Offrande involontaire aux Tortues Ninja |PV Giulian|

Aujourd’hui, puisqu’il s’agissait de son jour de repos, Aaron avait pu faire la grasse matinée jusqu’à ce qu’un énorme pigeon percute de plein fouet une des fenêtres de la pièce principale de son studio, qui faisait office de chambre, de salon, de cuisine et de salle à manger. Forcément, ce bruit sourd et soudain fit vivement se redresser le serveur sur son matelas, son cœur battant tellement fort dans sa poitrine qu’il se demanda, l’espace d’un instant, s’il était possible qu’il s’échappe de son corps. Quoi qu’il en soit, ce réveil beaucoup trop brusque lui valut d’activer son pouvoir malgré lui et de littéralement prendre une douche froide : l’eau chaude semblait d’humeur taquine, présente quand le chaton tendait sa main pour tester la chaleur de la douche, avant de disparaître soudainement quand il se plaçait tout entier sous le pommeau, le manège s’étant répété à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’Aaron abandonne. Frigorifié, le chaton mit ensuite de longues minutes à se réchauffer, s’enroulant dans sa couette en sirotant un bon chocolat chaud.

Une fois son petit-déjeuner engloutit, ce qui ne fut pas bien long puisqu’il n’accompagna sa boisson chaude que d’une petite tartine de pain nature, l’Anglais décida de profiter du beau temps qui se profilait à l’horizon pour sortir faire quelques courses et se balader. Sa matinée fut donc dédiée au supermarché du coin, Aaron y passant sans doute 10 fois plus de temps que le client lambda à cause de ses maigres finances, qui l’obligeaient à absolument tout comparer pour ne prendre que le moins cher, ainsi qu’à calculer, du mieux qu’il le pouvait, le total de ses achats avant de se rendre à la caisse. Ça lui était déjà arrivé à plusieurs reprises de prendre plus que ce qu’il ne pouvait acheter avec son argent, et autant dire que c’était affreusement gênant quand le ou la caissière le jugeait du regard pendant qu’il devait choisir quels articles retirer ! Le chaton put ensuite rentrer chez lui pour se préparer un déjeuner tout aussi frugal que le repas qui avait précédé, se contentant d’un maigre sandwich avec un peu de jambon et du beurre. Sa petite folie du jour avait été de se prendre une pomme pour son dessert, fruit qu’il fourra avec un immense sourire dans la poche de sa veste à capuche quand il ressortit de chez lui en ce magnifique début d’après-midi.

Armé de son sac de voyage qu’il porta sur son dos, dans lequel se trouvaient son linge sale et sa précieuse lessive qui sentait incroyablement bon, Aaron flâna dans les rues qui séparaient son studio de la laverie la plus proche, finissant par en passer la porte et patienter en fixant ses vêtements qui tournaient par le hublot de la machine qu’il avait choisie. Puis, après un passage au sèche-linge, le chaton récupéra ses affaires non sans y plonger longuement le nez pour humer cette douce odeur qui en émanait. L’heure tournait, mais comme le soleil était toujours bien présent et que la chaleur de ses rayons était on ne peut plus agréable, Aaron décida de faire un détour par un petit parc pour s’y balader et profiter du beau temps. Le chaton prit donc place sur un banc, son sac posé à côté de lui, puis il profita simplement des bruits de la nature et des quelques personnes qui passaient près de lui, son regard s’arrêtant longuement sur un homme on ne peut plus charmant qui était en train de faire son footing. Cela faisait déjà plusieurs fois qu’il le voyait courir, et à chaque fois son petit cœur tout mou faisait un grand bond dans sa poitrine, ses joues se colorant de rouge alors qu’il détaillait chaque parcelle de la silhouette de cet apollon avec toute la discrétion dont il savait faire preuve (soit aucune). Sauf que cette fois, le joggeur ne se contenta pas de passer devant lui sans même lui adresser un regard… Non ! Cette fois, le bel inconnu lui offrit un grand sourire et même un signe de la tête pour le saluer !

