées, puis la neige qui avait plus fondu qu’autre chose au niveau de ses fesses et de ses genoux. Le chaton fronça ensuite très fort les sourcils, posant ses mains sur ses hanches alors qu’il fixait Samuel.

« Je me suis déjà offert un chocolat chaud en plus tout à l’heure ! C’est déjà bien suffisant ! Même si je n’ai pas pu le boire en entier au final… Mais qu’importe ! J-Je ne suis pas d’accord Samuel ! »

L’Anglais voulait se donner un air intransigeant, mais ce serait sans doute assez difficile pour Samuel de le prendre au sérieux vu qu’il connaissait déjà un peu le tempérament beaucoup trop gentil du chaton. Le barman se tint d’ailleurs bien droit en levant le menton et en croisant les bras contre son torse.

« J-Je ne changerai pas d’avis, vous êtes prévenu ! Je tiens vraiment à vous offrir ce cadeau, même si ce n’est pas dans vos habitudes ! Vous êtes arrivé dans un nouveau pays, c’est l’occasion de faire des choses que vous ne faisiez pas avant, vous ne croyez pas ? Vous n’avez pas le droit de refuser un témoignage de mon affection et de ma gratitude, ce n’est pas poli ! »

Aaron entrouvrit un œil pour fixer Samuel, espérant voir que son petit manège avait fonctionné et qu’il capitulerait.

« Vous savez, si vous refusez, je vous suivrai jusqu’à ce que vous cédiez ! Et si jamais c’est trop long, je vous offrirai quand même quelque chose, mais ça risque de ne pas du tout vous plaire, ça serait dommage. Alors ? Qu’est-ce que vous préférez ? »

C’était qu’il était borné le chaton quand il le voulait !

Avait-il été seulement sérieux lorsqu’il avait parlé de faire manger un sapin entier au barman ? Samuel n’avait jamais été catalogué comme quelqu’un de violent, certainement pas. Mais fourbe ? Oui, c’était bien son genre, le jeune voleur pouvait purement détruire la vie d’une personne qui lui faisait trop de tort par bien des moyens. Le vétérinaire d’Isabella en avait déjà eu un avant-gout alors que Samuel n’avait pas vraiment de grief au-delà du fait qu’il n’aimait pas les escrocs malhonnêtes.

Bon, le principe d’un escroc honnête pouvait être un grand paradoxe, mais c’est ce que Sam voulait être. Ne pas utiliser son don pour uniquement profiter des autres. Il voulut rassurer l’homme concernant le fait qu’il avait surtout dit ça pour plaisanter et qu’il ne ferait rien de tel… mais c’était plus drôle de le laisser croire ça au final.

Cependant, la suite déplut quelque peu au jeune voleur, constatant que son compagnon de fortune semblait bien décider à se rebiffer contre la décision de Samuel. Bon sang, devait-il lever la voix ? Non, Aaron allait lui faire de la peine et il allait céder après. Alors que le barman déroulait différentes excuses qui eurent le don de faire lever les yeux au ciel à Samuel, ce dernier fini par lâcher d’une voix contrarié.

- Oui, bon, ça va ! Ça va ! J’ai compris, tu ne veux pas lâcher l’affaire quoi…

Il soupira et observa les alentours, la solution habituelle pour se donner quelques micros seconde pour trouver une solution tout en répondant à la question d’Aaron sur le fait qu’il devait faire des nouvelles choses.

- Si tu savais le nombre de choses qui m’ont déjà sorti de ma routine depuis peu… J’ai même était surpris par une fliquette, c’est pour dire que ça je l’ai pas vu venir. Alors je n’ai pas trop envie de trop m’essayer à la nouveauté si c’est pour perdre pied à ce point.

Sunny avait clairement eu le don de sortir des codes habituels de ce qu’il imaginait et avait vu parmi les agents de l’ordre. Samuel trouva une solution, une solution qui allait avoir le don de faire rapidement changer les idées et oublier cette idée de cadeau. Il proposa sur un ton un peu plus enjoué… Ce qui pour ceux qui le connaissaient été mauvais signe.

- Bon, je n’ai pas d’idée, mais je te propose un truc. On peut faire un tour sur le marché de Noël et si tu vois un truc sympa à m’offrir ! Je ne m’y opposerais pas.

