Se connaître sans vraiment se connaître |PV Sophie|

Jour de repos pour Noah. Enfin… Si tant est qu’on puisse dire que l’Américain savait se mettre sur pause cinq minutes… S’il ne travaillait pas, le pompier avait tendance à trouver tout un tas d’autres trucs à faire pour occuper sa journée. À se demander s’il n’avait pas un petit côté hyperactif…

Aujourd’hui donc, Noah avait décidé d’aller jouer au basket. Chose « surprenante » quand on savait à quel point ce sport était présent dans sa vie. En gros, si Noah ne bossait pas ou ne mangeait pas… Bien souvent, il avait un ballon entre les mains. Il avait donc quitté son appartement, son ballon sous le bras justement. Un jogging lui remontant sur les mollets et une veste de sport sur le dos, l’Américain avait ses écouteurs vissés dans ses oreilles, faisant rebondir son ballon sur le trottoir au rythme de la musique qu’il écoutait. Il n’avait pas mis le son trop fort pour ne pas complètement se couper de son environnement, parce que c’était dangereux quand même, et il faisait toujours attention à ne pas déranger les autres personnes qu’il croisait.

Puis, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, ses pas lui firent faire tout un détour. Il aurait pu tout simplement aller de son appartement au complexe sportif pour s’entraîner, mais il s’était finalement retrouvé aux alentours de la place centrale, bien plus bondée que les rues qu’il avait empruntées jusque-là. Affichant une petite moue, il remit son ballon sous son bras et laissa retomber un de ses écouteurs pour n’écouter sa musique que d’une oreille. Son regard azur glissa sur tous les gens présents autour de lui. Il faisait beau et à peu près chaud alors, forcément, les gens en profitaient pour sortir ! Qu’est-ce qui lui avait pris de passer par là ? Il n’avait plus qu’à repartir en direction du complexe sportif s’il voulait avoir le temps de s’entraîner avant que ce ne soit l’heure de prendre son goûter (parce que oui, tous les repas, même le goûter, étaient très importants) !

Et au moment où Noah grognait un peu contre lui-même, se préparant à remettre son écouteur dans son oreille pour faire demi-tour, un objet entra soudainement dans son champ de vision au niveau de ses pieds, et il dut faire une mini pirouette pour éviter de marcher dessus. Mettant quelques secondes à comprendre ce qu’il s’était passé à cause de la surprise, l’Américain remarqua qu’il s’agissait d’un porte-monnaie.

« Ah ! Mince ! »

Noah s’empressa de le ramasser et remarqua une demoiselle qui marchait un peu plus loin, juste devant lui. Aucun doute possible, ce porte-monnaie devait être le sien ! Le pompier la suivit donc alors qu’elle prenait place sur un banc, au niveau du grand parc de la place centrale. Il n’avait pas eu envie de lui courir après, mais il espérait quand même que personne n’aurait eu la fausse bonne idée d’imaginer qu’il l’avait suivie en mode stalker ou gros pervers en marchant derrière elle, attendant la meilleure opportunité pour l’arrêter sans lui faire peur.

Quand elle fut assise, Noah retira donc ses écouteurs et se planta devant elle avec son habituel sourire rayonnant, son ballon toujours sous le bras. Il tendit le porte-monnaie vers elle.

« Bonjour ! Excusez-moi de vous déranger, mais vous avez fait tomber ça, je crois. »

Leurs regards se croisèrent et Noah sentit ses yeux se plisser. C’était bizarre… Ce visage… Il avait l’impression de la connaître…

« Ah ! Je vous reconnais ! Enfin, je vous connais pas en fait, mais on se croise souvent ! Je sais pas si vous m’avez déjà vraiment remarqué mais… Moi c’est Noah ! »

Autant se présenter pour mettre un nom sur son visage, non ? Et puis, avec un peu de chance, la jeune femme se dirait que c’était une bonne idée et elle se présenterait elle aussi.

Il allait falloir revoir le bilan, car une des entrées dans les déductions à la source ne fonctionnait visiblement pas et bien entendu, le bilan n'avait pas été joint dans la documentation. C'est bien beau avec les journaux généraux, mais les bilans, c'est un des documents les plus importants! Comment avaient-ils pu oublier de joindre ce papier primordial dans la pochette? Repoussant la pile de papier devant elle, Sophie soupira en joignant les mains, les coudes sur le bureau. Appuyant son front sur ses doigts, elle se dit que c'était le bon moment de faire une pause. Repoussant sa chaise, elle ferma son ordinateur après s'être assurée que tout était bien sauvegardé. Prenant son téléphone, elle envoya un courriel à son client pour lui mentionner qu'elle passerait demain pour chercher le bilan qui avait été « malencontreusement » oublié dans la pochette. Ouvrant son armoire, elle choisit un t-shirt ajusté bleu ciel et prit une paire de leggings noire. Il semblait faire assez chaud dehors, nul besoin de s'habiller trop chaud pour aller marcher. Le gros défaut des pantalons pour femmes cependant, c'est le manque de poche. Elle prit donc son sac triangulaire qui passait en bandoulière. Ainsi, elle avait ses cartes, son porte-monnaie et une petite gourde d'eau remplie d'eau fraiche qu'elle gardait au réfrigérateur. Enfin prête, elle mit ses lunettes fumées pour contrer les rayons UV et sorties de l'appartement.

Le soleil était vif dans le ciel, mais cela l'importait peu. Se dirigeant vers la place centrale, non loin de son appartement, elle fit le tour comme à l'habitude. Elle savait exactement le temps que cela prenait pour en faire le tour, étant un des endroits où elle allait marcher le plus souvent vu sa proximité. Elle fit donc le tour, traversant les sections animées à cette heure de la journée. Chaque pas était ponctué par un souffle, régulant sa respiration. Ce n'était pas seulement une marche, mais un exercice, qui lui permettait d'aérer son cerveau. La course a pied était probablement plus efficace comme exercice, mais elle préférait la marche, moins harde sur le corps. Comme à l'habitude, elle finit par se diriger vers un banc, prenant un peu de temps assis avant de revenir vers son appartement, une pause qui lui permettait d'étirer un peu ses articulations. Levant ses bras, en joignant les mains, elle sentit les tensions se dénouer dans les épaules, puis elle fit de petites rotations des pieds dans un sens et dans l'autre. Elle était rendue au deuxième pied lorsqu'un homme arriva devant elle, se positionnant visiblement pour lui parler. Elle leva donc ses lunettes de soleil sur le dessus de sa tête. Il avait un ballon de basket entre dans une main et de l'autre lui tendait un objet qu'elle reconnu aussitôt : son porte-monnaie. Il avait été fabriqué par une artisane du cuir et elle reconnaissait la couleur des fleurs teintes sur l'objet. La réaction de surprise fit rapidement place à un sourire.