Aaron se sentit fondre sur place, parfaitement incapable de répondre à cette politesse affreusement banale à cause de la surprise. Les joues écarlates, son corps se mettant presque à se consumer sur place, le chaton secoua son t-shirt pour faire passer un peu d’air en-dessous, préférant s’éloigner avant que ce bel inconnu ne voie dans quel état il venait de le mettre, simplement avec un sourire et un signe de la tête. Le chaton jeta donc en vitesse son sac de voyage sur son dos et se mit presque à courir pour quitter le parc, ne se rendant alors pas compte que la fermeture d’une des poches de son sac s’était ouverte. Et forcément, cette poche n’était autre que celle où se trouvaient les clés d’Aaron ! Alors, quand le serveur s’emmêla les pinceaux en essayant de marcher le plus vite possible et qu’il fit un magnifique vol plané sur le trottoir, non seulement sa précieuse pomme s’écrasa dans la poche de sa veste sous son poids, mais ses clés glissèrent également du sac, devant le regard interdit d’Aaron, jusqu’à tomber… dans un des trous d’une bouche d’égout non loin ! Non… Non, non, non, ce n’était pas possible ! Ce n’étaient pas ses clés ! Le chaton se redressa avec le menton légèrement meurtri par sa chute à cause du frottement de sa peau sur le bitume, fouillant son sac en en sortant tous ses vêtements propres, afin de confirmer que ces clés n’étaient pas les siennes. La panique était bien évidemment totale !

« Où est-ce que vous êtes ? Allez, petites clés ! Ce n’est vraiment pas gentil de vous cacher ! »

Sauf qu’après avoir vidé l’intégralité de son sac sur le trottoir, Aaron dut se rendre à l’évidence : ces clés qui venaient de tomber dans les égouts étaient les siennes ! Les larmes aux yeux, le chaton se mit à quatre pattes sur le trottoir, son regard fixant avec désespoir la plaque d’égout, comme si ses clés allaient soudainement en surgir.

« Mes clés… Ah ! E-Excusez-moi ! Est-ce que vous croyez que je peux ouvrir cette plaque d’égout ? M-Mes clés sont tombées dedans ! »

Mais le passant qu’Aaron avait interpellé s’écarta vivement en le regardant bizarrement, lui et ses vêtements étalés un peu partout sur le sol, reprenant bien vite sa route sans daigner lui accorder plus d’attention. Quelle poisse, vraiment !

Après une matinée de travail bien remplie, Giulian est en chemin pour rentrer chez lui. Il a avec lui un sac neutre dans lequel se trouvent deux produits qu'il a achetés au sex-shop, ils ont reçu quelques nouveautés et le brun a décidé d'en essayer certains. La boîte du premier est neutre, toute noire alors que la seconde affiche le produit sur sa boîte. Il va éviter de faire tomber son sac. Bon, il assume et n'a aucun souci avec le fait d'acheter ce genre de chose, mais ne voudrait pas avoir de problèmes du style : le produit tombe du sac, un passant con le voit et appelle la police pour dire qu'un pervers est en ville.

Enfin, il évite de trop y penser et se concentre sur le monde qui l'entoure. Il aime bien regarder les gens vivre quand il marche dans les rues de banchisa. Il est d'ailleurs témoin d'un événement inhabituel lorsqu'il arrive à proximité de chez lui. Un homme semble abattu, interpelle un témoin qui l'ignore royalement. Hum, autant Giulian est du genre à ne pas vouloir ce qui se passe dans le reste du monde, autant il ne va pas ignorer quelqu'un qui semble en plein désarroi devant lui.

Il attrape ses gants dans la poche de sa veste, les enfile (mieux vaut être prudent, il n'a pas encore pris trois pouvoirs aujourd'hui) et se dirige vers le jeune homme. L'air un peu inquiet, mais se voulant tout de même avenant.