Il se mit à le pousser gentiment pour prendre la marche, mais d’un geste habile et hors des champs de vision, il lui piqua son porte-monnaie. Voilà ! Pas d’argent, pas de cadeau ! Confisqué jusqu’à nouvel ordre ! De toute façon, il sera trop occupé à le chercher dans pas longtemps pour songer au cadeau ! Mais ce type était tellement peu méfiant que le volé n’en était même pas amusant… Le voleur avait presque honte devant tant de facilité. Samuel n'était pas peu fier de son idée cela dit et lâcha d’une voix calme.

- Alors, tu veux qu’on aille voir quel stand ? Oh est compte pas sur moi pour te tenir la main !

Il fallait qu’il l’embête sur ça, c’était plus fort que lui.

Aaron n’en démordrait pas ! Il voulait offrir un petit cadeau à Samuel et il n’allait certainement pas accéder à sa demande de lui faire plaisir autrement en s’offrant un cadeau à lui-même ! Le chaton n’était pas vraiment du genre à se rebeller et ça se voyait, ce qui faisait qu’il était presque impossible de le prendre au sérieux, mais, par chance, Samuel céda le premier, ce qui fit naître un immense sourire sur le visage de l’Anglais. Ses yeux se mirent à pétiller de joie alors qu’il écoutait son voisin lui dire qu’il avait déjà vécu beaucoup de choses qui l’avaient sorti de sa routine, évoquant même… La police ?! Le sourire d’Aaron disparut aussitôt, son teint blêmissant et ses yeux s’ouvrant en grand.

« L-La police ? Vous avez eu des ennuis avec la police ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Vous avez perdu un pied ? »

Aaron baissa immédiatement son regard vers les pieds de Samuel pour vérifier, fronçant les sourcils en constatant qu’il semblait toujours disposer de ses deux membres. Le chaton avait un peu trop tendance à tout prendre au premier degré et ne comprenait pas toutes les expressions imagées, ce qui avait été le cas ici.

« Ah, ou alors vous parliez simplement d’une chaussure… En tout cas, ne vous inquiétez pas ! Je ne compte pas faire quoi que ce soit à vos pieds ou vos chaussures, alors vous pouvez me faire confiance ! Je suis sûr que ça vous fera plaisir de sortir un peu de votre routine avec un cadeau offert par un ami ! »

Aaron se précipitait sans doute un peu en se qualifiant de la sorte, mais c’était bel et bien comme ça qu’il voyait Samuel de son côté !

Quoi qu’il en soit, le chaton retrouva bien vite son sourire quand son ami lui proposa de faire un tour sur le marché de Noël pour trouver quelque chose à lui offrir. Ses yeux pétillèrent à nouveau, avant qu’un grognement ne passe ses lèvres, celles-ci se tordant en une moue ronchon.

« Arrêtez de me taquiner avec ça… Je vous ai déjà assuré que je ne ferai rien pour vous mettre mal à l’aise, alors je ne vous demanderai pas de me tenir la main, ne vous inquiétez pas. »

Aaron garda sa petite moue quelques secondes pendant que son regard parcourait les différents stands, jusqu’à ce qu’il s’arrête sur un chalet qui proposait des vêtements en laine tricotés à la main par la tenancière, si on en croyait la pancarte placardée sur l’un des volets.

« J’ai trouvé ! Venez ! »

Et sans s’en rendre compte, Aaron rompit déjà sa promesse et se saisit de la main de Samuel pour l’entraîner à sa suite vers le petit stand, se faufilant parmi la foule un peu dense sans lâcher la main de son ami. Ce ne fut qu’une fois devant le chalet que le chaton se tourna vers son voisin avec un grand sourire et des yeux pétillants.