— Oh! Merci!

Se demandant bien comment il avait pu tomber, elle fit glisser son sac vers l'avant, le glissant sous son bras. La fermeture éclair avait coincé dans le tissu, laissant une petite ouverture pas très grande, mais juste assez pour qu'un petit objet, comme son porte-monnaie, puisse passer.

Le visage de l'homme lui était familier, mais elle ne savait pas d'où. Il ne lui semblait pas être un client, elle s'en serait rappelée. Par contre, l'homme fit le lien plus rapidement, et plissant les yeux, elle eut également la même réalisation. Ils se croisaient souvent pendant ses marches et ils s'étaient même salués poliment à l'occasion. Une rencontre bien étrange alors que ce petit objet permettait de faire.

— Mais oui! Alors, enchantée de faire votre connaissance, Noah, je suis Sophie.

Il était plutôt séduisant, avec des yeux bleus magnifiques. Elle ne se tannerait pas de le regarder en tout cas. Peut-être pour ça qu'elle avait garé ce physique dans un coin de sa tête. Elle réussit enfin à décoincer le zip pour y mettre son porte-monnaie et réussit à le refermer... ou presque. Il coinça encore une fois dans le tissu et ne semblait pas vouloir en sortir.

— Merde...

Son sac lui en voulait personnellement aujourd'hui, mais c'était peut-être un coup du destin... Ou pas, Sophie n'était pas du genre à croire à un truc pareil, mais si elle pouvait garder monsieur Apollon un moment de plus, qui sait peut-être se souviendra-t-il d'elle plus longtemps ensuite?

— Je crois que je vais avoir besoin de votre force, rien à faire avec cette foutue fermeture éclair.

Elle passa donc la bandoulière par-dessus sa tête, lui demande donc avec sourire s'il pouvait ainsi l'aider à nouveau.

Noah fut donc coupé dans son élan par un porte-monnaie qui venait de tomber soudainement en plein dans son champ de vision. Ayant repéré la propriétaire de ce petit objet qui avait essayé de se faire la malle, il s’en saisit sans l’ouvrir. Il était curieux, mais il savait où s’arrêter pour que ça ne devienne pas un vilain défaut. Il suivit donc la jeune femme tranquillement, attendant qu’elle s’asseye sur un banc pour l’accoster avec son habituel sourire, sourire qui ne put que s’étirer davantage en voyant qu’elle le remerciait aussi chaleureusement.

« Mais de rien ! Vous l’avez fait tomber juste devant moi, vous avez eu de la chance que je vous ai repérée ! J’aurais été obligé de le ramener à la Mairie sinon, et vous auriez sans doute été embêtée. »

La jeune femme récupéra son bien et essaya de le remettre dans son sac qui avait visiblement du mal à fermer. Noah ne bougea pas d’un pouce, occupé à expliquer à son interlocutrice que ce n’était pas la première fois qu’ils se croisaient, en profitant même pour se présenter. Il aurait pu tout simplement tourner les talons et reprendre sa marche pour quitter la place centrale mais… Il avait beaucoup trop envie d’en apprendre plus sur elle, histoire de pouvoir mettre un nom, voire plus, sur ce visage qu’il croisait presque tous les jours.

Un grand sourire étira alors les lèvres de Noah quand la demoiselle sembla se souvenir de lui.

« Ah ! Vous vous souvenez de moi alors, c’est chouette ! En tout cas, enchanté aussi de faire votre connaissance Sophie ! C’est super agréable de pouvoir mettre un prénom sur votre visage ! »

Il en fallait peu pour que l’Américain soit content ! Mais savoir qu’on le remarquait et qu’on faisait attention à lui, ça avait toujours de quoi lui réchauffer le cœur. Ça prouvait bien qu’enfin, il réussissait à se détacher de l’ombre de son frère dans laquelle il s’était trouvé pendant de longues années !

Les présentations faites, Noah allait partir pour laisser la jeune femme tranquille et reprendre son petit entraînement (déduction qu’il avait faite en voyant qu’elle s’étirait avant qu’il ne se plante devant elle), mais le « merde » qu’elle lâcha le fit se stopper dans son mouvement, l’un de ses sourcils s’arquant sous la surprise. Il allait lui demander ce qu’il se passait, mais il comprit bien vite le problème en voyant qu’elle avait du mal avec la fermeture de son sac. En voyant son sourire après sa demande d’aide, Noah ne put s’empêcher de lâcher un petit rire.

« Haha, pas de souci ! Je ne vais quand même pas vous laisser vous débrouiller si je peux vous être utile ! Alors, voyons voir cette fermeture récalcitrante… »

Noah ne demanda pas la permission à la jeune femme et prit place sur le banc, juste à côté d’elle, lui tendant la main avec un sourire, attendant qu’elle lui confie son sac. Chose faite, il afficha un air très sérieux et observa le sac sous toutes les coutures, son ballon toujours sous un de ses bras.

« Bon… J’espère que je vais pas trop faire ma brute et aggraver les choses… Au pire, je connais une mercerie qui pourra vous aider avec votre fermeture ! Alors… Ne paniquez pas hein ! »

Noah inspira profondément, sentant une grande pression peser soudainement sur ses épaules. Il déposa son ballon de basket à côté de lui et attrapa le sac de façon à pouvoir tirer sur la fermeture. Cela lui demanda d’user un peu de sa force pour enfin dégripper la fermeture et la faire glisser jusqu’à son extrémité, le tout sans tout défoncer.