"Hey. Ça va ? C'est à vous toutes ces affaires par terre ? Qu'est ce qui vous arrive ?"

Il est inquiet pour l'inconnu, ce dernier n'a vraiment pas l'air bien. Peut-être qu'il a une maladie psychologique et qu'il est en pleine crise. Giulian a vu un documentaire sur le sujet il n'y a pas longtemps, il appellera les pompiers si nécessaire. Ces derniers seront plus à même de gérer la situation que lui.

Le désespoir et la panique d’Aaron montèrent encore d’un cran quand le passant qu’il venait d’interpeller pour obtenir de l’aide l’avait jugé du regard et s’était soudainement écarté, comme s’il avait eu peur que le chaton se jette soudainement à son cou pour le mordre. Fort heureusement, quelqu’un fut finalement sensible à sa détresse, un jeune homme s’étant approché du serveur avec un air à la fois inquiet et avenant sur le visage. Quand sa voix s’éleva près d’Aaron, celui-ci tourna ses yeux sombres et larmoyants dans sa direction, avant de renifler bruyamment et hocher timidement la tête à ses deux premières questions.

« Je… J’étais dans le parc et je suis parti en courant, mais je suis tombé et je… Mes clés sont tombées dans la bouche d’égout… »

Aaron s’assit sur ses talons et commença à ranger toutes ses affaires dans son sac, triste à l’idée d’avoir perdu ses clés, mais aussi d’avoir sali ses précieux vêtements qui sortaient pourtant tout juste de la machine à laver.

« Je ne sais pas trop si on a le droit de l’ouvrir, mais il faut absolument que je récupère mes clés, je n’ai pas de double et j’ai verrouillé la porte de mon appartement en partant à la laverie tout à l’heure… Surtout que j’ai déjà causé beaucoup d’ennuis à mon propriétaire ces derniers temps, il va finir par me mettre à la porte si je lui apporte encore une mauvaise nouvelle… »

Aaron soupira profondément et passa brièvement le dos de sa main sur ses yeux, avant d’enfin prendre le temps de détailler l’homme qui l’avait si gentiment accosté. Il avait un très charmant visage et semblait vraiment très gentil. Le chaton ne remarqua même pas qu’il portait des gants, bien trop obnubilé par ces traits agréables à regarder. Il y eut d’ailleurs plusieurs secondes de flottement avant qu’Aaron redescende sur terre et cesse sa contemplation parfaitement déplacée.

« Ah ! Pardon ! Vous avez un très joli visage ! Et euh… M-Merci beaucoup d’être venu voir si tout allait bien, vous avez été le seul à ne pas me regarder bizarrement, vous êtes vraiment très gentil ! »

Le serveur essaya d’offrir son plus beau sourire à l’inconnu, ce qui eut pour résultat de lui faire faire plus une grimace qu’autre chose, puisqu’il avait encore les joues trempées et le nez qui coulait. Il esquissa d’ailleurs bien vite une petite moue montrant bien qu’il était en pleine réflexion, son regard se posant sur le sac que l’inconnu transportait.

« Dites… Je n’aimerais pas abuser de votre temps et de votre gentillesse, surtout que vous devez sans doute avoir mieux à faire mais… Est-ce que vous croyez que vous pourriez m’aider à récupérer mes clés ? Ou peut-être à rentrer chez moi ? Je… J’imagine que tout le monde ne sait pas faire ça, parce que c’est quand même un peu illégal, mais… Vous ne sauriez pas forcer une serrure par hasard ? Si jamais on ne peut pas récupérer mes clés… Ah ! Mais ne vous en faites pas ! Dans tous les cas, je vous payerai pour votre aide ! Je ne suis pas très riche, mais peut-être que je pourrais faire quelque chose en contrepartie ? Je cuisine très bien ! »

Et c’était d’ailleurs à peu près la seule chose pour laquelle Aaron était doué ! Il n’avait donc plus qu’à attendre de savoir si cet inconnu allait passer son chemin ou accepter de l’aider !