« Qu’en dites-vous ? Est-ce que vous préférez un bonnet ? Ou des gants ? Ou une écharpe ? Il y a aussi des plaids et même des vêtements pour les animaux, c’est trop mignon ! Vous avez des animaux ? Quelle est votre couleur préférée ? Ah ! Vous n’êtes pas allergique à la laine au moins, rassurez-moi ! »

Aaron était tellement heureux à l’idée de pouvoir offrir un cadeau à quelqu’un, qu’il commençait à vraiment ressembler à pile électrique sur pattes. Son cerveau fonctionnait à toute allure, avec quelques sensations douloureuses qui surgissaient parfois parmi toutes ses pensées. Le chaton grimaça d’ailleurs légèrement à cause d’une douleur plus forte, essayant quand même de ne rien laisser paraître à son voisin. Sauf que voilà, sans trop savoir pourquoi, ni comment, le karma frappa à nouveau et les petits volets du stand, qui servaient à fermer boutique à la fin de la journée, se détachèrent et se claquèrent d’un coup. Aaron fixa le chalet à présent clos avec des yeux reonds, les deux hommes s’étant par chance trouvés suffisamment éloignés pour ne pas se prendre les volets de plein fouet quand ils s’étaient refermés.

« Mais… Madame ? Vous ne voulez pas nous vendre vos vêtements ? Ce n’est pas très gentil… »

Aaron était hyper déçu, tournant son visage vers Samuel à la recherche de réponses. Comme si le pauvre Américain pouvait en avoir…

S’il y a bien une chose qu’il fallait laisser à Aaron, c’est qu’il parvenait toujours à surprendre un peu plus Samuel à chaque instant de la conversation. C’était bien la première fois que le jeune homme voyait l’intégralité de ce qu’il pouvait dire être pris en compte dans la discussion. Jusqu’à la moindre petite expression qui pourtant pouvait être comprise par à peu près n’importe qui. Oui, car Aaron n’était clairement pas à classer dans la même catégorie que la plupart des gens et Samuel en avait presque de la peine pour lui. Il ressemblait à un petit lapin blanc tout mignon au milieu d’une forêt remplis de différente créature carnivore en tout genre. Cette pensée fit d’ailleurs involontairement pouffer le voleur alors que son interlocuteur s’inquiétait de ses démêlés avec la police avant de parler de chaussure.

- Euh, ok, tu pars un petit peu trop loin pour moi mon ami ! On va dire que ce n’est pas grave et on tourne la page sur cette histoire d’accord ?

Proposa avec un grand sourire Samuel qui était plus amusé qu’offusqué par cette scène particulièrement bizarre. Non content de lui piquer son portefeuille ensuite, le jeune homme invita le chat noir à faire un tour du marché de Noël en espérant que ce dernier avec la frousse d’avoir perdu son bien oublierait complétement cette histoire de cadeau. Mais rapidement et contre toute attendre, à l’arrivée au premier stand, ce dernier se ferma d’un coup de façon peu naturel ce qui indiqua au jeune homme qu’il y avait sûrement un souci avec le volet… Aaron comprit visiblement tout de travers encore une fois ce qui fit hausser un sourcil au voleur … encore.

Ce dernier cru bon d’intervenir en prenant Aaron par les épaules et en l’invitant à continuer tout en lâchant.

- Bah, ce n’est pas grave, y a plein de stands encore et on ne va pas manquer d’occupation, allé viens !

Il éclipsa cependant en passant le loquet qui avait hermétiquement fermé le volet de l’extérieur pour que la femme puisse l’ouvrir après leur départ, le tout discrètement. Pendant la marche, Samuel remarqua cependant rapidement quelque chose d’anormal, un gamin de 12 ans environ qui avait rapidement subtilisé une pomme d’amour à un stand et s’ennuyer dans sa direction. Pas de chance pour lui, si le gérant ne l’avait pas vu, Sam oui. Il l’arrêta en lui attrapant le bras avec un geste détendu tout en lâchant avec un grand sourire.

- Eh ! Dis-moi, tu l’as payé cette friandise ?

Le garçon hésita avant de répondre oui, mais Samuel eu un sourire peu crédible tant il n’était pas convaincu. Il lâcha d’une voix plutôt calme.

- C’est ça ! Prends-moi pour un idiot au passage, allé donne-moi ça et estime toi heureux que je ne te ramène pas devant le gérant pour qu’il me confirme ta version.

De peur, le garçon se délesta sans aucun souci de son bien et Samuel lâcha d’une voix amusée pour qu’Aaron comprenne un peu le pourquoi du comment de son geste.