« Yeah ! J’ai réussi ! Bon, le problème maintenant, ça va être de voir si vous pouvez de nouveau l’ouvrir ! Parce que si elle est vraiment grippée, vous allez finir par avoir besoin de moi à chaque fois que vous devrez l’ouvrir ou le fermer, ça serait un peu embêtant ! »

Noah lâcha un petit rire et rendit le sac à sa propriétaire, pour la laisser tester la fermeture.

« Vous vous entraîniez ? J’ai cru voir que vous étiez en train de vous étirer avant que je ne vous dérange. »

Son porte-monnaie enfin de retour au propriétaire, Sophie remercia gentiment l'homme qui avait eu la délicatesse de le lui rapporter. En prime, c'était un bel homme et elle pouvait donc profiter du moment pour l'observer. Elle avait effectivement eu de la chance, autant que son porte-monnaie lui revienne que la personne en face d'elle.

— En effet, où cela aurait pu être une autre personne qui le trouve et le garde, j'aurais été doublement embêtée.

Elle lui sourit à nouveau, avec un petit air amusé. C'était une belle journée et elle avait suffisamment réussi à s'aérer le cerveau des problèmes de comptabilité pour passer à autre chose. Ils se présentèrent, car au final, ils n'étaient pas si inconnus que ça, se croisant tous les jours. En effet, elle pourrait ainsi mieux le saluer, sachant enfin son nom. Alors qu'elle rangeait son porte-monnaie dans son sac et tentait de le fermer, elle vit que l'homme allait reprendre sa route. Elle profiterait surement de son dos tourner pour reluquer sa silhouette, mais son sac décida autrement en restant la fermeture bien coincée dans la doublure et le tissu. Sans gêne, elle profita de la présence du jeune homme pour lui demander son aide. Il accepta en riant et c'est avec un sourire qu'elle lui tendit son sac. Oui, il y avait un risque qu'il se sauve avec, mais sachant déjà son nom, son apparence et le fait qu'il venait régulièrement dans le parc, donc devant vivre pas très loin, c'était facile de décrire le prétendu voleur de sac au besoin. Elle décida de lui faire confiance et lui confia son sac alors qu'il s'assit à côté d'elle.

Il porta une attention particulière à comment le tout semblait être coincé et tenta même de la rassurer alors qu'elle n'était pas inquiète du tout. Appuyant sa tête sur sa main, son coude sur son genou, elle était donc légèrement penchée en le regardant. Il semblait si concentrer que c'était amusant à regarder et elle ne put s'empêcher de sourire.

— Pas de soucis, en même temps, ce n'est pas un sac de très grande valeur, donc au pire, j'en achèterai un autre.

Les centres de dons pouvaient facilement réparer au besoin, souvent équiper de machine à coudre et autres outils. Elle n'aimait pas se casser la tête et si parfois elle tombait sous le charme d'un nouveau vêtement ou accessoire, elle pouvait facilement se départir d'un vieux qu'elle remettait dans les friperies.

Le garçon avait réussi à déprendre la fermeture et elle lui sourit à pleine dent alors qu'il lui remit son sac. Testant la fermeture, celle-ci s'ouvrit et se ferma sans problème. Elle le repassa pardessus sa tête et un de ses bras. Elle éclata de rire lorsqu'il lui dit qu'elle aurait besoin de lui à chaque fois pour l'ouvrir ou le ferme s'il reprenait l'envie de se prendre dans la doublure.

— En effet, ça serait un peu embêtant de tenter de vous retrouver dans le parc tout les jours pour ça!

Elle commençait même à se demander si elle ne devrait pas se servir de ce prétexte pour lui demander son numéro. Sa coloc serait fière d'elle, lui rappelant que parfois, ça valait la peine de passer un peu de bon temps, même si ça ne menait à rien. Sophie n'avait pas encore succombé à la tentation depuis son arrivée en Sicile, mais c'est vrai que parfois, se faire remarquer ou jouer un peu le jeu du flirt, ce n'était pas agréable. Reste à voir jusqu’où cela la mènerait. Après tout, la vue n'était pas déplaisante et ça lui faisait maintenant un prétexte de plus pour le saluer lorsqu'ils se croisaient dans le parc.

Sa question suivante l'étonna un peu avant de reprendre son sourire. Ainsi, il avait envie de continuer à lui parler? C'était intéressant de voir qu'on pouvait être remarqué aussi. Rosalia lui avait dit qu'elle devrait se laisser les cheveux plus longs, c'était plus séduisant pour une femme, mais Sophie trouvait que c'était moins difficile d'entretien ainsi. Elle hocha la tête à l'affirmative.

— Un peu, je m’entraîne à la maison. J'ai pris l'habitude, même pour des marches, de bien m'étirer, ça aide beaucoup pour la circulation sanguine et ça dénoue les tensions créées par mon travail assis.

Il y avait tant de métiers qui nécessitaient de travailler devant un ordinateur et elle trouvait si important de bouger et de s'étirer pour ne pas rester le dos voûté ou avec de mauvaises postures. Elle pointa alors le ballon qu'il tenait à côté de lui.

— Joueur de basket? Par plaisir seul où vous êtes dans une équipe?

Elle n'était pas particulièrement fan des sports d'équipe, mais c'était intéressant de parler avec Noah. Il dégageait une belle énergie. Bon, il fallait avouer qu'elle aimait bien le regarder aussi.

Une fois assis près de Sophie, le sac de celle-ci entre les mains pour essayer de dégripper la fermeture, Noah fit une petite moue. Sa voisine lui assurait que ce n’était pas grave si jamais elle devait changer de sac. L’Américain était peut-être un peu trop sentimental en comparaison, parce qu’il était du genre à absolument tout garder. C’était par exemple le cas de son sac de sport, qu’il avait depuis de nombreuses années, mais aussi de son doudou. Bon, il ne dormait plus avec depuis longtemps maintenant, mais il n’avait jamais pu se résoudre à le jeter. Ce lapin était devenu affreusement laid avec le temps, tant et si bien qu’il ne ressemblait même plus à un lapin, mais c’était comme ça, jeter les choses, ça relevait presque de l’impossible pour Noah !

« Oh… Mais ça serait dommage d’en arriver au point de le jeter, non ? Ne vous inquiétez pas, je suis pompier dans la vie, mon boulot c’est de venir en aide aux gens, alors je viendrai aussi à votre secours ! Et je sauverai ce sac d’une mort certaine ! »

Noah esquissa un sourire amusé en tournant sa tête vers sa voisine, avant de se concentrer de nouveau sur cette fichue fermeture.