- Qui vole un œuf, vole un bœuf comme on dit. Ça commence par une petite friandise et ça ne finira pas volé des sacs à main à des pauvres grands-mères sans défense à l’Age adulte. Donc, j’ai pris l’habitude de stoppé les petits malins dans son genre qui flippe bien plus comme ça qu’avec une remontrance.

Sam croqua ensuite dans la pomme sans aucun souci face à Aaron puis se justifia en avouant.

- Quoi ?! Je ne suis pas complétement con, c’est moi qu’on va accuser de vol après et je m’en passe très bien !

Si n’importe qui n’aurait fait que convenir à cette logique, après tout, voler un voleur était-ce un mal ? Samuel n’avait pas fait de tort au gérant du stand pour sa part. Mais il oublia bien vite que ce n’était pas n’importe qui qu’il avait en face de lui….

« Mon ami » ? Les joues d’Aaron se teintèrent immédiatement quand il entendit ces deux petits mots, son cœur faisant un bond dans sa poitrine. Alors… Samuel aussi le considérait comme un ami ? C’était merveilleux, incroyablement merveilleux ! Depuis qu’il avait décidé de partir pour Banchisa pour écrire une nouvelle page de sa vie, c’était la première fois qu’on le considérait comme tel ! Le chaton en avait même les larmes aux yeux, n’écoutant qu’à moitié ce que lui disait l’Américain, préférant acquiescer vaguement de la tête sans même savoir ce qu’il approuvait réellement.

Le chaton se laissa alors à nouveau entraîner dans l’effervescence du marché de Noël pour trouver un stand où il pourrait acheter un petit cadeau à son ami. Aaron jeta son dévolu sur une maisonnette en bois qui vendait divers articles en laine tricotés à la main, mais le karma frappa à nouveau, le volet du chalet se fermant sans crier gare, comme si la vendeuse avait décidé qu’elle ne voulait rien vendre au chaton qui s’offusqua légèrement, gonflant ses joues en lançant à l’adresse de la dame que ce n’était pas poli. Il allait frapper au volet pour insister et essayer de comprendre pourquoi elle avait réagi comme ça, mais Samuel l’attrapa par les épaules pour lui faire faire demi-tour et l’inviter à poursuivre leur route. Aaron le fixa avec une petite moue boudeuse, capitulant malgré tout.

« C’est dommage… Il y avait pourtant de jolies choses et nous aurions même pu porter la même écharpe ! Comme deux vrais amis ! »

Bon, le chaton n’y était pas vraiment, c’était plutôt un truc de couple que d’amis que de porter les mêmes vêtements mais bon… Le sujet fut de toute façon rapidement mis de côté puisqu’il n’y avait plus d’autres stands de vêtements, les deux amis avançant entre plusieurs chalets proposant diverses choses à boire ou à manger. Ce fut d’ailleurs en passant devant une maisonnette qui vendait des pommes d’amour que leur route fut stoppée par un garçon qui venait de voler l’une de ces friandises. Samuel l’arrêta et récupéra la pomme volée pendant que le détrousseur s’enfuyait sans demander son reste afin d’éviter les problèmes. Aaron suivit la scène avec de grands yeux ronds, écoutant les explications de l’Américain en hochant doucement la tête.

« O-Oui, vous avez eu raison de l’arrêter ! I-Il aurait pu avoir de gros problèmes si c’était quelqu’un d’autre qui s’en était aperçu, al- MAIS ! »

Aaron sentit sa bouche s’ouvrir en grand sous la surprise quand il constata que Samuel croquait dans la pomme volée au voleur, le plus naturellement du monde.

« Attendez ! Vous ne devez pas faire ça ! C-Cette pomme a été volée ! On va croire que c’est vous le coupable ! S-Si vous ne voulez pas avoir de soucis, i-il suffit de payer cette pomme ! Comme ça, elle ne sera plus volée et vous pourrez la manger tranquillement ! A-Attendez, j-je m’en occupe ! »

Aaron était en pleine panique, imaginant déjà que la police allait débarquer et passer les menottes à Samuel, qui serait ensuite condamné pour une lourde peine à cause de ce vol qu’il n’avait même pas commis au départ. Il gigota alors dans tous les sens pour essayer de mettre la main sur son portefeuille, mais…

« Tiens ? Où est-il passé ? Je… Je l’avais pourtant mis ici après avoir acheté mon chocolat chaud… »

Le chaton continua à fouiller absolument partout dans ses vêtements à la recherche de son argent, en vain. Sa panique s’amplifia encore alors qu’il attrapait le poignet de Samuel pour qu’il arrête de croquer dans cette fichue pomme « empoisonnée ».

« Attendez ! Je voulais payer cette pomme pour régler le malentendu, mais je ne retrouve pas mon portefeuille… J-J’ai… J’ai dû le faire tomber quand je me suis pris le sapin dans le nez tout à l’heure… J-Je suis désolé, mais vous devriez arrêter de manger cette pomme, je ne veux pas que vous ayez encore d’autres soucis avec la police ! Je dois juste… remettre la main sur mon portefeuille… »

Aaron avait le cœur qui battait très fort dans son torse, se mettant rapidement à quatre pattes dans le mince tapis de neige afin de commencer ses recherches. Il manqua de se faire piétiner par tous les passants qui marchaient dans le sens inverse, mais le chaton s’en moquait. Il était concentré : il fallait qu’il retrouve son portefeuille et sauve Samuel de la case prison !

Samuel hésita un petit moment à lui répondre, lui avouer que ce n’était pas trop son truc et qu’il passait le temps de son côté tout simplement… Enfin, c’était comme ça qu’il parvenait à se convaincre qu’il ne s’attacherait jamais à personne. Sa vie et son mode de vie le lui imposaient, pourtant, les liens n’était pas quelque chose que l’on pouvait décider d’avoir ou non parfois.

Qui qu’il en soit, il choisit de ne rien dire. Ce serait ignoble de réduire à néant les espoirs du barman qui semblait content de son idée. Puis de toute façon, ce n’est pas comme s’il allait réellement pouvoir acheter quoi que ce soit aujourd’hui. La chance s’en mêla même rapidement en coupant littéralement toute possibilité de faire affaire avec la marchande et de fait, ils s’étaient retrouvés à se diriger vers un nouveau stand quand Sam intercepta habillement un petit voleur de sucrerie.

La démarche de Samuel était purement symbolique. Ce n’est parce qu’une braise semble inoffensive qu’elle ne peut pas se changer en incendie. Ce qui ne demandait qu’une simple goutte d’eau pour être réglé à la base devient alors un problème beaucoup plus dur à gérer. Le voleur avait eu la chance de tomber sur des gens ayant un sens moral.

Cependant, Samuel n’avait pas non plus reçu la même éducation qu’Aaron et ce dernier se prit d’une idée bien étrange à l’oreille du jeune homme qui tenta tout de suite de l’en dissuader.

- Ah non ! Mauvais plan ! Très mauvais ! Oublie cette idée de suite, tu veux !

En vain, cependant, le plan de Samuel finit par porter ses fruits d’une façon plutôt inattendue. Coupant à nouveau dans son élan le barman qui se mit à gigoter pendant que Samy lâchait un soupir de soulagement de façon discrète. Il se contenta de montrer ensuite un air curieux et incompréhensif de la situation.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu cherches quelque chose ?

Évidemment, Sam se contentait simplement de donner le change et relevant à nouveau son poignet pour prendre un morceau de pomme histoire de mieux savourer le moment présent, mais son interlocuteur l’en empêcha tout en lâchant encore une fois une bombe qui ne manqua de faire rire Samuel à la larme tellement c’était inattendu. Quand il parvint à retrouver un peu sa contenance, il lâcha d’une voix amusée.

- On ne balance pas les gens en prison pour une pomme. Et tu pars un peu vite en besogne, j’ai jamais dit que j’avais des soucis avec la police. Je ne les aime pas, cela dit, mais j’ai juste parlé d’une fliquette… C’est tout.

Il fronça ensuite les sourcils en considérant la suite, entrevoyant une nouvelle possibilité de s’amuser un peu plus. Il lâcha un soupir de consternation et observa le chaton tout en lâchant avec un faux ton indignée.