Lorsqu’il parvint enfin à la dégripper, après avoir forcé un peu quand même, il rendit le sac à sa propriétaire, histoire qu’elle puisse tester la fluidité de la fermeture et de l’ouverture. Noah sentit un sourire plus grand étirer ses lèvres et un petit soupir de soulagement s’échapper quand il vit que tout semblait être rentré dans l’ordre, Sophie repassant le sac autour de son cou. Ses mots firent d’ailleurs rire le basketteur.

« Ouais, ça serait une grosse perte de temps en plus ! Le plus simple, ça serait de carrément vous donner mon numéro pour que je puisse voler à votre secours à n’importe quel moment et où que vous soyez ! »

Et Noah était vraiment prêt à lui donner son numéro ! Même si bon, à priori, elle n’en avait plus vraiment besoin vu que son sac était réparé.

« Enfin, du coup… Si je vous le laisse, faudra trouver autre chose. J’imagine que vous n’aurez pas besoin de moi pour votre sac alors… Hum… Disons pour vous ouvrir certains pots qui sont trop durs à ouvrir ? Ça arrive souvent ça… Vous savez, comme ces emballages avec les ouvertures faciles qui sont TOUT sauf faciles ! Ou alors simplement pour se voir, ça marche aussi ! »

En général, Noah n’avait plus aucune délicatesse quand il faisait face à ce genre d’emballages, attrapant des ciseaux ou un couteau pour les éventrer et en sortir leur contenu. Mais combien de fois sa mère s’était-elle énervée sur des pots qu’elle n’arrivait pas à ouvrir ? Heureusement qu’elle avait deux garçons bien sportifs en plus de son mari ! À défaut, il y avait fort à parier que les pots auraient fini explosés sur un des murs de la maison… Sa mère avait son petit tempérament, oui, oui…

Quoi qu’il en soit, la mission de Noah était à présent terminée. Mais comme il n’était pas vraiment pressé par le temps, et que la compagnie de Sophie était agréable, il décida donc de rester assis sur ce banc à côté d’elle, relançant la conversation en lui posant quelques questions. Autant essayer d’apprendre à la connaître un peu plus ! Peut-être qu’ils se découvriraient quelques points communs !

« Vous avez bien raison ! C’est important de rester en forme en s’entretenant au moins un peu physiquement ! Vous faites surtout de la marche alors ? Et qu’est-ce que vous faites dans la vie ? Vous travaillez dans un bureau ? »

Noah était du genre curieux, mais bien loin de toute forme de curiosité malsaine. En général, quand il s’intéressait à quelqu’un, c’était parce qu’il sentait qu’il y avait un bon feeling entre cette personne et lui. Et puis, de toute façon, Sophie semblait elle aussi un peu curieuse d’en apprendre plus au sujet de son voisin sportif. Un grand sourire étira d’ailleurs les lèvres de Noah quand elle lui parla du basket. Avec son boulot, c’était sans aucun doute sa plus grande passion dans la vie ! Bon, il y avait aussi sa famille et la nourriture, mais le basket était quelque chose qui lui tenait vraiment énormément à cœur !

« Oui ! Au départ, je voulais devenir joueur professionnel, j’en fais depuis tout petit avec mon grand-frère et mon père, mais finalement, j’ai changé d’avis et j’ai un peu relégué le basket au rang de simple loisir, même si c’est un loisir qui me prend énormément de temps en fait… Du coup, j’suis dans l’équipe de Banchisa, on fait quelques matchs parfois et on fait partie d’une petite ligue, mais on est bien loin des matchs nationaux ou professionnels ! On est juste des amateurs ! »

Même si Noah avait clairement le niveau d’un pro… Mais il ne regrettait pas une seconde d’avoir choisi de devenir pompier ! Après tout, il était assez compliqué de devenir joueur professionnel, même si on était doué ! Il fallait trouver la bonne opportunité et, avec son pouvoir tout pourri… ça aurait quand même été super compliqué !

« Vous vous y connaissez un peu en basket ? »

Sophie observait le jeune homme qui se débattait avec la fermeture éclair de son sac. Il était vraiment craquant. Un bel homme, aimable, aidant, il avait déjà plusieurs qualités sous un premier angle. Peut-être qu'il avait un terrible défaut, comme être déjà en couple ou avoir mauvaise haleine, quoique pour l'instant, elle ne percevait pas d'odeur étrange. Il sembla même attristé lorsqu'elle proposa de se débarrasser du sac. Elle éclata de rire à son commentaire.

— Oh, non, ne vous inquiétez pas! J'ai l'habitude de remettre aux boutiques de seconde main mes articles lorsque je me lasse ou qu'ils sont trop brisés pour moi. Je n'ai aucun talent de couture donc souvent, je vais les porter dans des lieux où je sais qu'ils peuvent réparer facilement à faible coût et comme ça, ça leur donne une deuxième vie.

Elle apprit cependant qu'il était pompier. Ainsi donc, il était du genre à donner de sa personne. C'était très honorable comme métier même. Ça expliquait aussi sa bonne forme physique. Elle eut une mine faussement sérieuse.

— En effet, vous devriez tout mettre en oeuvre pour ce sac alors. Il en va de votre honneur de pompier!

Elle lui fit un très grand sourire. C'était reposant de pouvoir parler de tout et rien avec quelqu'un. Cela faisait longtemps qu'en dehors des conversations avec sa meilleure amie, elle n'avait que des conversations sur la comptabilité avec des clients. Le sac enfin réparé, elle testa une dernière fois la fermeture et puisque tout était bon, elle le remit en bandoulière. Elle lança à la blague de devoir le retrouver tous les jours dans le parc et il trouva l'idée bien drôle. En fait, il lui proposa même de lui donner son numéro de téléphone. Sophie pour un peu faillit ne pas le lui demander. Puis elle se dit que si elle racontait à sa coloc qu'elle avait rencontrer un beau garçon, qu'elle croisait tous les jours, qu'il l'avait aidé avec son sac, était pompier et d'une grande gentillesse, mais qu'elle n'avait pas pris son numéro, elle lui ferait une de ses scènes qu'elle en entendrait parlé pendant des semaines. Bon, si elle lui dit qu'elle a le numéro, probablement aussi qu'elle lui en parlerait des semaines.