- C’est fou ça, tu as quelqu’un que tu sais pertinemment être omniscient à côté de toi, et même pas, tu lui demandes son aide pour retrouver ton bien. Je ne sais pas comment je dois le prendre ! Mais si tu passé toute ta journée à quatre pattes sur le sol pour le retrouver et bien fait donc, mais ça va te prendre un temps fou.

Samuel était-il culoté ? Évidemment ! Mais il était bien capable de faire tourner en bourrique gentiment, son acolyte, ne serait-ce que pour lui donner à lui aussi une bonne leçon de vie. Il n’était pas assez méfiant et ça finirait par lui jouer des tours.

C’était une mauvaise idée… Cette pomme n’avait pas été volée par Samuel, certes, mais puisque c’était lui qui était actuellement en train de la manger, est-ce que ça ne faisait pas de lui le coupable par extension ? Il était tout bonnement hors de question pour le chaton de laisser son ami dans l’illégalité, ce qui pourrait d’ailleurs peut-être lui valoir de nouveaux ennuis avec la police. Il entreprit donc de chercher son portefeuille pour utiliser sa dernière petite pièce afin de régler une bonne fois pour toutes cette affaire. Sauf qu’en cherchant dans toutes les poches possibles et imaginables qu’il avait sur lui, Aaron ne parvint pas à retrouver son bien.

« M-Mon portefeuille… J-Je ne le retrouve plus… J’ai dû le faire tomber sur le chemin… Je suis sincèrement désolé, je n’arrête pas de vous causer des ennuis alors que je cherche pourtant seulement à vous faire plaisir… »

Aaron soupira doucement, avant de rester interdit en entendant Samuel se mettre à rire. Le chaton afficha une mine faussement contrariée en gonflant les joues et en fronçant les sourcils.

« Mais vous avez dit tout à l’heure « qui vole un œuf, vole un bœuf »… Vous avez récupéré quelque chose qui a été volé, c’est donc vous qu’on va accuser de ce crime ! Vous n’irez peut-être pas en prison pour ça, mais vous risquez quand même d’avoir des ennuis et il vaut mieux payer directement la pomme que payer une amende ! Oh… À moins que vous cherchiez justement à attirer l’attention de la police pour revoir cette dame ? »

Aaron avait une logique parfois assez étrange, se disant que si Samuel n’avait pas eu de soucis avec la police, mais qu’il parlait de cette femme, c’était peut-être parce qu’il l’aimait bien !

La scène de la rencontre entre le sapin et son nez lui revint alors en mémoire, le chaton se mettant à quatre pattes dans la fine couche de neige qui recouvrait le bitume pour chercher son portefeuille, tout en se disant intérieurement qu’il était impossible qu’un type comme lui puisse vraiment se faire des amis… Samuel finirait forcément par en avoir marre au bout d’un moment ! Surtout que bon, jusqu’à maintenant, le karma du chaton l’avait plus ou moins épargné, mais s’il venait à l’impacter lui aussi… Non, il fallait qu’Aaron fasse tout ce qui était en son pouvoir pour ne jamais mettre le pauvre Samuel dans une situation aussi désagréable !

Les mots de Samuel stoppèrent ensuite net le chaton, qui tourna sa tête vers lui, son visage trahissant clairement sa grande envie de fondre en larmes à cause de ce nouveau malheur qui s’abattait sur lui.

« A-Ah ! Non ! Ne vous vexez pas ! J-Je ne voulais pas vous embêter avec ça ! Et je voulais encore moins que vous pensiez que je ne veux pas de votre aide ! C-C’est ma faute si j’ai perdu mon portefeuille après tout ! Vous n’avez pas à en subir les conséquences, même si vous êtes… Désolé, mais c’est quoi un Homme ni 100 ? »

Aaron se sentait affreusement bête, se redressant finalement avec une moue digne d’un gamin qu’on venait de gronder. Il finit par baisser la tête et même s’incliner devant son ami.