— Mais vous semblez être un homme rempli de ressources! Qui sait, peut-être même pour changer les piles dans le détecteur de fumée? Avoir un si bon contact est toujours très utile.

Est-ce qu'il allait vraiment lui donner son numéro? Pendant un instant, elle n'eut plus l'impression d'être une adulte, mais d'être redevenue une adolescente. Tout cela dépassait la normalité. Dire qu'elle avait tout quitté une fois, est-ce que cela pourrait recommencer sur de meilleures bases? Il faudrait vraiment qu'elle en parle à Rosalia.

Bien qu'il avait accompli sa tâche avec succès, il restait assis, près d'elle, continuant à parler. En vrai, Sophie trouvait sa présence agréable et ne regrettait nullement sa décision de rester plus longtemps. Ils discutèrent alors d'exercices.

— Oui, surtout la marche, ça a le mérite de ne coûter qu'une bonne paire d'espadrilles. J'ai essayé la course, mais je trouvais ça trop difficile pour les genoux.

Oui, elle était douillette, et alors? Chacun ses goûts et au moins, elle bougeait.

— Je suis comptable à mon compte, du coup, je travaille de la maison. Ça me permet d'avoir mon propre horaire et de pouvoir aussi profiter des belles journées dehors pour marcher.

C'était peut-être moins glorieux comme emploi que pompier, mais c'était un métier nécessaire dans la vie et aucune entreprise digne de ce nom ne pourrait fonctionner dans un service de comptabilité. Entre les paies, les factures, les paiements, il y avait mille et une transactions, qui se devait de passer entre les mains qu'une personne en comptabilité. Elle ne manquait pas d'ouvrage, ayant des périodes plus calmes et d'autres plus occupé bien évidemment, mais elle appréciait ce rythme assez libre.

Aussi curieuse que lui sur sa personne, elle lui demanda alors s'il était amateur ou professionnel dans le basketball. Puisqu'il lui avait dit être pompier, elle se doutait qu'il en faisait plus par plaisir, mais qui sait s'il n'avait pas une double carrière? Il lui raconta son parcours et elle fut très impressionnée de lui. C'était visiblement une passion pour lui et ça se ressentait dans ses paroles. Il souriait tout en parlant et c'était assez contagieux qu'elle-même sourît en l'écoutant. Il avait vraiment un beau sourire. Il lui demanda si elle s'y connaissait et elle secoua la tête.

— Pas du tout... Enfin, je connais les règles et la base, mais ça remonte à très loin, quand j'étais à l'école. Mais j'avoue que là, je suis plutôt curieuse de voir un match...

Elle lui fit un clin d'oeil amusé. En effet, le voir en maillot devrait être un spectacle assez intéressant à voir. Bon, elle ne ferait pas que le regarder, question d'avoir une conversation intelligente ensuite, elle s'assurait de suivre le match, mais ça serait un petit plus.

Noah était un peu soulagé d’entendre que sa voisine n’était pas du genre à acheter des choses et à s’en débarrasser une fois lassée en les jetant à la poubelle. L’Américain avait grandi dans le luxe, ses parents ayant toujours eu de bons salaires à ramener à la maison, mais même s’ils n’avaient jamais manqué de rien, sa mère, qui venait d’une famille modeste, avait toujours appris à ses enfants que le gaspillage, c’était mal. Il n’aurait certainement pas jugé Sophie si elle lui avait dit qu’elle comptait le jeter, mais il aurait quand même trouvé ça dommage de se séparer d’un sac simplement parce que sa fermeture avait quelques soucis. C’était un peu comme les gens en fait… Certains avaient souvent tendance à se séparer de personnes avec qui ils étaient pourtant proches pour des raisons qui pouvaient parfois se révéler futiles… Noah ne comprenait pas ces gens. Lui, quand il aimait quelqu’un, c’était pour la vie ! On faisait difficilement plus passionnel !

Quoi qu’il en soit, puisqu’il en allait de son honneur de pompier, l’Américain parvint à réparer le sac de la jeune femme avant de le lui rendre. La conversation se fit plus légère, voire taquine, quand il fut question que Noah laisse son numéro à sa voisine. Aux mots de celle-ci, le brun ne put s’empêcher de rire franchement.

« C’est vrai ! Surtout que c’est super important d’avoir un détecteur de fumée en bon état de marche ! Ça évite des drames ! Et puis, à choisir, je préfère quand même venir chez vous pour changer des piles, que venir pendant mes heures de boulot avec toute ma brigade parce qu’il sera arrivé un truc à votre appartement ! Vous avez de quoi noter ? Que je vous donne mon numéro ! »

Okay… Noah ne s’en était même pas rendu compte sur le coup mais… Sophie ne venait-elle pas de carrément laisser sous-entendre qu’elle pourrait l’appeler pour qu’il vienne chez elle ? Bouaf, pour le moment, l’Américain n’était concentré que sur son numéro qu’il allait lui donner, espérant qu’il n’allait pas se tromper. C’était toujours comme ça, vous connaissez votre numéro par cœur, et juste quand on finissait par vous le demander, c’était le trou noir total !

Quoi qu’il en soit, même si le sac était à présent réparé, Noah n’avait pas décollé ses fesses du banc. Il faisait bon ici, au soleil, et ça faisait quand même un bien fou de se poser 5 minutes pour discuter un peu. Surtout que la conversation avec Sophie se poursuivait et que le courant passait bien ! En même temps, avec un caractère comme celui de Noah, il était difficile de réussir à faire en sorte que le courant ne passe pas !

« Wow, comptable, carrément ! J’dois avouer que j’vous admire ! J’ai toujours été super nul en maths ! Les chiffres, je crois que c’est vraiment pas fait pour moi ! Enfin, je dis ça, mais je crois que la plupart des matières n’étaient pas faites pour moi, j’ai toujours préféré être à l’extérieur plutôt qu’assis derrière un bureau dans une salle de classe ! Ça fait longtemps que vous faites ça ? Ça doit être cool en tout cas de pouvoir se gérer soi-même au niveau de l’agenda ! Même si j’avoue que je ne serais sans doute pas capable de m’imposer suffisamment de discipline pour ne pas être tenté de faire tout sauf bosser si je devais le faire de chez moi ! Vous ne vous sentez pas trop seule ? »

Les tentations étaient grandes quand on travaillait à la maison ! Mais ce qui manquerait le plus à Noah, ce serait sans aucun doute le contact avec les gens. En travaillant chez soi, on avait quand même bien moins d’interactions sociales ! Et pour quelqu’un d’aussi extraverti que l’Américain, c’était juste impensable de passer une journée sans parler à qui que ce soit ! Il finirait par faire une dépression sinon !

La discussion dévia ensuite sur le basket, un sujet qui passionnait un peu trop Noah qui ne put contenir son enthousiasme en parlant avec Sophie de ce sport qu’il affectionnait tant. Alors, forcément, quand la jeune femme évoqua l’idée d’aller voir un match, l’Américain sentit son sourire s’étirer davantage alors que ses yeux se mettaient presque à pétiller.

« Vraiment ? Ça vous intéresserait ? Non, parce que sinon, je joue le week-end prochain alors, si ça vous dit, vous pourrez venir assister au match ! Ça me ferait plaisir de savoir que j’ai une supportrice dans les gradins ! »

Noah lui fit un petit clin d’œil et reprit son ballon entre ses mains pour en caresser le cuir. C’était sans doute idiot, mais le fait de savoir que Sophie allait sans doute venir le voir jouer… Ça le rendait vraiment beaucoup trop impatient de se retrouver sur le terrain pour en découdre !

« Enfin, en tout cas, si jamais vous avez envie de redécouvrir un peu le basket, n’hésitez surtout pas ! Il paraît que j’suis un plutôt bon prof ! »

Si Sophie avait un léger côté superficiel, elle n'était pas du tout d'accord avec le gaspillage. Plutôt, elle savait que plusieurs personnes pourraient réutiliser ce qui ne lui plaisait plus et elle aimait cette idée de donner une deuxième vie à ses effets. Bien sûr, il y avait quand même certains objets qui avaient une valeur sentimentale pour elle, comme son petit porte-monnaie que lui avait rapporté Noah. Disons alors qu'elle était surtout une personne sélective.

Elle lança à la blague qu'il pourrait venir vérifier les piles disons détectrices de fumée. Elle n'avait même pas pensé sur le coup que c'était carrément une invitation à venir chez elle. Ça lui avait paru si naturel d'associer pompier et détecteur de fumée que le reste lui avait passé six pieds au-dessus de la tête. Elle sourit en le voyant rire. Il avait vraiment un beau sourire et ses yeux brillaient de malice. C'était un beau spectacle à voir. Elle faillit répliquer quelque chose lorsqu'il mentionna préférer venir seul chez elle plutôt qu'avec tous les autres pompiers. Cela aurait pu mettre de quoi la rendre elle-même mal à l'aise et profita plutôt du fait qu'il lui demanda si elle avait de quoi noter. Acquiesçant, elle ouvrit la petite pochette avant de son sac pour sortir un calepin et crayon. Elle avait toujours ça sur elle, parfait pour noter les courses ou un détail qu'elle pourrait oublier rendu à la maison. Sophie lui tend les deux, préférant qu'il le note lui même, évitant les erreurs de compréhension orale.

— Voilà!

Est-ce qu'elle oserait l'appeler? Elle n'en était même pas certaine. Toute cette rencontre était déjà au-delà de l'ordinaire. Elle ne pourrait certainement pas le cacher à son amie cette rencontre et ne serait pas surprise que celle-ci se planque devant elle en lui disant qu'elle ne bougerait pas tant qu'elle ne lui envoie pas un message. Enfin, seul l'avenir nous dira ce qu'il en est.

Elle lui raconta être comptable et sa réaction attira d'abord un effet de surprise sur son visage avant d'éclater de rire. Elle n’avait vraiment pas l'impression d'être un métier aussi prestigieux que lui-même avait.

— Pour tout vous avouer, je n'ai pas du tout de grandes compétences mathématiques, mais comme tout doit être calculé et recalculé en utilisant des programmes, c'est surtout de s'assurer de rentrer les données aux bons endroits, sinon c'est la galère.

Elle glissa une main dans ses cheveux. Ils étaient un peu mouillés par la chaleur.

— Mais c'est vrai que ça demande d'être très bien discipliné pour travailler à la maison et avoir son propre horaire, mais je suis bien organisée et ça me plait.

C'était l'essentiel d'être confortable dans son travail. Sa question à savoir si elle ne se sentait pas trop seule lui fit plus réfléchir.

— Hmm, je dois quand même contacter régulièrement mes clients pour les papiers et informations. Puis je fais une tournée dans leurs bureaux ou commerces pour récolter la paperasse. Dans le fond, c'est du service à la clientèle comme une boutique, sauf que c'est moi qui me déplace au lieu du client.

Et comme tout bon service à la clientèle, il y a toujours des cons pour bousiller sa journée, ce qui lui fit rappeler pourquoi elle était sortie prendre une marche à ce moment précis de la journée. Au moins, cela lui avait permis de faire une rencontre agréable.

— Par contre, ça me permet aussi de bien me concentrer lorsque je suis seule. Je peux mettre la musique qui me plait et personne ne vient parler trop fort à côté de mon bureau.

Aussi sociable qu'elle pouvait l'être, Sophie aimait bien être dans sa bulle aussi. Elle savait que ça ne correspondait pas à tout le monde comme travail non plus. Puis, elle eut une idée. Alors qu'elle remettait son crayon et calepin dans son sac, elle sortit une carte professionnelle sur lequel son nom, numéro de téléphone et courriel se trouvait.

— Si jamais, ça peut toujours être utile.

Elle lui fit un clin d'oeil en lui tendant sa carte. Elle était élégante et simple tout à la fois. Si elle n'avait pas le courage de l'appeler, peut-être que lui l'aurait? Au pire, ils pourraient toujours se recroiser lors des marches dans le parc.