« S-S’il-vous-plaît Samuel… E-Est-ce que vous croyez que vous pourriez m’aider à retrouver mon portefeuille ? J-Je… Il n’est pas très gros et il n’est même pas beau, c-c’est un simple portefeuille marron tout abîmé… J-Je crois que j’ai dû le faire tomber tout à l’heure à cause du sapin… J’espère juste qu’on ne me l’a pas volé… Je n’avais presque plus d’argent à l’intérieur, mais je vais être sacrément embêté si je n’ai plus mes papiers… »

Le chaton soupira et frotta nerveusement sa chaussure sur la fine couche de neige qui recouvrait le bitume, la faisant disparaître au fur et à mesure pendant qu’il attendait que Samuel accepte de lui donner un coup de main. Décidément… Il allait lui être redevable jusqu’à la fin des temps s’il ne cessait de lui venir en aide !

Évidement que Samuel savait pertinemment ce que le barman cherchait. Mais c’était plus facile de jouer les idiots, après tout, les autres baissaient bien souvent leur garde face à quelqu’un qui ne semblait pas trop sûr de lui à chaque fois. Si Samuel n'avait pas fait mine d’être étonné par son camarade en train de chercher un truc, alors il aurait pu être suspect d’office.

Se retenant de rire, n’affichant même pas une once d’émotion de joie sur son visage face à la scène qu’il avait pourtant lui-même provoqué en subtilisant le bien de ce pauvre garçon. Samuel sourit doucement en ajoutant pour mieux emmêler la situation, en réponse aux mots du barman sur ce qu’il avait dit juste avant.

- De mieux en mieux, voilà que je me fais limite traiter de voleur maintenant. Ce n’est pas moi qui l’ai volé cette pomme hein. Donc je suis parfaitement innocent dans cette affaire et je ne dois rien non plus à ce vendeur.

Il était vrai, Samuel partait du principe qu’il n’avait pas à payer ce qu’il n’avait pas volé… ni ce qu’il volait d’ailleurs, mais l’avouer reviendrait à enfoncer une porte ouverte. Quoi qu’il en soit, de son point de vue, Aaron faisait fausse route dans son raisonnement et de toute façon, le sujet n’en était plus là. Il avait pris un malin plaisir à rappeler au barman que son pouvoir serait sûrement plus qu’utile pour retrouver le bien « perdu » de ce dernier. En parfait enfoiré, Samuel déclara donc une fois qu’Aaron avait fini de se répandre en excuse en tout genre.

- Bon, je vais accepter tes excuses pour cette fois. Mais ne recommence… Omniscient ! Banane ! Ça veut dire « tout savoir »… Oh bon sang, c’est un dico que je vais t’offrir en cadeau de Noël.

Il soupira, ce type avait le don pour lui faire perdre pied, mais il se reprit assez vite en écoutant la demande du barman avant de dire d’un ton songeur.

- Pourquoi on te l’aurait volé ? Ce serait absurde… Ici, il y a bien trop de monde et à part un maître incontesté dans la matière… franchement ce ne serait clairement pas à la portée du premier venu… Enfin, on parle de toi comme victime et je ne vais pas te mentir, ça remet un peu toutes les vérités en causes pour le coup. Tu es trop naïf et pas assez prudent.

Samuel sourit doucement et fit semblant de réfléchir. Puis dit d’un ton calme.

- Bon, on va miser sur la gentillesse des autres pour le moment, allons-nous renseigner au stand d’accueil, quelqu’un aurait peut-être pu le rapporter là-bas. Aller, on est parti et garde les yeux vers le sol… Non ! En fait, regarde devant toi, je me charge du sol. Il vaut mieux.

C’était logique, même si en soi, Samuel s’amusait surtout au dépens de ce pauvre homme, ce n’était pas pire que de recevoir un cadeau de sa part… Pour Sam.

Aux mots de Samuel, Aaron s’empressa d’ouvrir de grands yeux ronds et de secouer vivement ses mains devant lui, totalement paniqué.