Changeant de sujet, Sophie tourna la balle, ou plutôt le ballon, dans le camp du jeune homme. Ainsi, il était bon joueur et membre de l'équipe de basketball de la ville. Visiblement, c'était un sujet qui le passionnait et Sophie ne put s'empêcher de sourire en le regardant. Sa joie était contagieuse. Il l'invita même à venir le voir jouer la fin de semaine prochaine.

— Pourquoi pas? Je ne sais pas si je suis une bonne admiratrice, mais je suis certaine d'être divertie en tout cas!

Surtout que là, elle l'imaginait avec juste en top sans manche et en short et devenait de plus en plus intéressée au sport... Voyons, il fallait reprendre ses esprits! Elle secoua justement la tête.

— Oh! Je n'étais déjà pas très douée à l'époque à l'école, je doute que je sois mieux maintenant. Je vais m'en tenir à la marche, pour le sport!

Elle lui fit cependant un grand sourire.

Noah attrapa le carnet et le crayon en gardant sa mine enjouée, s’empressant d’y noter son numéro de portable, accompagné de l’indication « Noah Evans, pompier et homme à tout faire, pour réparer vos fermetures de sacs ou même changer les piles de vos détecteurs de fumée ! ». Pouffant un peu à sa propre connerie, il referma le carnet et rendit ses biens à Sophie.

« Et voilà ! N’hésitez pas à m’appeler au besoin ! »

L’éventuelle suite de leur relation était donc entre les mains de cette charmante comptable ! Noah avait assez peu de temps libre en réalité, mais il se connaissait : si jamais la demoiselle l’appelait, que ce soit pour un service ou simplement pour se voir à nouveau, il trouverait un moyen d’aller à sa rencontre, quitte à faire un peu moins de basket ou décaler un rendez-vous avec ses amis ou sa famille. Après tout, vu comme le courant passait bien entre eux, ça serait quand même dommage de ne pas se donner une chance de développer un peu plus qu’une simple relation de connaissances !

Le rire de Sophie ne fit qu’étirer davantage le sourire de Noah qui écouta attentivement tout ce qu’elle lui racontait. Il ne put d’ailleurs pas retenir une petite moue d’apparaître sur son visage. Il comprenait bien tous les avantages que ça pouvait avoir de travailler de chez soi, mais ce n’était clairement pas un mode de vie qui pourrait lui convenir ! Pour lui, il fallait que ça bouge, beaucoup et tout le temps !

« Je vois ! En tout cas, j’reste vraiment admiratif ! Et puis, le plus important, c’est effectivement de faire un boulot qui vous plaît ! C’est assez rare de nos jours, alors ne lâchez surtout pas l’affaire ! En tout cas, c’est vrai que ça vous permet de travailler comme vous voulez sans avoir à composer avec des collègues relous, mais vous n’êtes pas tentée de travailler un peu plus ? Je veux dire, comme votre maison est aussi votre lieu de travail, vous arrivez à déconnecter ? »

Et alors que Noah attendait la suite de la réponse de Sophie, celle-ci sortit une carte professionnelle de son sac pour la lui tendre. Un peu surpris, l’Américain l’attrapa machinalement et la regarda avec son air étonné, avant de pouffer.

« Bon eh bien… Moi aussi j’ai votre numéro maintenant ! Ah, euh… C’est votre téléphone professionnel ou personnel ? Que je sache si je dois m’en servir uniquement pour demander vos services ou alors aussi pour vous inviter à aller boire un verre un de ces jours ! »

Noah lui fit un petit clin d’œil, glissant la carte dans une de ses poches afin de ne pas risquer de la perdre sur le chemin du retour.

Et, en tout cas, à parler de basket et en sachant que Sophie acceptait de venir le voir jouer lors de son prochain match, il était tout bonnement impossible pour Noah de perdre son sourire !

« Oh, ne vous en faites pas ! Le simple fait que vous soyez là me fera plaisir ! Et puis, j’imagine qu’il y aura aussi quelques amis à moi et membres de ma famille et… Je pense que vous les repèrerez aussitôt, ils ne sont pas vraiment du genre discrets… »

Noah sentit son sourire se faire plus doux alors qu’il se frottait la nuque et relevait son regard azur vers le ciel. Non, si ses connaissances venaient, nul doute qu’on entendrait qu’eux dans la salle !

« En tout cas, si jamais vous venez, prévenez-moi ! J’essaierai de vous réserver une place d’où vous pourrez bien voir tout ce qu’il se passe sur le terrain et où on ne vous embêtera pas trop ! C’est un match pour une petite compétition, mais il peut y avoir certains supporters… un peu trop à fond dedans. »

Noah tourna son visage souriant et doux vers la jeune femme, ayant déjà hâte d’être à ce match, encore plus maintenant qu’il savait qu’il aurait une nouvelle supportrice.

« Haha, pas de soucis ! D’ailleurs, peut-être que vous voulez reprendre votre marche ? Vous voulez que je vous accompagne sur un petit bout de chemin ? Je crois qu’il y a des gens qui voudraient nous voler notre banc. »

Noah afficha un sourire amusé et pointa discrètement du doigt un couple qui n’arrêtait pas de regarder dans leur direction depuis quelques minutes, guettant sans doute le moment où ils libèreraient leur place.

Sophie avait tendu un calepin et un crayon à ce bel homme qui partageait un moment avec elle après avoir sauvé son porte-monnaie. Il ria un peu avant de lui remettre son calepin. Fort probable qu'elle-même éclate de rire en relisant ce qu'il avait écrit lorsqu'elle arriverait à la maison. Surtout que cela risque d'attirer d'autant plus les commentaires de sa coloc qui la forcerait absolument à ajouter le nom et numéro dans son cellulaire. Reste à savoir si elle oserait l'appeler, ça, c'était autre chose. Elle lui fit tout de même un grand sourire.

— Mais, absolument!

Elle se demandait aussi, si elle l'appelait, allait-il vraiment la rencontrer? Tout plein de questions pour une personne qui n'avait plus l'habitude de flirter depuis tant d'années. Cependant, le fait de parvenir à parler d'une chose et d'autres était tout de même rafraichissant pour la jeune femme et c'était tout de même flatteur d'avoir une personne qui était respectueuse, mais dragueur tout à la fois. Ils parlèrent du travail à la maison versus se rendre sur un lieu de travail et avait visiblement des idées différentes sur le sujet.

— Ah! Ça! Le secret, c'est de sortir plus souvent pour les loisirs! En plus, vu que j'habite dans le centre-ville, je suis proche de tout, donc j'ai l'embarras du choix pour les restaurants, les bars, ou autres.

Ça, pour être proche, elle l'était. Sans se rendre compte, elle venait de lui glisser une information sur son domicile, indiquant qu'elle résidait quand même proche de parc. En même temps, vu la quantité de personnes qui habitait dans le centre-ville, bonne chance pour tomber directement sur le bon appartement!

— Et puis, quand mon ordinateur est fermé, je suis hors service pour le travail.

Même si parfois, elle pouvait avoir des appels de clients sur son téléphone, c'est plus difficile de répondre lorsqu'on n'a pas les documents face à soi. Justement, après lui avoir remis sa carte, il lui demanda si c'était son numéro personnel ou professionnel. Elle éclata de rire.

— Les deux! En général, je change la sonnerie des numéros qui sont enregistrés. J'ai une sonnerie pour les clients, une pour les amis et la famille et une par défaut pour les appels non enregistrés. Comme ça, je n'ai pas besoin de regarder mon cellulaire à chaque fois que je reçois un appel.

C'était le système qui lui avait paru le plus simple à appliquer sans avoir une deuxième ligne téléphonique. Il y avait un téléphone dans l'appartement, mais en dehors des appels pour se faire livrer une commande, c'était peu pratique, car autant elle que Rosalia avaient leur propre téléphone cellulaire.

Ils parlèrent alors du basketball qui semblait la grande passion du jeune homme. C'était beau à voir l'air qu'il prenait lorsqu'il en parlait, c'était visiblement un sujet qui le touchait. Elle lui souriait, tout d'un coup curieuse de voir ce qu'il pouvait avoir l'air dans un match de basketball.

— Eh bien, je crois bien que justement, ça me fera une sortie de plus à l'extérieur de chez moi! J'emmènerai ma coloc alors, ça vous fera deux supporters de plus!

Rosalia et elle faisaient plusieurs sorties ensemble, dans tous les styles. Le simple fait d'être ensemble était déjà suffisant pour profiter du temps, peu importait la raison de la sortie. Elle lui avait fait découvrir le monde sous un nouveau jour et ainsi, elle pouvait vivre un nouveau départ après tout ce qui s'était passé. Lorsqu'il pointa discrètement le couple qui attendait avidement que le banc se libère, Sophie eut du mal à ne pas éclater de rire. Elle répondit donc, sous un air de confidence.

— En effet, ça serait dommage de les priver du banc, ils semblent beaucoup y tenir!

Elle se leva alors, étirant ses deux bras vers le ciel. Vérifiant une dernière fois son sac que la fermeture éclaire était bien fermé et fonctionnel, Sophie fit un beau sourire au jeune homme.

— C'est avec plaisir, j'allais dans cette direction, on pourra continuer à parler alors.

Continuant donc à parler en se dirigeant vers la sortie du parc, Sophie fut toute remplie d'une énergie nouvelle après sa marche cette fois-ci. Peut-être bien qu'elle irait à ce match de basket, qui sait. Chose certaine, elle allait en entendre parler pendant des jours sitôt qu'elle en glisserait un mot à sa coloc.

« Parfait ! C’est pratique de vivre près de tout ! En tout cas, j’espère que vous ne vous surmenez pas trop et que vous prenez bien le temps de souffler avec vos loisirs ! On a qu’une vie après tout, il faut en profiter au maximum ! »

Noah lui offrit un grand sourire et un petit clin d’œil, se disant qu’il aurait bien voulu en savoir plus sur les autres loisirs de Sophie, mais il connaissait déjà son affection pour la marche à pied et il se disait qu’il aurait sans doute d’autres occasions pour en apprendre plus sur cette comptable dévouée ! Après tout, ils avaient échangé leurs numéros, ça serait dommage de s’arrêter en si bon chemin, surtout quand on voyait à quel point le courant passait bien entre eux !

« Oh, c’est super pratique ça ! J’ai jamais pensé à faire ça ! Bon, en vrai, je savais même pas que c’était possible, j’suis pas trop porté sur toutes les fonctionnalités technologiques que peut avoir mon téléphone, je m’en sers surtout pour appeler et envoyer des messages ! Et faire quelques jeux aussi… Mais, du coup, vous allez me ranger dans quelle catégorie ? Parce que je vais être enregistré et je ne suis pas un client… »

Noah sentit son sourire se faire plus taquin, alors qu’il perdait son regard dans celui de la jeune femme assise à côté de lui sur le banc, ayant même rapproché un peu son visage du sien.

Mais la conversation dériva ensuite sur le basket, sujet qui passionnait tout particulièrement Noah et qui chassa cet air taquin pour laisser place à un visage beaucoup plus heureux. On aurait vraiment dit un gosse devant ses cadeaux de Noël tant il avait le sourire jusqu’aux oreilles rien qu’en en parlant !

« Oh, super ! Avec plaisir ! Je me donnerai donc deux fois plus à fond pour ne pas vous décevoir ! »

Noah pouffa un peu et se rapprocha de nouveau de Sophie pour lui indiquer que des personnes semblaient attendre leur tour pour s’assoir sur le banc où ils se trouvaient. L’Américain laissa la jeune femme s’étirer et se lever, puis il fit de même en récupérant son ballon, faisant quelques rebonds sur le sol avant de le coincer sous son bras.

Ce fut avec un nouveau sourire radieux qu’il commença à marcher aux côtés de Sophie jusqu’à la sortie du parc. Ils purent continuer à discuter un peu, jusqu’à ce que leurs chemins ne finissent par se séparer. Noah lui fit un grand signe de la main quand il se retourna entre deux rebonds.

« On se revoit très vite alors ! Portez-vous bien d’ici là, vous et votre détecteur de fumée ! »

Lâchant un dernier petit rire, Noah tourna définitivement les talons, continuant à dribler sur le trottoir en esquivant les gens qui circulaient autour de lui. Un sourire aux lèvres, l’Américain se dit que cette rencontre avait, une nouvelle fois, était très agréable. Vivement la prochaine !