« Ah ! N-Non ! C-Ce n’est pas du tout ce que j’ai voulu dire ! J-Jamais je ne pourrais vous qualifier de voleur ! C-C’est juste que, m-même si moi je sais que vous n’êtes pas coupable, j-je ne suis pas sûr que le vendeur pensera la même chose s’il remarque que vous mangez une pomme qu’il ne vous a jamais vendue, alors qu’on vient justement de lui en voler une ! »

Aaron n’aurait jamais osé affubler son ami d’un tel crime, il cherchait simplement à arranger la situation et à tout faire pour protéger Samuel, afin qu’il évite les problèmes. Et puis bon, le chaton étant ce qu’il était, il avait aussi envie de dédommager ce pauvre vendeur qui n’avait rien demandé et qui avait, par ce vol, souffert d’un manque à gagner. Alors certes, ce n’était qu’une pomme d’amour, rien de bien grave, mais peut-être que cet homme avait justement besoin de la somme exacte qu’il retirerait de la vente de ses pommes pour un projet important !

Quoi qu’il en soit, avant de songer à régler cette affaire de sucrerie volée, il fallait d’abord qu’Aaron remette la main sur son portefeuille, qu’il avait visiblement égaré sur le chemin. Après s’être confondu en excuses devant Samuel, le chaton s’entendit soupirer de soulagement quand l’Américain, en grand seigneur, accepta de lui pardonner. Par contre… Il voulait lui offrir un dictionnaire en cadeau ? Le serveur se sentit aussitôt effroyablement gêné.

« M-Mais non ! V-Vous feriez mieux de garder vos sous ! J-Je suis désolé, je… C-C’est que je n’ai pas fait de grandes études avant d’arriver ici, et même si je pense que mon italien n’est pas trop mauvais, il y a encore quelques mots que je ne connais pas… »

Aaron afficha une moue tel un petit chiot qu’on venait de gronder, avant de soupirer doucement. Ces mots, Samuel n’était pas le premier à les prononcer et l’Anglais savait qu’il devait faire un peu plus attention.

« J-Je suis désolé… On m’a souvent fait cette remarque, mais je trouverais ça dommage de me méfier de tout le monde, simplement au cas où… C’est comme ça qu’on passe à côté de personnes gentilles ! Après tout, si je m’étais vraiment méfié de vous quand on s’est rencontré pour la première fois et que vous m’avez fait peur avec vos yeux étranges, je n’aurais pas pu rencontrer mon premier vrai ami à Banchisa ! »

Aaron afficha un grand sourire à l’adresse de Samuel, avant d’hocher la tête à sa proposition et le suivre jusqu’au stand d’accueil. Puis, une fois devant la jeune femme, qui le salua chaleureusement, le chaton s’éclaircit la gorge en affichant un air gêné.

« Bonjour, d-désolé de vous déranger, mais c’est que… En réalité, j’ai égaré mon portefeuille il n’y a pas longtemps, et je voudrais savoir si quelqu’un vous l’aurait ramené. C’est qu’il n’y a pas beaucoup d’argent à l’intérieur et je serais prêt à céder les sous qui s’y trouvent si ça me permet de récupérer au moins mes papiers… »

Quel idiot d’avouer un truc pareil, franchement ! L’hôtesse le fixa avec un air surpris, avant de fouiller dans les objets trouvés et lui répondre à la négative. Les épaules du chaton s’affaissèrent aussitôt, alors qu’un soupir passait ses lèvres.

« Dommage… Vous avez eu une bonne idée en venant ici pourtant… M-mais du coup ! Si vous savez tout grâce à votre pouvoir, vous pouvez l’utiliser pour moi ? S’il-vous-plaît ! Je vous promets que vous pourrez me demander tout ce que vous voulez en échange ! Si c’est dans mes moyens évidemment ! »

Le chaton avait attrapé la manche de Samuel, le regardant presque avec des étoiles dans les yeux et un petit air tout mignon qui ferait craquer n’importe qui. C’était sans doute idiot d’insister autant, mais Aaron tenait vraiment à récupérer ses papiers !

« Vous me sauveriez vraiment la vie ! Encore une fois… S-Surtout que je n’ai pas trop envie d’aller au poste de police pour signaler la perte de mon portefeuille… J-J’y suis allé il y a quelques temps parce que je l’avais déjà égaré e-et… S-Si je peux éviter d’y retourner… »

Aaron frissonna et se frictionna énergiquement les bras avec ses mains, comme s’il essayait de chasser tous les mauvais souvenirs qui avaient ressurgi à la simple évocation de devoir mettre à nouveau les pieds dans un commissariat. C’était qu’il n’aimait pas du tout cet endroit, le chaton !